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Le Dévonien |
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Le Dévonien Moyen
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avec le concours de Frédéric Boulvain (ULG), Léon Dejonghe (ULB), Johan Yans (UNamur) et Alain Préat (ULB)
Qu'ils soient remerciés pour leurs conseils éclairés, leurs suggestions de visites sur le terrain, les lieux de prospections intéressants et la mise à ma disposition de certaines publications spécifiques.Plan de la page
Situation du Dévonien dans l'échelle géologique
Géologie du Dévonien
Introduction
Chronologie des formations et histoire de la région
Les tenants et les aboutissants : avant le Dévonien...
Les premières communautés terrestres : des écosystèmes dynamiquesLe Dévonien...
Un passé mal connuLa grande extinction qui marque la fin de l'Ordovicien
Conclusion
Les ancêtres des Embryophytes
La première communauté complexe et bien documentée : Rhynie
Le Silurien
Introduction à la GéologieLe Dévonien Inférieur
Le LochkovienLe Dévonien Moyen
Le Praguien
L'Emsien
L'EifelienLe Dévonien Supérieur
Le Givetien
Le FrasnienL'explosion des végétaux
Le Famennien
L'avènement de la vie terrestre
La fin du Dévonien
Une approche du monde végétal.De l'arbre à la forêt : Influence d'une innovation végétale dévonienne sur les interactions biosphère / atmosphère / hydrosphère.
La photosynthèse.Les tendances évolutives des végétaux.
La différenciation des végétaux.
Qu'est-ce qu'un arbre?
Le temps des bactéries et des algues.
La conquête des terres émergées.
Les conséquences de l'implantation des végétaux
Les plantes pionnières, cause de la glaciation ordovicienne ?
La diversification du monde végétal au Dévonien.L'apparition des herbivores et leur influence sur l'évolution des écosystèmes.
Les premiers arbres
Le développement des forêts modifie la planète.
Les forêts du Dévonien supérieur au Permien.
Le temps des fougères
Quelques rappels sur le fonctionnement des écosystèmes.
Les arthropodes herbivores : apparition et impact sur la dynamique des écosystèmes
Les premiers vertébrés herbivores apparaissent dans différents groupes.
Bilan sur l’évolution des interactions animaux / végétaux.
Le temps des Gymnospermes.
Conclusion.
Situation du dévonien dans l'échelle géologique
Le Dévonien constitue une période de transition entre les deux grands cycles orogéniques calédonien et hercynien. Sur le plan paléontologique, rappelons que le Dévonien correspond à un tournant fondamental de l'évolution de la vie : la conquête du monde continental.
Voici ci-dessous la situation du dévonien dans l'échelle géologique. Avant de s'intéresser proprement dit au Dévonien, il serait intéressant de situer cette période dans l'échelle géologique afin d'en avoir une idée générale.
Millions
d'annéesEonothème Erathème
Système
Epoque
Etage
Principaux évènements
N° 0,0012
PHANEROZOIQUE
Quaternaire supérieur
Holocène supérieur
Néolithique
Début de l'âge du fer
12500 0,0015
Installation de civilisation proto-celtes en Gaule
12400 0,0016
Début de l'âge du bronze
12300 0,0018
Installation les Ligures en Europe Occidentale
12200 0,0025
Début de l'âge du cuivre
12100 0,0075
Sédentarisation
apparition de l'élevage, de l'agriculture, de la poterie, du tissage et des premiers mégalithes
12000 0,015
Mésolithique
11900 0,020
Holocène inférieur
Paléolithique
Fin de la glaciation de Würm
11800 0,025
Disparition de l'homme de Neandertal
11700 0,035
Début de la civilisation Moustérienne du Châtel
11600 0,04
Arrivée de l'Homo Sapiens en Europe
11500 0,05
Apparition des premières peintures rupestres
11400 0,07
Début de la civilisation Moustérienne
11300 0,08
Début de la glaciation de Würm
Premières sépultures
11200 0,13
Fin de la glaciation de Riss
11200 0,30
Début de la glaciation de Riss
11100 0,20
Apparition des premiers Homo Sapiens
11000 0,40
Début de la glaciation de Mindel, domestication du feu
10900 0,65
Début de la période interglaciaire Günz-Mindel
10800 0,80
Quaternaire inférieur
Pléistocène
Supérieur
Apparition des premiers Hommes de Neandertal en Espagne (Atapuerca)
10700 0,95
Début du pré-paléolithique
Début de la glaciation de Günz
10600 1,2
Apparition de l'Homo Erectus dans le Sud de la France
Disparition de l'Australopithecus Robustus
10500 1,3
Disparition de l'Homo Habilis
10400 1,6
Inférieur
Apparition de l'Homo Erectus
10300 1,8
Première présence d'outils (galets) en France en Haute-Loire
Apparition des premiers outils symétriques (bifaces) près du lac Turkana
10200 2
Première présence de l'Australopithecus Robustus
10100 2,5
CENOZOIQUE
(Tertiaire)
Néogène
Pliocène
Gélacien
Apparition de l'Homo Habilis et des premiers outils
10000
3
Première présence de l'Australopithecus Africanus
3,18
Présence de l'Australopithecus Afarensis (Lucy) près de Hadar
3,5
Plaisancien Empreintes de préhumains près de Laetoli
9900 3,7
Première présence de l'Australopithecus Afarensis près de Laetoli
4
Zancléen
Apparition de l'Australopithecus Anamensis
9800 4,4
Présence de l'Australipothecus Ramidus dans la vallée de Lawash
5,5
Miocène
Messinien
Présence d'Australopithèques près du Lac Turkana
9700 6
Premiers Australopithèques près de Lothagam
Millenium Ancestor, ancêtre probable de l'homme moderne
8
Tortonien
Séparation de la lignée des Primates et de Hominidés, début de l'East Side Story
9600 15
Serravalien
Apparition du Kenyapithèque
9500 20
Langhien
Apparition du Proconsul
9400 22
Burdigalien
Séparation de l'Australie de l'Antarctique
9300 23
Aquitanien
9200 29
Paléogène
Oligocène
Chattien
9100 35
Rupélien
Apparition des Rhinocéridés
9000 37
Eocène
Priabonien
8900 42 Bartonien 8800 49
Lutétien
Cerithium giganteum
8700 56
Yprésien
Apparition des premiers Primates
Explosion des Mammifères
8600 60
Paléocène
Thanétien
Epanouissement des Mammifères
Apparition des Insectivores
8500 64
Dano-Montien
Explosion des plantes à fleurs
8400 65
MESOZOIQUE
(Secondaire)
Crétacé
Supérieur
Maastrichtien
Chute d'une météorite géante
Fin des
Dinosauriens
et
des AmmonitesApparition des Primates
Formation de l'Atlantique Nord
Apparition des premières plantes à fleurs
8300 72
Campanien
8200 83
Santonien
8100 85
Coniacien
8000 88
Turonien
7900 95
Cénomanien
7800 107
Inférieur
Albien
Formation
de l'Atlantique Sud
Apparition des oiseaux et marsupiaux
7700 110
Aptien
7600 112
Barrémien
7500 114
Hauterivien
7400 119
Valanginien
7300 125
Berriasien
7200 130
Jurassique
Malm
Portlandien
Explosion des ammonites
7100 140
Kimméridgien
7000 145
Oxfordien
6900
150
Dogger
Callovien
6800 160
Bathonien
6700 167
Bajocien
6600 176
Aalénien
6500 181
Lias
Toarcien
Apparition de la famille des palmiers
Apparition des dinosaures aériens et marins
6400 188
Pliensbachien
6300 195
Sinémurien
6200 204
Hettangien
6100
212
Trias
Réthien Fin de la Pangée
Premiers Mammifères
6000 220
Norien
5900 230
Carnien 5800 235
Ladinien 5700
240
Anisien 5600 245
Scythien 5500 250
PALEOZOÏQUE
(Primaire)
Permien
Supérieur Thuringien
Premiers Dinosaures
5400 270
Inférieur Saxonien
Glaciation 5ème extinction massive des végétaux et des animaux
5300 290
Autunien
Conifères
5200 300
Carbonifère
Silésien
(Houiller)
Stéphanien
Reptiles
5100 310
Westphalien
Fougères arborescentes
5000 320
Namurien
Insectes
4900 340
Dinantien Viséen
Amphibiens
4800 360
Tournaisien
Fougères
Poissons
osseux4700 367
Dévonien
Supérieur
Famennien
Plantes
terrestresPremiers tétrapodes
4600 375
Frasnien
Glaciation
4ème extinction
Premières ammonites
4500 378
Moyen Givetien
Stringocephalus burtuni
4400 382
Eifelien
Calceola sandalina
4300 385
Inférieur Emsien
4200 387
Praguien
Paraspirifer cultrijugatus
4100 390
Lochkovien
Chlorodictum problematicyum
4000 410
Pridolien
Schistes Bigarrés d'Oignies et de Saint Hubert
3900 415
Silurien Ludlowien Ludfordien
Sortie de l'eau des plantes vasculaires
3800
Gorstien
Actinoptérygiens
3700 425
Wenlockien
Homérien
Ostéichtyens
Myriapodes
3600 430
Scheinwoodien
Gnathostomes
3500
Llandovérien Telychien
3400 435
Aeronien
Arachnides
3300 440
Rhuddanien
Sortie de l'eau des algues
3200 445
Ordovicien
Supérieur
Ashgillien
3100
Caradocien
Apparition des premiers poissons et des mollusques céphalopodes
3000 455
Inférieur
Llandeilien
Trilobites
2900
Llanvirnien
2800 470
Arénigien
Premiers végétaux terrestres
2700 485
Trémadocien
2600 500
Cambrien
Postdamien
Trempoéaléouien
Apparition des éponges, des mollusques, des trilobites, des échinodermes
2500
Franconien
2400 Dresbachien 2300 Acadien Mayaien 2200 Amgaien 2100 Lénien 2000 530 Géorgien Atdabatien 1900 Tommotien 1800 540 Némakit-Daldynien 1700 630 PROTEROZOÏQUE Néoprotérozoïque
Ediacarien Faune d'Ediacaria 1600 850 Cryogénien Apparition des premiers vers
Glaciation de Sturtien
Glaciation de Varangien
1500 1000 Tonien Fragmentation de Rodinia Début du règne des Acritarches (algues vertes)
1400 1200 Mésoprotérozoïque
Sténien Glaciation Formation du super continent Rodinia
1300 1400 Ectasien Algues rouges Bangiomorpha pubescens 1200 1600 Calymnien Apparition des premiers métazoaires (êtres pluricellulaires) Fragmentation de Columbia
1100 1800 Stathérien 2ème extinction
Formation de plateaux continentaux
Continent Columbia
1000 2050 Paléoprotérozoïque
Orosirien Apparition des bactéries coccoïdes (ancêtres du phytoplancton)
Oxygénation de l'atmosphère
Orogenèse sur les terres émergées
900 2300 Rhyacien Glaciation huronienne
Groupe fossile de Franceville
800 2500 Sidérien Formation de fer rubané 700 2800 ARCHEEN
Néoachéen Apparition des Eucaryotes (cellules présentant un noyau) 600 3200 Mésoarchéen Apparition des algues bleues et de la photosynthèse 500 3400 Paléoarchéen Développement des stromatolites
Impact d'une météorite géante
(Fig Tree)
1ère extinction
400 3800 Eoarchéen Apparition des premières formes de vie (bactéries)
300 4500 HADEEN ETOILES ET PLANETES Naissance du système solaire 200 15000 BIG BANG Naissance de l'Univers 100
Les couches du Dévonien
Détaillons l'échelle des temps géologiques ci-dessus et présentons les différentes couches observables avec positionnement dans le temps par rapport aux autres couches des autres étages, systèmes et groupes.
Sur mon échelle géologique personnelle, j'ai numéroté les différentes couches de 100 en 10 en partant du Big Bang (100) jusqu'à l'Actuel (12500). Ce travail un rien fastidieux me permet et vous permettra de situer plus facilement les différents affleurements que nous rencontrerons. Voir Echelle géologique
Dans le Dévonien, nous observerons des roches depuis le Poudingue de Fépin jusqu'à l'Assise de Comblain au Pont.
Voir Echelle géologique
-367Ma Dévonien Supérieur Famennien Formation des schistes et grès de la Famenne Psammites avec restes de poissons Formation d'Esneux Siltites argileuses et de grès argileux ou micacés
avec plantes terrestresFormation des schistes de la Famenne Schistes avec Ptychomaletoechia dumonti,
Ptychomaletoechia omaliusi et Tétrapodes-375Ma Frasnien Formation de Matagne Schistes très feuilletés verts ou noirs à goniatites
ferrugineuses, Orthoceras sp. pyriteux, et brachiopodesFormation de Barvaux Schistes violets avec gros Cyrtospirifer verneuilli
Formation des Valisettes Schistes gris foncés et verts noduleux avec
Warrenella aquaealbaeFormation de Neuville Récifs de marbre rouge à Phillipsastrea sp. Formation des Grands Breux Biohermes de calcaire gris avec Desquamatia subzonata Formation du Moulin Liénaux Biohermes de calcaire gris avec Leiorhynchus megistanus Formation de Nismes Calcaire et dolomie avec goniatites -378Ma Moyen Givetien Formation de Fromelennes Stringocephalus burtini Formation de Charlemont
-382Ma Eifelien Formation X Calcaire argileux crinoïdique Formation de Hanonet Calcaires argileux, schisteux, gris-bleu avec
Calceola sandalina, Trilobites, Atrypides, SpiriferidésFormation de la Lomme Grès psammitique avec calcaire et schistes gréseux Formation de Jemelle Brachiopodes, coraux solitaires et coloniaux Formation de Couvin Calceola sandalina, Spirifer speciosus,
Spirifer ostiolatus, coraux-386Ma Inférieur Emsien Formation de Bure Calcaire à stromatopores et tabulés lamellaires, encrinites Formation de Hierges Grès quartzitiques localement fossilifères Formation de Chooz ou de Winenne Schistes gréseux et siltites lie-de-vin et verts Formation de Vireux Grès et grès quartzitiques pélitiques verdâtres Formation de Pesche Siltites et schistes verts -392Ma Praguien
= anciennement
Gedinnien et
Siegenien
Formation de Pernelle Grès et grès quartzitiques bleu-vert à brunâtres Formation de La Roche Schistes phylladeux bleu sombre à verts Formation de Villé Schistes et siltites Formation de Montigny-sur-Meuse Pleurodictium problematicum Formation de Mirwart Grès blanchâtre et schistes gris clairs d’Anor.
Grès sombres et verdâtres à bleus, schistes, phyllades,
quartzophyllades sombres de Bastogne-420Ma Lochkovien Formation de Saint Hubert Schistes et siltites de couleur vert avec des passées rouge
lie-de-vin (Schistes bigarrés verts - rouges)Formation d'Oignies Schistes et siltites de couleur rouge lie-de-vin
avec des passées vertes (Schistes bigarrés rouges - verts)Formation de Mondrepuis Schistes et siltites bleutés Formation de l'Arkose d'Haybes Arkose Formation de Fépin Poudingue Pour avoir plus de renseignements, visitez les pages suivantes :
L'Eifelien
Le Givetien
Avec l'Eifelien, nous entrons dans le Dévonien moyen.
Nous assistons ensuite à une nouvelle progression de la mer vers le Nord. Les apports alluvionnaires terrigènes régressent un peu tandis que la plage s'éloigne de plus en plus laissant la mer bien plus calme là où nous sommes. La vie commence à se développer. La présence de gastéropodes pulmonés nous prouve que la profondeur de l'eau est néanmoins assez faible, permettant à l'eau d'être bien claire, tiède et oxygénée. C'est l'époque des premiers récifs de coraux que nous retrouvons dans les calcaires de Couvin.
Dessin Alisson Neukermans 6ème primaire 1995-1996.
La mer a donc repris sa progression vers le Nord. La côte est donc bien loin de notre région qui est maintenant recouverte par une mer peu profonde. La sédimentation terrigène ralentit et l'eau claire, tiède et bien oxygénée favorise l'installation des premiers récits de stromatopores. Nous observons à Couvin le long de l'Eau Noire, des bancs de calcaires qui alternent avec des schistes et plus nous progressons vers l'aval, plus les bancs de calcaires augmentent en puissance avec présence de coraux solitaires et de stromatopores. Ce calcaire est donc formé de squelettes de coraux de squelettes de stromatopores, de coquilles écrasées et d'argiles, le tout faisant un banc calcaire.
Dessin Virginie Roussel 6ème primaire 1995-1996.
La mer poursuit son avancée vers le Nord et la côte est maintenant si loin de nous que les apports terrigènes sont pratiquement nuls. Les coraux peuvent se développer à l'aise dans cette eau bien claire, baignée du soleil chaud des tropiques. C'est l'époque des grands récifs de corail dont nous retrouvons les restes dans la région de Nismes.
Dessin Sylvie Beekman 6ème primaire 1995-1996
On peut raisonnablement penser que la mer a continué son chemin vers le Nord laissant derrière elle une immense mer peu profonde très chaude où le calcaire a pour origine le carbonate de calcium fixé par les animaux au niveau de leur coquille et de leur squelette. Les calcaires fins sont d'anciens dépôts issus de l'érosion des récifs, des squelettes et des coquilles. Tous les calcaires ont ici une origine biologique. C'est dans ce milieu que nous retrouvons une quantité impressionnante de coraux coloniaux, et solitaires dont le plus célèbre est sans nul doute la petite Calceola sandalina, dont de nombreux exemplaires ont été découverts sur la route Couvin-Chimay.
Le temps passe et nous arrivons à la fin de l'Eifelien (Couvinien supérieur). Nous sommes toujours dans cette lagune côtière, peu profonde, chaude et bien oxygénée. La région que nous étudions migre doucement mais sûrement et arrive maintenant aux environs de l'équateur. Le climat est donc très chaud et toutes les conditions sont réunies pour que la vie se développe faisant la part belle aux brachiopodes, bivalves et coraux. Ces derniers, commencent, dans ce contexte, leur expansion.
C'est finalement au milieu du Dévonien, il y a 390 millions d'années, qu'a eu lieu cette collision entre les microcontinents et Laurentia, collision qui a formé la seconde phase des Appalaches, la chaîne acadienne. L'océan Rhéïque se refermait toujours.
A la fin du Dévonien, il y a 360 millions d'années, l'ensemble des masses continentales se rapprochait.
L'océan Rhéïque était presque fermé.Nous allons bientôt quitter l'Eifelien pour entrer dans le Givetien. Nous sommes dans une période calme et assez stable. Une myriade de brachiopodes, de bivalves, de gastéropodes, d'animaux macro et microscopiques vivent, se reproduisent et meurent dans cet environnement de la lagune côtière du Dévonien. Les restes de coquilles d'animaux morts se déposent au fond des eaux, s'empilent en quantités colossales, s'écrasent les uns les autres, se réduisent mutuellement en poussière calcaire qui s'amalgame et forme ainsi un calcaire compact dans lequel, par moment, vient se déposer un peu d'argile donnant un calcaire argileux et parfois un calschiste. C'est le type de roches que nous trouvons fréquemment en bordure des grandes carrières qui extraient le Calcaire bleu-noir du membre des Trois Fontaines. Un calcaire argileux gris-bleu sur cassure fraîche prenant une patine brune, terne, finement feuilletée, avec à certains endroits, un calschiste brun-beige-ocre, peu de calcite et de nombreux brachiopodes en bon état de conservation. C'est le paysage typique de la Formation de Hanonet.
Dessin Thomas Richir 6ème primaire 1995-1996.
A l'aube du Dévonien Moyen, un régime transgressif plus radical s'installe donc. Les faciès terrigènes cèdent la place à des faciès argilo-calcaires et aux premiers calcaires construits. La mer progresse vers le Nord et des dépôts du Dévonien moyen se retrouvent dans les Ecailles Haine-Sambre-Meuse et le Parautochtone brabançon.
Schéma paléogéographique du Nord-Ouest de l'Europe au Dévonien Moyen. D'après Ziegler (1982), simplifié.
Le Dévonien Moyen de la Wallonie a fait l'objet d'une révision complète et d'une division en formations sur base de critères lithostratigraphiques stricts par Bultynck en 1991.
Formations et faciès du Dévonien Moyen au Sud du Synclinorium de Dinant. Modifié d'après Bultynck & Dejonghe (2001) et Dumoulin & Blockmans (2008)
Au flanc Sud du Synclinorium de Dinant, l'Eifelien comprend à sa base des schistes et des grès calcaires avec intercalations de calcaires coquilliers. Le ralentissement de la sédimentation détritique favorise le dépôt de calcaires argileux. Les conditions environnementales s'améliorant ensuite, les formations calcaires deviennent prépondérantes et un régime récifal s'installe dans la région de Couvin. Au cours de l'Eifelien supérieur, la sédimentation terrigène, principalement argileuse, reprend. Dans le détail, on distingue les formations suivantes :
Les deux premières formations de l'Eifelien sont les Formations de Couvin et de Jemelle. Elles sont toutes deux composées de calcaires construits, de schistes, de calcaires fossilifères et de grès pour une puissance totale de 570 à 650m. Les formations de Couvin et de Jemelle sont indentées. Cette indentation est due à l’avancée de la mer dans les terres. Il y a donc une reprise de la transgression Cela peut de voir à l'Ouest de Givet où la Formation de Couvin semble appartenir à celle de Jemelle puis s'épaissit rapidement aux dépens de la partie inférieure de celle de Jemelle.
La Formation de Couvin est formée de calcaires en bancs centimétriques à décimétriques. Elle est caractérisée par des faciès de type packstone, très crinoïdique, avec quelques stromatopores et coraux isolés.
Cette formation est typique dans la Calestienne car c'est elle qui voit l'apparition de l'Arduspirifer supraspeciosus et de Calceola sandalina.La Formation de Couvin étant caractérisée par des roches plus difficilement érodables que les autres roches du Dévonien moyen, elle se marque dans le paysage par une crête que l'on peut suivre aisément sur toute la largeur de la carte depuis Macquenoise et Chimay jusque Aywaille en passant par Couvin, Givet, Beauraing et Rochefort.
La Formation de Jemelle est composée de cinq membres : Le premier est le Membre du Vieux Moulin inférieur. La base de la formation est une siltite fine gris-bleu foncé en bancs pluridécimétriques, contenant des galets calcaires mous (tempestites) et des laminations de couleur rouille. Toute la formation est une succession de schistes et de siltites se partageant l’épaisseur en proportions sensiblement égales (2 x 130 m environ à Olloy sur Viroin). Vers l'Ouest, ce membre disparaît aux dépens de la Formation de Couvin.
Certains auteurs, et je ne comprends pas pourquoi, classent actuellement ici le gîte à trilobites du Mur des Douaniers, de Vireux. Je ne peux malheureusement pas souscrire à cette modification car en "homme de terrain" je peux dire que les roches présentes sur le site sont des schistes verdâtres micacés exempts de tout galet, ce qui ne correspond pas à la description des roches du Membre du Vieux Moulin, mais colle parfaitement à la description des roches de la Formation de Bure, Membre de Saint Joseph.
Le membre suivant est le Membre du Vieux Moulin supérieur qui est formé d'une roche calcaire massive à crinoïdes qui ne contient plus de tempestites et qui présente une forte réaction à HCl. Les fossiles présents dans ce sommet de formation sont des crinoïdes, des brachiopodes, des coraux solitaires et coloniaux. Les bancs deviennent plus épais vers le sommet.
Vient ensuite le Membre de la Station que nous pouvons observer dans le talus du chemin de fer non loin de la station de Jemelle. Ce membre est composé d'environ 40 m de schistes argileux, gréseux, feldspathifères, avec bancs centimétriques de grès par place micacé et rares nodules calcaires. On observe régulièrement de nombreux brachiopodes et quelques beaux trilobites.
Trilobite de la famille des Phacops, sans doute un Loreleiops malheureusement non complet provenant de de Jemelle, non loin de la gare
Photo et coll. L.V.B.Nous pouvons observer ensuite le Membre du Cimetière formé de 110 à 115 m de schistes fins et siltites gréseuses avec nodules, lentilles ou bancs centimétriques voire pluricentimétriques de calcaire fin, noir.
Enfin, vient le Membre de la Chavée composé d'environ 190 m d’une alternance décimétriques de calcaire massif ou noduleux, par endroits argileux ou crinoïdique, et de schiste en bancs plus épais avec nodules et lentilles calcaires contenant une macrofaune abondante de coraux rugueux solitaires et tabulés, mais aussi de brachiopodes, de lamellibranches et de trilobites. Ce membre est caractérisé par le développement de biohermes pluridécamétriques de calcaire gris clair massif.
Localement, au sommet de la Formation de Jemelle, une succession de grès psammitiques, parfois à ciment calcaire, a pu être observée sur une épaisseur ne dépassant jamais la dizaine de mètres. Ces roches doivent appartenir à la Formation de la Lomme qui est ici réduite à sa plus simple expression, c'est pourquoi ces roches ont été intégrées dans le Membre des Chavées.
La Formation de la Lomme est composée de deux membres : le Membre du Fond des Valennes composé de schiste gréseux, par endroit micacés avec passées de grès massif psammitique et le Membre de Wamme : grès massif psammitique avec calcaire dans la partie supérieure avec lits argile et minces lentilles de calcaire crinoïdique
La Formation de Hanonet est généralement la dernière formation de l'Eifelien avant l'entrée dans le Givetien. "Généralement la dernière formation" car il existe une exception : la carrière du Fond des Vaulx de Wellin propose une formation supplémentaire nommée Formation X qui sera détaillée ci-après.
La Formation de Hanonet est divisée en 3 couches qui n'ont pas été réellement définies comme étant des membres.
Première couche : des calcaires argileux nodulaires souvent pyriteux gris foncé, en bancs minces et irréguliers et mal stratifiés dont la faune est dominée par les crinoïdes et les brachiopodes.
Deuxième couche : des calcaires sensiblement moins argileux dont la faune, toujours composée de crinoïdes et de brachiopodes s’enrichit de nombreux coraux solitaires et coloniaux constructeurs de récifs. Ils alternent souvent avec des bancs de schiste carbonaté ou de schiste. Les plans de stratification sont généralement irréguliers
Troisième couche : (Sommet de l'Eifelien) Deux bancs de calcaires assez francs, argileux, schisteux, gris-bleu sur cassure fraîche, prenant rapidement une patine brune terne, finement feuilletée due à la grande quantité d'argile contenue dans le calcaire, très riches en stromatopores, rugueux et tabulés. Ces deux bancs sont séparées par un intervalle de calschiste brun-beige-ocre. Peu de calcite et de minéraux mais de nombreux brachiopodes en bon état de conservation avec Desquamatia subzonata, Calceola sandalina, Gypidula sp., Cyrtoceras sp., Trilobites, Atrypides, Spiriféridés, Lamellibranches et Bryozoaires.
La Formation X est très limitée dans l'espace et ne se trouve que dans la partie gauche de la carrière du Fond des Vaulx de Wellin. C'est le seul endroit où une formation surmonte la formation de Hanonet avant l'entrée dans le Givetien. Cette formation est excessivement fossilifère avec brachiopodes, coraux solitaires et coloniaux, crinoïdes et trilobites. Il semble que ce soit une couche de calcaire très argileux brun-beige-ocre, crinoïdique, stratifié et dolomitique sous forme de lentilles biohermales. Les différents bancs sont séparés par des intervalles remplis d'argile de décalcification contenant une multitude de fossiles naturellement dégagés par les infiltrations d'eau.
Les formations du Dévonien Moyen de la Belgique. D'après Bultynck et al. (1991).
Le Givetien prolonge la deuxième grande pulsation transgressive dévonienne entamée au cours de l'Eifelien. La mer s'avance sur une plate-forme peu profonde. Le littoral gagne le Parautochtone brabançon. Le Givetien est aussi marqué par une très grande proportion de calcaires construits. Cette fois, il n'y a pratiquement plus d'apports terrigènes. L'eau est très claire, voire limpide et très chaude ce qui implique que la mer a pratiquement arrêté son avancée vers le Nord ou que la côte est si loin que cela n'a pratiquement plus aucune incidence sur l'écosystème. Les coraux coloniaux se développent et construisent des récifs peu épais et très étendus : les biostromes. Nous pouvons observer une faune très variée de coraux allant des Stromatopores aux Thamnoporidés en passant par les Hexacoralliaires, les Tabulés et les Branchus. Nous pouvons aussi observer des coraux solitaires du genre Acantophyllum... Parfois, une petite reprise de la transgression marine apporte quelques sédiments boueux formant ainsi de-ci, de-là, quelques couches de schistes, dans lesquelles nous pouvons observer des Brachiopodes, des Bivalves et autres Orthocères. Nous trouvons, de cette période, des roches faisant partie des Calschistes du Membre de Terre d'Haurs, Calcaire argileux foncé parfois crinoïdique avec Spirifer mediotextus et Stringocephalus burtini et les fameux Calcaires noirs du Membre des 3 Fontaines, Calcaire bleu-noir brillant, massif, dur, peu stratifié en gros blocs, portant des veines de calcite massive blanche avec par endroits, de petites mouchetures de fluorite et dolomitique vers le haut avec Stringocephalus burtini, Lucina proavia, Phacops fernandini et Orthoceras, calcaire exploité dans la carrière de Givet, la carrière Frimoye de Olloy-sur-Viroin, la carrière de Resteigne...
D'un point de vue géomorphologique, au bord Sud du Synclinorium de Dinant, la présence d'une bande calcaire de plusieurs centaines de mètres d'épaisseur, encadrée de roches plus argileuses (Emsien-Eifelien au Sud et Frasnien-base du Famennien au Nord) se marque nettement dans les paysages. La bande calcaire, appelée "Calestienne", forme un relief bordant au Sud la dépression schisteuse de Fagne-Famenne. Cette dépression est limitée au Nord par le Condroz, d'altitude plus élevée, suite à la présence des grès famenniens plus résistants à l'altération.
Au bord Nord du Synclinorium de Dinant, à l'est de Gerpinnes et dans les Ecailles Haine-Sambre-Meuse, de Presles à la vallée du Samson, l'ensemble composé des Formations de Trois-Fontaines, Terres d'Haurs et Mont d'Haurs passe à la Formation de Nèvremont (une cinquantaine de mètres au stratotype). Il s'agit généralement de calcaires fins organoclastiques et de calcaires grenus et oolithiques. Une certaine dolomitisation affecte la partie supérieure de l'unité qui comprend localement à Pepinster et à Verviers, un important niveau construit. La Formation de Nèvremont est surmontée de la Formation du Roux (maximum 85 m), caractérisée par des schistes, des dolomies et des calcaires gréseux, suivis de calcaires et dolomies avec un niveau de stromatopores branchus. Dans la partie orientale du Synclinorium de Dinant, la Formation de Fromelennes surmonte la Formation de Nèvremont.
Dans le Tournaisis, le Givetien, épais de 490 m, est constitué d'alternances de bancs métriques riches en anhydrite et de bancs carbonatés ou argileux. Cette sédimentation évoque un milieu peu profond, confiné mais déjà subsident, formant une cuvette évaporitique.
Dans le Parautochtone brabançon, le Givetien est limité à l'Ouest de Namur. Dans la vallée de l'Orneau, il s'agit de la Formation du Bois de Bordeaux (125 m au stratotype). Cette formation est constituée de trois membres, à savoir le Membre des Mautiennes (conglomérat et roches argilo-gréseuses rouges, vertes ou bigarrées), le Membre d'Alvaux (alternance de calcaire organoclastique, parfois oolithique et de shales; localement, stromatolithes), et le Membre de Mazy ("roches rouges": siltites, conglomérats, grès, calcaires rougeâtres, paléosols). Plus à l'est, le Frasnien seul recouvre en discordance le socle brabançon.
Les apports terrigènes très réduits, d'origine septentrionale, indiquent que le Continent des Vieux Grès Rouges est pratiquement aplani. Cette transgression, tout comme la précédente, progresse en direction du NNE. Le Givetien terminal montre un épisode régressif mineur qui ramène les faciès littoraux vers le Sud. Au cours de cette période, le climat subit une évolution marquée depuis des conditions tropicales humides vers un milieu semi-aride.
Selon Dejonghe, au Givetien se mettent en place dans le Massif de Stavelot, les intrusions de tonalite de la Helle et de Lammersdorf, de composition dioritique à granodioritique, associées à des minéralisations de type "porphyry copper" et datées de 381 ± 16 Ma.
Mais revenons à notre région de prédilection...
Dans la région-type de Givet, au bord Sud du Synclinorium de Dinant, le Givetien comprend deux formations :
La Formation de Charlemont
- La Formation de Fromelennes
La Formation de Charlemont est composée de 3 membres :
Le Membre des Trois-Fontaines
- Le Membre des Terres d'Haurs
- Le Membre des Monts d'Haurs
La Membre des Trois-Fontaines est un calcaire bleu-noir brillant, massif, dur, peu stratifié en gros blocs, dolomitisé sur le haut et portant des veines de calcite massive blanche avec par endroits, de petites mouchetures de fluorite, de la sidérite, de la limonite, de la pyrite, de la baryte. En fonction de la composition et des minéraux contenus, la densité mesurée sera dans une fourchette comprise entre 2593 à 2974 kg/m3. Cette formation est composée de plusieurs assises :
- Une assise de calcaires gris à Stringocephalus burtini (Givétien inférieur) (30 à 80 m). Elle constitue la base de la barre carbonatée du Givetien. Elle débute au premier banc de calcaire franc au toit des schistes calcaires de la Formation d'Hanonet.
- Une assise de calcaires de type wackestone à grainstone gris, crinoïdiques et localement riches en coraux.
- Un biostrome calcaire en bancs métriques, massifs et lenticulaires (rudstone) à nombreux stromatopores globuleux décimétriques, de crinoïdes et de brachiopodes. Des niveaux calcaires bioclastiques soulignent la stratification qui n'est pas aisée à déterminer au sein des faciès massifs. Ce biostrome est surmonté d'une lumachelle à Stringocephalus burtini, caractéristique de l'étage Givétien.
- Des calcaires gris foncé et gris clair en bancs bien stratifiés, d'épaisseur centimétrique à pluri-centimétrique. La série se caractérise par des alternances de calcaires fins, souvent laminaires (algaires) fréquemment bioturbés et pauvres en macrofaune, de calcaires à débris de coraux ou stromatopores et de calcaires finement laminaires.
De nombreuses Fenestella sp. sont disséminées dans les roches. Localement la dolomitisation est poussée. Quelques niveaux riches en Stringocephalus burtini sont observables. L'épaisseur de cette sous-unité est de 60m. L'épaisseur du membre peut rapidement varier. De 80m à Givet, il passe à 30m de puissance à Beauraing.
Quelques fossiles typiques des couches givetiennes. De gauche à droite et de haut en bas : Stringocephalus burtini de Resteigne, Hexagonaria hexagona de Wellin, Hexagonaria hexagona de Couvin, Hexagonaria hexagona de Baileux, Fenestella antiqua de Baileux, Fenestella antiqua de Couvin, Loxonema sp. de Resteigne.
Ce membre a été exploité de manière intensive au cours des siècles passés comme pierre de construction. Toutes les anciennes constructions des villes de Givet et de Beauraing en sont le témoin et actuellement, les calcaires sont encore exploités dans le cadre de la production de granulat dans la carrière des Trois Fontaines (Sud de Givet) et plus rarement comme pierre polie (Pierre bleue de Givet).
Les Membres des Terres d'Haurs et du Mont d'Haurs sont catalogués comme le Givetien moyen et sont formés de calcaires gris-noir pour une puissance totale avoisinant les 170 à 230 mètres selon les régions.
En raison de la faible densité des affleurements de ces deux membres et des difficultés rencontrées pour les différencier sur le terrain, les Membres des Terres d'Haurs et du Mont d'Haurs sont souvent, selon les régions, cartographiés ensemble.Le Membre des Terres d'Haurs est essentiellement constituée de calcaires de type wackestone, à gastéropodes. Ces calcaires sont bien stratifiés et présentent parfois un aspect noduleux. La base du membre correspond à un niveau riche en coraux et en tabulés et se présente sous la forme de «patch reefs» ou de biostromes. L'épaisseur du membre est de 70m. Le stratotype de ce membre est situé dans les fossés de la forteresse du Mont d'Haurs.
Le Membre du Mont d'Haurs est constitué par une alternance de calcaires biostromaux massifs de type packstone, f1oatstone ou rudstone riche en faune (coraux, stromatopores globuleux et gastéropodes) et de calcaires fins de type wackestone à floatstone en bancs épais. La limite inférieure de ce membre est localisée à la base du premier banc massif à caractère biostromal.
Le passage à la Formation de Fromelennes est marqué par une augmentation du caractère argileux des sédiments dans les trente derniers mètres avec l'apparition de schistes calcaires et de calcaires schisteux. La puissance de cette formation est de 160m dans la partie région de Givet. Au niveau du Massif de Philippeville elle est environ de 100m. Les calcaires biostromaux ont été exploités comme pierre de construction et comme matériau de concassage.
Dans le calcaire des Trois Fontaines de Givet, 11 microfaciès peuvent être déterminés. Sous forme condensée, on donne successivement pour chaque microfaciès (-MF-) : son nom, sa description (les organismes étant cités par ordre d'abondance relative décroissante), sa teneur moyenne en dolomite et/ou insolubles déterminée par manocalcimétrie, son interprétation en terme de paléoenvironnement.
L'ordre de description des microfaciès définit la séquence standard des coupes étudiées et marque le passage d'un milieu marin franc à un milieu supratidal de plus en plus restreint.
N° Nom Description Paléoenvironnement MF1
Microfaciès de Wackestones à gastéropodes
Wackestones ou mudstones argileux non bioturbés, à fines coquilles (principalement gastéropodes), ossicules de crinoïdes, fragments de trilobites ou parfois de bryozoaires, occasionnellement quelques dasycladacées remaniées. La matrice est une micrite très fine. Contenu en insolubles supérieur à 10 %.
Milieu marin franc situé sous la zone d'action des vagues. L'abondance et le parfait état de conservation d'organismes vivant en milieu ouvert, la teneur importante en insolubles, l'absence d'encroûtement de cyanophycées témoignent d'un milieu ouvert, d'une agitation faible, et d'un taux de sédimentation assez élevé.
MF2
Microfaciès de Wackestones à brachiopodes
Wackestones ou packstones à brachiopodes souvent encroûtés par Bevocastria, crinoïdes, débris de trilobites, de gastéropodes et parfois de bryozoaires. La matrice micritique contient des fragments d'algues (Issinella, Proninella). La bioturbation intense est à l'origine de l'homogénéisation du sédiment. Contenu en insolubles souvent proche de 8 %.
Milieu ouvert peu profond. Les coquilles de brachiopodes parfois brisées, les fragments altérés de crinoides et les encroûtements algaires continus (porostromates, codiacées) témoignent d'une agitation modérée responsable d'un certain transport. La bioturbation intense et la présence d'encroûtements indiquent un faible taux de sédimentation. Les fragments de dasycladacées sont vraisemblablement importés.
MF3
Microfaciès de Packstones à stromatopores
Packstones recristallisés à péloïdes, issinelles, stromatopores lamellaires, crinoïdes, coraux (rugueux et tabulés). On rencontre sporadiquement quelques calcisphères et des fragments de coquilles. Contenu en insolubles inférieur à 2 %.
Milieu d'avant-récif, peu profond et modérément agité, ainsi qu'en témoigne notamment la présence de stromatopores lamellaires.
MF4
Microfaciès de Rudstones à coraux
Rudstones à débris de stromatopores, de coraux (dont principalement Thamnopora, Alveolites et Trachypora), de brachiopodes et occasionnellement de bryozoaires. Le ciment carbonaté fait parfois place à une matrice argileuse.
Milieu péri-récifal agité, à sédimentation dominée par l'apport de matériaux provenant d'une nappe récifale ou d'un récif.
MF5
Microfaciès de Floatstones à débris remaniés
Floatstones à débris remaniés d'origine récifale (principalement coraux et stromatopores). La matrice micritique, souvent péloïdique, est parfois légèrement recristallisée en microspar et contient d'abondants organismes : issinelles, kamaenidés, proninelles, codiacées, porostromates, pélécypodes, fragments d'ostracodes, gastéropodes à coquilles épaisses, Bisphaera, calcisphères. Les débris d'origine récifale et les gastéropodes sont fréquemment encroûtés, les algues sont bien conservées.
Milieu d'arrière-récif en contact occasionnel avec le milieu marin franc, agitation et taux de sédimentation moyen à faible, permettant le développement d'enveloppes micritiques.
MF6
Microfaciès de Grainstones à péloïdes
Grainstones à péloïdes ou à lumps, parfois disposés en stratification oblique ou entrecroisée, contenant des pélécypodes souvent encroûtés, des issinelles, des fragments de gastéropodes, des mud-coated-grains, des calcisphères, des algues, quelques brachiopodes et crinoïdes. La taille des péloïdes est homogène. Malgré le développement important de ciment sparitique drusique, des vestiges de ciment en frange isopaque sont conservés autour de certains grains et traduisent des phénomènes de cimentation précoce en milieu marin peu profond. Contenu en insolubles généralement inférieur à 5 %.
Milieu à circulation assez restreinte, modérément agité, dunes ou bancs de sable intralagonaires. Ce type de sédiment peut s'observer aujourd'hui en milieu intertidal où il constitue des levées de dimension limitée à une centaine de mètres et hautes d'une vingtaine de centimètres (Hardie, 1977).
MF7
Microfaciès de Grainstones à gastéropodes brisés.
Grainstones à gastéropodes brisés disposés en stratification oblique ou entrecroisée avec des algues calciques, quelques brachiopodes et crinoïdes.
Milieux littoral dans lequel les gastéropodes sont souvent brisés par des courants ou des marées en milieu très peu profond ossasionnant des concentrations de coquilles écrasées et entassées.
MF8
Microfaciès de Wackestones à calcisphères
Wackestones à calcisphères, avec accessoirement quelques Bisphaera, ostracodes, kamaenidés, proninelles et pélécypodes. La matrice micritique est particulièrement dense sans aucune trace de recristallisation en dehors des zones bioturbées. Les terriers sont tous subverticaux, abondants et contiennent fréquemment de petits endoclastes. Ces terriers sont également dolomitisés. Contenu en dolomite généralement inférieur à 3 %.
Environnements lagunaires en milieu protégé, agitation et bathymétrie faibles (microperforations profondes et perpendiculaires à la surface des coquilles, terriers subverticaux), variation de la salinité, de la température et de l'insolation (faune très peu diversifiée et terriers subverticaux).
MF9
Microfaciès de Packstones à issinelles et péloïdes
Packstones à issinelles et péloïdes, occasionnellement quelques kamaenidés, proninelles, Bisphaera et calcisphères. Les issinelles sont souvent fortement recristallisées et le microfaciès prend alors l'aspect d'un grainstone à péloïdes. Contenu en dolomite souvent proche de 6 %.
Milieu intertidal très peu profond : accumulations en lentilles formées par les courants littoraux remaniant des bafflestones à issinelles.
MF10
Microfaciès de Wackestones ou packstones à faunes et flores lagunaires
Wackestones ou packstones à faunes et flores lagunaires contenant d'abondants lithoclastes. Ceux-ci sont des copeaux de dessiccation formés pendant des phases d'émersion.
Milieux de chenaux d'écoulement à sables bioclastiques entraînés à la suite d'inondations périodiques dans lesquelles ils peuvent se mélanger, à moins qu'ils ne se déposent plus loin en milieu lagunaire.
MF11
Microfaciès de Packstones laminaires à péloïdes
Packstones laminaires à péloïdes (100 µm) et fins débris (20 µm). La lamination, presque plane et bien visible macroscopiquement est formée par l'alternance sub-millimétrique de niveaux plus grossiers parfois granoclassés et de niveaux fins de micrite pure. La bioturbation y est occasionnelle, les fentes et polygones de dessiccations sont courants. Contenu en insolubles souvent supérieur à 9 %.
Milieu supratidal : il s'agit de dépôts d'extension horizontale moyenne (corrélations lithostratigraphiques possibles à l'échelle de la soixantaine de kilomètres dans la Formation de Trois-Fontaines), formés lors d'inondations sporadiques d'une vaste plaine littorale. La lamination est surtout préservée dans les milieux supratidaux pratiquement dépourvus d'animaux fouisseurs. L'évaporation de l'eau intersticielle conduit à la formation de fentes et de polygones de dessiccation (le plus souvent de 8 à 10 cm de côté) dont certains fragments ou copeaux sont entraînés par le mouvement des courants de marées et se mélangent à d'autres sédiments
La Formation de Fromelennes, cataloguées conne Givetien supérieur, est composée de calcaires gris foncé à stromatopores d'une puissance de 80 à 135m. La limite inférieure de cette formation se situe à la base du premier banc calcaire argileux à brachiopodes, surmontant le calcaire compact plus ou moins construit de la Formation du Mont d'Haurs. La formation est caractérisée par une alternance de calcaires construits par des coraux et des stromatopores et de calcaires fins laminés. Sa limite supérieure est située au niveau du dernier banc calcaire situé sous le premier banc de calcaire noduleux frasnien riche en gros brachiopodes (Zone des monstres). Elle se subdivise en trois membres cartographiés ensemble, avec de la base au sommet :
- Le Membre de Flohimont, épais de 30m et formé par des calcaires argileux à brachiopodes et coraux interrompus par des passées de schistes
- Le Membre du Moulin Boreux, épais de 80 m et formé de calcaires fins parfois dolomitiques dans la partie inférieure du membre et de calcaires construits par des stromatopores
- Le Membre du Fort Hulobiet, épais de 25 m et formé de calcschistes et de calcaires argileux noirs laminaires parfois coquilliers
Au Sud, l'épaisseur de cette formation varie entre 110 et 135 m. Au niveau du Massif de Philippeville, elle est de 80m. Les calcaires ont été exploités de manière artisanale comme pierre de construction dans la carrière du Cul d'Houille au Sud de Fromelennes.
Le Givetien est exploité ou a été exploité dans différentes carrières dont les principales sont d'Ouest en Est : Wallers-Trélon, Baileux, Couvin, Olloy-sur-Viroin, Givet, Wellin et Resteigne pour ne citer qu'elles. En voici quelques vues...
Carrière de Wallers-Trélon
Carrière de Olloy-sur-Viroin, tas de blocs
Carrière de Olloy-sur-Viroin, les couches en exploitation
Carrière des Trois Fontaines de Givet, vue générale
Carrière des Trois Fontaines de Givet, les couches en exploitation
Carrière abandonnée de Resteigne, vue générale depuis le carreau
Carrière abandonnée de Resteigne, vue générale des étages
Carrière abandonnée de Resteigne, troisième étage
Petite géode de calcite, Olloy sur Viroin à gauche et Resteigne à droite
Calcite, Dolomite et Fluorite de Couvin à gauche et fluorite de Givet
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