Le Tertiaire belge
1. Introduction 2. Du point de vue de la Paléogéographie 3. Climats et circulations océaniques 4. Evolution du monde vivantA. Les vertébrés B. Le plancton marin C. La flore5. Les dépôts sédimentaires au cours du Cénozoïque
A. Le Paléocène B. L'Eocène6. Les sites prospectés1°. Le Landénien 2°. L'Yprésien 3°. Le LutétienC. L'Oligocènea) Les Sables dAalter b) Les Sables de Bruxelles c) Les Sables de Lede4°. Le Bartonien1°. Le Tongrien 2° Le Stampien 3° Sables et argiles de BoomD. Le Miocène1° L'Aquitanien 2°. Le Burdigalien 3°. L'Helvétien 4°. Le Tortonien 5°. Les Sables Miocènes belgesE. Le Pliocènea) Les Sables de Zonderschot b) Les Sables d'Anvers c) les Sables d'Edegem1°. Le ScaldisienF. Le Quaternairea) Les Sables de Kattendijk b) Les Sables de Lillo
A. L'Argile rupelienne de Boom7. Quelques données sur les requins et raies1°. Le Rupel 2°. L'Argile de Boom 3°. Le Megaselachus megalodonB. A la recherche de fossiles sur la plage de Cadzand et dans les Polders Noirsa) Introduction b) Les dents c) Essayons de reconstituer l'animal d) Comment vivait le Megaselachus megalodon e) L'extinction du Megaselachus megalodon f) Les modifications de l'environnement g) Mais a-t-il réellement disparu?4°. Les fossiles des argilières1°. Introduction 2°. Les sitesC. De nouvelles prospectionsa) Het Zwin b) De Zwarte Polders et Radartoren c) Suppléments de sable1°. Sablière de Mill 2°. Kallo 3°. Doel 4°. Verrebroek 5°. Hoevenen
L’ère
Cénozoïque a débuté il y a 65 millions d’années, immédiatement après la crise de
la fin du Crétacé et les bouleversements faunistiques qui lui sont liés.
Le Cénozoïque, la plus courte de toutes les ères géologiques, englobe le
Tertiaire et le Quaternaire qui représente les derniers 1,8 Ma et qui, en raison
de son particularisme, notamment lié aux glaciations et au développement de
l’Homme, ne sera pas traité ci-dessous.
Pour schématiser, le trait dominant est la mise en place graduelle de la géographie actuelle, qu’il s’agisse de l’agencement des masses continentales, de la structure des masses d’eau océanique ou de la composition de la biosphère. L'ère Cénozoïque est marquée notamment par la diversification des organismes marins et continentaux notamment celle des Mammifères, en particulier des Hominidés, ainsi que celle des Angiospermes. L’étape majeure dans la mise en place de ces conditions modernes sera le Miocène.
2. Du point de vue de la Paléogéographie
Au Cénozoïque, la
redistribution des masses continentales, amorcée au Mésozoïque avec la
dislocation de la Pangée, se poursuit pour aboutir à l’agencement actuel qui
marque une nouvelle tendance à l’agrégation résultant de la collision de
l’Afrique, de l’Inde et de l’Eurasie. Quelques grandes étapes peuvent être
individualisées.
Au début du Cénozoïque, la collision de l’Afrique et de l’Eurasie qui a débuté
vers 80 Ma à la suite de la convergence des deux plaques, en liaison avec
l’élargissement de l’Atlantique sud, se poursuit. Les deux continents demeurent
néanmoins séparés par la mer. Il en est en grande partie de même pour les deux
Amériques ce qui assure des circulations océaniques entre les parties est et
ouest du Pacifique. L’Atlantique nord continue de s’ouvrir, sauf dans sa partie
la plus septentrionale où l’Europe et l’Amérique font encore bloc avec le
Groenland. L’Inde, dans sa longue migration méridienne vers la plaque
eurasiatique, se trouve toujours en chemin atteignant une position équatoriale.
L’évolution paléogéographique de l’Europe est étroitement dépendante de cette réorganisation. La collision Afrique-Europe aboutit à l’occlusion de la Téthys qui se réduit inexorablement en un espace résiduel préfigurant la Méditerranée, en même temps que s’édifie la chaîne alpine dont les phases paroxysmales de déformation compressive se situeront à la fin de l’Eocène et à l’Oligocène inférieur. Le rapprochement entre ce qui est aujourd’hui l’Afrique et l’Europe, dû aux compressions alpines, est estimé à plus de 500 kilomètres pour l’ensemble du Tertiaire. Les vestiges de l’océan téthysien ne se retrouvent, à l’heure actuelle, qu’à l’état de lambeaux de croûte océanique (par exemple ophiolites du Mont Viso) disséminés dans les empilements de terrains charriés de la chaîne alpine. A la fin du Miocène, la Méditerranée orientale en cours de résorption le long des zones de subduction n’est plus qu'une relique océanique.
A l’Eocène, la phase tectonique qui affecte les Pyrénées et la Provence provoque, dès l’Eocène supérieur, des plissements jusque dans les chaînes ibériques. Au Lutétien, vers 45 Ma, l’Inde vient percuter et poinçonner l’Eurasie, cause de la formation de la plus imposante des chaînes de montagne, l’Himalaya, dont la phase majeure de surrection ne se produira que plus tard, pendant le Néogène (23-2 Ma). Le Groenland se sépare d’abord du Canada, puis de la Scandinavie, ouvrant ainsi la partie la plus septentrionale de l’Atlantique. Le bassin épicontinental de la mer du Nord connaît une forte subsidence qui se poursuivra pendant le Néogène ; il se remplit de près de 3000 mètres de sédiments. A l’Eocène toujours, l’Europe est séparée de l’Asie par une mer située dans la région de l’Oural et reliant la Téthys à l’Arctique ; par ailleurs un bras de mer relie la mer du Nord à l’avant fosse alpine en passant à travers l’Europe septentrionale. Ces connexions marines, comme la mer ouralienne elle-même, cesseront à l’Oligocène.
Dès la fin de l’Eocène et à l’Oligocène, l’Europe connaît une phase de distension à l’origine d’une grande déchirure de la croûte continentale: le rift ouest européen, qui produit un alignement de fossés d’effondrement (fossés rhénan, Limagnes, Bresse, Valence, Nîmes, Alès, Camargue, Manosque....) recoupant à l’emporte-pièce toutes les structures antérieures, de la mer du Nord jusque dans le Golfe du Lion. La majeure partie des fossés oligocènes est demeurée à l’état de rift continental, à l’image du grand système de rift est-africain actuel. Des lacs, souvent salins, avec localement d’éphémères connexions marines, occupent ces fossés et donnent lieu, principalement entre la fin de l’Eocène et l’Oligocène inférieur, à l’accumulation de masses de sel atteignant parfois un millier de mètres d’épaisseur, voire à des couches de sels potassiques en Alsace. Parallèlement, sur les zones de plateforme voisines, les évaporites ne sont représentées que par des couches de sulfate.
Le continent africain aussi connaît, à l’Oligocène, une phase de fracturation continentale et l’une de ces cassures qui affecte le Nord-est du continent va, en s’ouvrant au cours du Miocène, produire la séparation Afrique-Arabie le long du fossé de la Mer Rouge. Un autre évènement qui aura des conséquences très importantes sur l’évolution de la structure hydrologique de l’océan se produit vers 40 Ma, avec l’individualisation d’une étroite bande marine qui commence à séparer l’Antarctique de l’Australie et préfigure ainsi l'Océan Indien. C’est le début de l’isolement de l’Antarctique en position polaire et l’amorce des circulations circum-antarctiques qui vont bouleverser le climat global de la Terre.
En France, il est difficile d’établir des coupures majeures au sein du Paléogène au cours duquel la mer forme des golfes à l’extension très changeante au gré de nombreuses avancées et reculs marins. Sous la dépendance de la mer du Nord et de l’Atlantique, un golfe occupe le Bassin de Paris dont la mer se retire définitivement à l’Oligocène (Stampien), après avoir laissé, au Ludien, les célèbres couches de gypse du sous-sol parisien. La mer demeurera dans le golfe d’Aquitaine jusqu’au Miocène moyen (16-11 Ma), dans les bassins armoricains jusqu’au Pliocène (5-2 Ma), et n’abandonnera définitivement le sud de la France qu’au Tortonien (11-7 Ma).
Au Néogène la déformation est encore active dans les principaux systèmes montagneux en formation, voire paroxysmale pour certaines (Andes, Himalaya) et des mouvements verticaux de très grande ampleur portent certaines parties des chaînes jusqu’à une altitude proche de l’actuelle.
Pour ce qui est de l’aire européenne, le sillon périalpin assure, du Miocène inférieur à moyen, la liaison de la Méditerranée avec le bassin de Vienne et rejoint l’extrémité orientale de la Méditerranée à travers les Balkans. Dans des sillons situés au front de la chaîne alpine (bassin molassique suisse) ou des Carpates (avant-fosse carpatique) s’accumulent d’énormes épaisseurs de dépôts terrigènes provenant du démantèlement de ces chaînes.
La Méditerranée connaît également d’importants évènements puisque, au Miocène inférieur, le bloc Corse-Sardaigne se détache de l’ensemble continental ibéro-provençal à la faveur de cassures ouvertes pendant le rifting oligocène, et amorce une rotation vers l’Est ouvrant, entre 21 et 18 Ma le bassin océanique profond de la Méditerranée occidentale. Au Miocène moyen (16-11 Ma), le poinçonnement de l’Eurasie par la sous-plaque arabique qui s’écarte de l’Afrique le long du fossé océanique de la mer Rouge finit par interrompre les dernières communications marines qui unissaient encore l’espace méditerranéen à l’Océan indo-pacifique ; le sillon périalpin se ferme et la Méditerranée acquiert son identité hydrologique. Cette fragmentation affecte également l’ensemble mer Rouge - Golfe de Suez et le bassin mésopotamien de la Syrie à Ormuz qui reçoivent d’épaisses accumulations d’évaporites. Au nord de la chaîne alpine, la mer qui baigne le Nord des Carpates, de Vienne à la Mer Noire (Paratéthys) est de plus en plus morcelée donnant lieu à des épisodes évaporitiques, comme dans l’avant fosse péri-carpatique, pour aboutir finalement à la situation actuelle caractérisée par la seule persistance de la mer Noire et de l’immense lac qu’est en fait la mer Caspienne. A partir de 9 Ma, se forme le petit bassin océanique tyrrhénien, enregistrant ainsi la naissance de la Méditerranée, avec des contours et une morphologie qui préfigurent ceux de l’époque actuelle. Ces phases d’ouverture océanique en Méditerranée s’accompagnent d’intenses déformations dans la chaîne des Apennins et d’un important volcanisme. Dans le Massif central français, commencent à s’édifier vers 11 Ma les grands appareils volcaniques comme le Cantal. A partir de 6 Ma (Messinien inférieur), la collision des plaques Afrique et Eurasie achève d’écraser les communications entre la Méditerranée et l’océan Atlantique, au travers de la région bético-rifaine, conduisant à la crise de salinité messinienne. A la fin du Miocène terminal (5 Ma), le Jura et les chaînes subalpines chevauchent les dépôts des bassins périphériques de la Bresse et du couloir rhodanien.
Dès le début du Pliocène (5 Ma), les eaux atlantiques envahissent brutalement la Méditerranée à la suite de l’ouverture du détroit de Gibraltar. Dans le sud de la France, qui a connu une longue émersion pendant le Tortonien supérieur et le Messinien, la mer fera de brèves incursions dans des rias, notamment la ria rhodanienne au Pliocène. En dehors de l’aire européenne, l’évolution géodynamique vers des conditions proches de l’Actuel se poursuit avec les mouvements verticaux importants qui affectent les chaînes andine et himalayenne et avec l'établissement de l’isthme de Panama, vers 3 Ma, et ses conséquences sur les circulations océaniques.
3. Climats et circulations océaniques
La composition isotopique de l’oxygène (18O/16O) et du carbone (13C/12C) du carbonate des tests de foraminifères benthiques et planctoniques fournit un enregistrement précis de la structure thermique de l’océan et des changements qui l’ont affectée et, avec les variations de composition de la faune et de la flore, permet de cerner avec précision l’évolution du climat. L’amélioration de la résolution chronologique des études en se rapprochant de l’Actuel fournit un cadre chronologique relativement précis de ces changements.
Au Paléocène (65-53 Ma), le climat chaud de la fin du Crétacé se maintient et s’accentue, atteignant un optimum à l’Eocène inférieur, entre 53 et 50 Ma. Les flores tropicales s’étendent alors au-delà de 50° de latitude dans les deux hémisphères, peut-être en relation avec une saisonnalité peu contrastée, et l’Antarctique connaît un climat relativement chaud et humide. Le niveau de l’océan est donc élevé ainsi que la température des couches profondes. Après cet optimum thermique, un refroidissement s’opère jusque vers 40 Ma et à partir de 34 Ma apparaissent dans les sédiments de l’Océan austral les premiers débris abandonnés par les glaces flottantes (icebergs). C’est à cette période que l’Antarctique, isolé des eaux septentrionales plus chaudes par l’amorce du courant circum-antarctique s’englace progressivement. C’est une première étape importante dans l’évolution vers les conditions modernes de circulations océaniques et celles du climat. Cet épisode de refroidissement général est particulièrement sensible aux hautes latitudes avec l’apparition d’hivers marqués. Corrélativement le niveau marin s’abaisse. Après un deuxième épisode de refroidissement accompagné d’une chute du niveau marin à l’Oligocène (vers 29 Ma), une tendance au réchauffement se marque jusqu’au Miocène inférieur, notamment en Europe.
Le Miocène moyen marque une nouvelle étape majeure dans l’évolution vers les
conditions modernes. Vers 22 Ma le courant circum-antarctique a déjà acquis des
caractéristiques proches de celles de l’Actuel bien que d’intensité plus faible.
A partir de 15 Ma, des couches de glace permanente s’installent sur
l’Antarctique et le volume des glaces s’accroît fortement jusqu’à 11-10 Ma,
recouvrant les parties est, puis ouest de ce continent, mais avec des
fluctuations marquées ce qui est un trait majeur de cette période. Il s’ensuit
un important abaissement du niveau océanique. A cette époque, la structure
thermique de l’océan est déjà marquée par de fortes différences entre les eaux
profondes et de surface. Cette réorganisation des circulations océaniques et le
renforcement des systèmes d'alizés induisent une intensification des systèmes
d'upwellings (remontées d’eaux profondes fertiles) ce qui se traduit notamment
par le dépôt de couches de diatomites autour du Pacifique. Malgré d’importantes
fluctuations, la calotte glaciaire antarctique atteindra son développement
maximum au Miocène terminal, entre 6 et 5 Ma, avec un volume de 50 % supérieur
aux maxima antérieurs. De cette période pourrait dater un début de glaciation,
au moins saisonnière, de l’Océan Arctique et de l’Alaska. Le niveau océanique
est plus bas, avec des pics d’abaissement maximum au Tortonien et pendant le
Messinien supérieur au cours duquel la chute a pu atteindre une cinquantaine de
mètres. L’aridité s’accroît dans l’hémisphère nord et c’est le moment où la
Méditerranée connaît l’épisode de la crise de salinité dans l’évolution de
laquelle les fluctuations glacio-eustatiques du niveau océanique ont joué un
rôle important.
Au Pliocène, le climat se réchauffe de nouveau jusque vers 3 Ma. La calotte
glaciaire antarctique se réduit de manière significative. Un nouvel épisode de
refroidissement général intervient au Pliocène terminal, à partir de 2,6-2,3 Ma,
en même temps que l’englacement des régions arctiques. Le refroidissement
affecte l’Europe et l’aridité s’accentue dans de nombreuses régions, notamment
en Afrique. Une végétation de type toundra caractérise l’Europe du nord tandis
que des conditions steppiques s’installent en domaine méditerranéen. Avec la
fermeture de l’isthme de Panama, le Gulf Stream commence à se mettre en place.
Succédant aux extinctions massives de la fin du Crétacé, le Cénozoïque marque un profond renouvellement et une diversification de la faune qui préfigure celle actuelle; les changements les plus spectaculaires sont la diversification des mammifères et celle des angiospermes, parallèlement à celle des insectes et des oiseaux.
Au Paléocène inférieur, une première diversification produit des formes
ancestrales de mammifères qui, pour la plupart, disparaîtront à la fin de
l’Eocène. Les Marsupiaux, qui ont survécu à la grande crise continuent de se
développer, tandis qu’apparaissent les premiers ancêtres des primates.
A l’Eocène (55 Ma), s’opère une deuxième radiation qui se traduira par le
développement des mammifères placentaires et la disparition des formes de
vertébrés primitifs du Paléocène. La faune mammalogique, généralement de petite
taille, est marquée par une nouvelle diversification avec les Edentés, rongeurs,
carnivores, Artiodactyles, Périssodactyles, Proboscidiens, Cétacés, Siréniens,
Chiroptères, Primates qui colonisent tous les environnements, terrestres, marins
et aériens. Commence l’évolution des Equidés qui, depuis les très petites formes
de l’Eocène, évolueront vers le cheval actuel.
Le début de l’Oligocène (vers 34 Ma) est marqué en Europe par un changement
faunique très profond dont les causes sont multiples. Des modifications
climatiques sont survenues au cours de l’Eocène supérieur et ont conduit à un
climat plus frais et plus sec d’où une transformation de l’environnement et des
extinctions et remplacements au sein de la faune. Le rétablissement de liaisons
terrestres entre l’Europe occidentale et l’Asie (régression de la mer
ouralienne), du fait de l’abaissement du niveau marin et de mouvements
tectoniques dans les régions alpines, a permis l’immigration en Europe de
nombreux animaux d’origine asiatique. C’est la « Grande Coupure » de Stehlin. La
faune acquiert des caractéristiques plus proches de l’actuelle, avec notamment
les premiers Félidés, Canidés, rhinocéros, ours..... ; les premières baleines
proches des formes actuelles se développent dans l’Océan austral, accompagnant
le démarrage du courant circum-antarctique.
Au Miocène (vers 14 Ma) apparaît le premier hominidé, Ramapithecus. Vers
5 Ma, les grands singes (gorilles et chimpanzés) se diversifient. Au cours du
Pliocène, la faune de vertébrés acquiert ses caractéristiques modernes
(camélidés, porcs, ours, chevaux, carnivores, antilopes, girafes......). La
diversification des Hominidés s’accentue avec le genre Australopithecus dont les
premiers restes remonteraient à 4 Ma ; le célèbre squelette de Lucy qui
appartient à l'espèce Australopithecus afarensis a été découvert dans des
terrains vieux de 3,3 Ma. Le genre Homo apparaît vers 2,5 Ma, en Afrique,
avec Homo habilis.
En domaine marin, dans le nannoplancton calcaire, les premiers discoastéridés apparaissent après la crise Crétacé-Tertiaire (vers 60 Ma) et vont se différencier pendant l’Eocène. En domaine côtier, les mollusques connaissent un développement particulièrement important. Les grands foraminifères connaissent une évolution très rapide, dont témoigne la prolifération des nummulites à l’Eocène. La diversité des foraminifères planctoniques et du nannoplancton calcaire a fortement diminué à la fin de l’Eocène-début de l’Oligocène. Au Miocène, les Foraminifères planctoniques effectuent une nouvelle radiation jusqu’à un maximum de diversité au Miocène moyen, à la différence du nannoplancton calcaire dont la diversité n’augmente qu’à partir du Miocène moyen. Le trait dominant du Miocène moyen, qui en fait une période charnière, est l’essor des diatomées qui deviennent, à partir de cette époque, l’un des composants majeurs du plancton océanique au niveau des ceintures à haute productivité et des zones d’upwelling côtier. En témoignent les couches épaisses de diatomites que l'on connaît à la périphérie de l’Océan Pacifique, comme la très célèbre Formation Monterey de l’Ouest des Etats-Unis et du Mexique ou les moronites en Espagne et, plus tard, au Messinien, le tripoli du bassin méditerranéen. Les diatomées prolifèrent également dans tous les autres environnements aquatiques, les mers fermées ou semi-fermées (formation du Tripoli de la Méditerranée au Messinien), les fjords et même les lacs, comme les diatomites du Miocène moyen d’Hellin en Espagne, du Miocène supérieur des Coirons en Ardèche ou du Pliocène du Cantal.
En ce qui concerne la flore, le Cénozoïque voit le développement des Angiospermes et, dès le Paléocène, celui de la forêt décidue (arbres à feuilles caduques), mais qui demeure faiblement diversifiée, tandis que les premières graminées se développent. A l’Eocène, les flores tropicales à sub-tropicales s’étendent au-delà de 50° de latitude tandis que les latitudes très élevées se couvrent de forêts de conifères. La fin de l’Eocène marque un changement rapide de la flore avec l’expansion de la forêt décidue vers les basses latitudes en même temps qu’une diminution de la diversité qui s’accroîtra de nouveau à l’Oligocène. Le Miocène voit le développement extensif des forêts de conifères aux hautes latitudes et celui de la prairie aux hautes et moyennes latitudes.
5. Les dépôts sédimentaires au cours du Cénozoïque
D'abord, en France et dans les pays voisins, les dépôts se répartissent en des bassins d'importances diverses, pouvant pénétrer profondément dans notre territoire. Le Bassin de Paris en est le type : il se prolonge d'une part vers la Belgique, et d’autre part vers la côte anglaise du Hampshire. Les dépôts très indépendants de la Craie sous-jacente, sont alternés de calcaires et argiles ou sables marins coupés, surtout sur les bordures, de calcaires lacustres.
Cependant, tout à fait à la base, le dépôt isolé du Montien s'est étendu de la Belgique vers Beauvais, Paris et Reims: on l'a souvent réuni à la Craie, mais il offre une faune cénozoïque.
L'Eocène inférieur, proprement dit, comporte deux transgressions dont chacune constitue un cycle sédimentaire: celle du Thanétien, les Sables de Bracheux en France, aboutit à l'extension maximale, mais saumâtre, du Sparnacien : Argile plastique, Lignites du Soissonnais, avec ses dépendances purement continentales, Grès de Breuillet, Argiles « kaoliniques », Poudingue de Nemours. L'ensemble constitue l'étage Landénien chez nous, en Belgique.
L'Yprésien, Argiles des Flandres et de Londres, Sable de Cuise, constitue un second cycle débutant par le gravier de Sinceny et partie du Sparnacien, pour se terminer également par une dessalure, mais moins marquée.
En Belgique, l’Yprésien est représenté à Egem par des argiles à lentilles coquillères et très fréquentes dents de requins, qui présentent une couverture de sables. Un banc de grès verdâtre car glauconieux, surmontant ce sable, contient de nombreux moules internes de mollusques et des dents de squales et de raies incluses dans la roche. Juste sous ce niveau durci, se trouve une lumachelle à petites Venericardia planicosta assez fragiles. Ce banc contient assez bien de restes de raies et de requins. Encore en dessous se trouve une épaisseur importante de sables à Cymbolostrae cymbula et très fréquentes Nummulites planulatus. On peut y remarquer trois niveaux à concentration de dents de squales. Le plus bas, et aussi le plus riche, se situe un peu au dessus de l’eau dans la partie inférieure de l’argilière. On le repère par temps humide en examinant les lentilles sableuses coquillères sur le front de taille. Il est difficile à accéder car le fond de l’argilière est très bourbeux. Un deuxième niveau se trouve approximativement aux environs des rails de l’excavatrice. Enfin, un troisième niveau, le moins riche de tous, mais sans nul doute le plus facile à atteindre se trouve sous le banc de grès. On y a retrouvé 37 espèces de bivalves, 60 espèces de gastéropodes et une cinquantaine d’espèces de poissons.
L'Eocène moyen ou Lutétien est l'époque du Calcaire grossier parisien, elle se termine aussi par des épisodes saumâtres et lacustres, ceux-ci constituant une ceinture autour de la région parisienne.
Le Lutétien est représenté chez nous par les « sables d’Aalter », verdâtres à noirâtres de glauconie, dont les affleurements forment un triangle dans les environs d’Aalter. Ces sables contiennent une faune de coquilles assez riche en exemplaires mais plus pauvres en espèces. Peu de restes de vertébrés y ont été retrouvés mais il existerait des bois fossiles en calcédoine dans certains niveaux de ces sables. Les coquilles de loin les plus connues sont les grandes Venericardia planicosta lerichei qui ont été fréquemment retrouvées avec leurs deux valves en connexion dans certains niveaux. Au total, 110 espèces de fossiles y sont répertoriées, mais cette faune n’a plus été étudiée depuis 1871. Sur les plages de Knokke et Cadzand (Frontière des Pays-Bas) on peut trouver des coquilles fossilisées des sables d’Aalter qui ont été remaniées par l’érosion. Des dents remaniées n’y sont pas rares.
Le Bruxellien, dont les affleurements principaux sont concentrés dans les environs de Bruxelles (Woluwé-Saint-Lambert, Kraainem, Zaventem, Nederokerzeel, Steenokkerzeel…) est un sable grisâtre à lentilles contenant des coquilles et des dents de requins. La faune bruxellienne est très proche de celle du Lédien. Elle est nettement moins remaniée et les dents sont parfois d’un rose rougeâtre fort esthétique. A Nederokkerzeel, la faune de coquille est extraordinairement riche et très proche de celle trouvée à Damery en Champagne. Malheureusement, elle est tellement fragile que la récupération en est très aléatoire.
Le Lédien est constitué de sables jaunâtres, les « Sables de Lede », dont le gravier de base est connu pour sa fantastique richesse en dents de poissons, de requins et de raies. Ce gravier comprend de petits galets jaunâtres, des coquilles et bien sûr les dents de poissons. Ces dernières sont souvent remaniées mais peuvent être très belles. La faune des dents remaniées est celle de l’Yprésien et du lutétien. Les dents de raies sont brunes à noires, tandis que les dents de requins ont une couronne de couleur grise à bleutée en passant par le rose et une racine plutôt brune à noire. Le niveau à gravier se trouve à Balegem juste sous le banc de grès. A Oosterzele, il se trouve sous le banc de grès mais il en est séparé par une épaisseur de sable qui varie entre 50 centimètres à un bon mètre. Le gravier jaunâtre peut être repéré en regardant les fronts de taille et en repérant les niveaux à coquille. Dans le tamis, on retrouve fréquemment les petits tubes de vers spiralés Rotularia nysti, des fragments de brachiopodes Terebratula kickxi et des rostres de céphalopodes Belosepia sepioidea, ainsi que des Venericardia planicosta très fragiles. Les « Sables de Lede » peuvent être observés à lede, Balegem, Osterzele, Vlierzele, Kraainem, Woluwé-Saint-Etienne…
Dans l'Eocène supérieur, nous ne figurons qu'un étage, le Bartonien. Il comprend dans le Bassin parisien les Sables moyens de Beauchamp et de Marines, coupés du calcaire lacustre de Saint-Ouen; puis l'horizon à Pholadomya ludensis avec la partie la plus inférieure du Gypse parisien.
Durant l'Eocène, il y eut aussi dans l'Ouest une extension marine lutétienne, dépendant de l'Atlantique et qui pénétra dans le bassin terminal de la Loire; et divers lacs lutétiens et bartoniens. La fin de l'Eocène est en outre marquée par un écoulement vers le nord de sables granitiques issus du Massif Central, entrainant localement des chailles jurassiques: sorte d'alluvionnement qui va se poursuivre avec diverses intermittences.
Dans le Midi, un grand sillon sous-pyrénéen, avec fosse profonde dans la région de l'Adour, s'allongeait jusque dans la Provence occidentale après avoir traversé l'actuel Golfe du Lion: un relief montagneux, joignant les Pyrénées aux Maures, devait le contenir au sud. Mais dès la fin du Crétacé tout le fond de ce bras est devenu lacustre, avec des retours partiels de la mer, dont le plus important est celui du Lutétien qui atteint le centre du Languedoc. En même temps, du côté atlantique le domaine marin s'étend dans la région aquitaine, et couvre tout l'entour du Golfe de Gascogne avec en son fond une auréole de formations continentales. La corrélation entre la succession très variée de ce côté et celle du Bassin de Paris, établie à la fois sur les faunes marines, quoique assez différentes, et sur les Mammifères des nombreuses intercalations continentales, est une des plus belles synthèses de la Géologie.
Dans le Sud-Est, la mer se localise dans le domaine alpin: il s'y fit des changements très intéressants, en relation avec les mouvements orogéniques. Ceux-ci ont ici, comme dans les Pyrénées, leur plus grande activité durant la seconde moitié de l'Eocène.
L'Oligocène se définit dans les territoires nordiques, comme un autre cycle de sédimentation complexe. Au Tongrien, la mer règne en Belgique et dans le centre de l'Allemagne, avec les Sables de Vliermaël et de Lattorf, puis l'assise de Hénis, qui sont respectivement représentés du côté parisien par la partie moyenne et supérieure du Gypse, y compris le gisement célèbre des Mammifères de Montmartre, et par les Marnes supra-gypseuses. Ici le faciès n'est pas franchement marin, il le deviendra à l'étage suivant.
L’Oligocène est représenté dans la région parisienne par les sables stampiens : assise de Jeurs et assise de Pierrefitte. Mais ici l'étage se termine par une nouvelle assise, exclusivement lacustre, le Calcaire d'Etampes. Les couches finales de l'Oligocène, encore marines plus au nord, sont remplacées au sud de Paris par du calcaire lacustre. Aucun dépôt marin n'y vient après le Stampien.
La transgression oligocène est aussi marquée dans l'Ouest, non seulement dans la Basse-Loire, mais aussi vers Rennes où elle a rempli un bassin de subsidence; autour de la Gironde et dans le Bassin de l'Adour. Dans le domaine alpin, après les grands mouvements orogéniques, la mer se rétablit dans un bras périphérique, mais plus extérieur que n'était le chenal éocène. Au contraire, dans la Provence et le Languedoc, et dans les Limagnes à travers le Massif Central, aussi dans la plaine d'Alsace et de Mayence traversée en long par le Rhin, il s'établit un ensemble de lagunes très remarquables, qui paraissent tirer leur salure d'un régime de « chotts » plutôt que d'une pénétration de la mer : ces lagunes sont riches en produits de précipitation, du gypse avec le soufre qui en dérive, des bitumes et même, dans le sud de l'Alsace, le riche gisement de sels potassiques. Toutefois durant l'Oligocène moyen la mer elle-même a pénétré dans cette vallée du Rhin, où l'on trouve la réplique de la série d'Etampes. En liaison avec ces considérations climatiques on peut noter l'importance particulièrement grande, à l'Oligocène, en Europe occidentale, des minerais de fer en grains associés aux sables et argiles continentaux (Sidérolitique) et des poches ossifères (Phosphorites) ; d'autre part des dépôts gypseux.
L’Oligocène belge se présente sous la forme de sables (Sables de Kerniel, Sables de Grimmertigen) et surtout sous la forme d’argiles (Argile de Boom de l’Oligocène moyen ou Rupélien). Il existe des faciès lagunaires, riches en individus mais pauvres en espèces, les « Sables et Marnes d’Alde Bierzen » ainsi que les « Glaises de Héni »". Actuellement seule l’Argile de Boom est encore visible sur les fronts de taille de nombreuses argilières dans la province d’Anvers et de Limbourg ( Boom, Rumst, Niel, Reet, Terhagen, Schelle, Kruibeke, Burcht, Hemiksem, Sint-Niklaas, Steendorp, Tielrode…)
L'Aquitanien, suivant les cas, se place à la fin du groupe oligocène ou bien apparaît comme le début du Miocène: c'est notamment le cas dans le Golfe du Lion, où il présente les premières formations tertiaires qui soient marines. Il est d'ailleurs, sous ce faciès, très localisé, et ne se reconnaît d'autre part qu'autour de la Gironde et de l'Adour. Par contre, son extension lacustre est considérable, dans tout le Centre de la France, et dans le Midi, avec de très beaux gisements de Mammifères.
Le Burdigalien, début du Miocène sensu stricto, transgresse tant dans le bassin de la Garonne que dans celui du Rhône où, partant du delta actuel, il finit par submerger tout un sillon péri-alpin, à travers les collines du Dauphiné et de la Suisse, jusqu'en Autriche. Mais le meilleur type en est fourni par les Faluns du Bordelais. Pendant ce temps, le Bassin de Paris continuait son évolution continentale, et de grands fleuves descendaient du Massif Central pour noyer la cuvette de Beauce, et même se déverser temporairement jusqu'à la Manche actuelle: Sables de l'Orléanais, aux classiques gisements de Mammifères, et de la Sologne.
Avec l'Helvétien la transgression miocène est à son maximum: non seulement elle s'étend dans le Bassin de la Garonne, surtout à son bord sud, et dans le sillon péri-alpin avec toute la côte du Languedoc; mais elle envahit toute une partie du Bassin de la Loire où se déposent les Faluns de la Touraine.
Le Tortonien, qui termine dans le bassin méditerranéen la série marine, prolonge aussi le dépôt précédent avec les Faluns de l'Anjou; dans le Bassin de la Garonne il présente avec l'Argile de Saubrigues un faciès vaseux qui lui est fréquent. C'est dans le Sud-Est l'argile de Cabrières; le Sahélien d'Algérie doit être rattaché au même étage. Les faunes marines en sont remarquables par la présence d'un important contingent de fossiles qu'on tient souvent pour caractéristiques du Pliocène.
Dans le domaine méditerranéen, toute la partie supérieure de l'étage passe au régime laguno-continental, sans que de notre côté l'intercalation saumâtre, dit sarmatique en Orient, soit bien réalisée. Le Miocène se termine par un abaissement général de la mer sur toutes nos côtes, bien en dessous du niveau actuel; en sorte que nous n'en voyons affleurer que la formation continentale du Pontique, laquelle d'ailleurs peut localement se poursuivre durant l'époque suivante, le Pliocène.
Le Miocène belge est représenté par des faciès sableux qui sont constitués en autres par les « Sables de Zonderschot », les « Sables d’Anvers », les « Sables de Deurne » et les « Sables d’Edegem ». La faune du Miocène belge est exceptionnellement riche avec 450 espèces de mollusques, 120 espèces de poissons, requis et raies sans compter les coraux, bryozoaires, crustacés et mammifères marins.
Les « Sables de Zonderschot, verts à noirs car glauconieux, comprennent une exceptionnelle faune de mollusques bien conservés. On y retrouve aussi de beaux coraux solitaires et des piquants d’oursins réguliers ainsi que de rares dents de squales.
Les « Sables d’Anvers » noirs car très glauconieux, comprennent une belle faune de mollusques mais ils sont moins nombreux et moins beaux que dans les « Sables de Zonderschot ». On y retrouve aussi de beaux coraux solitaires et des piquants d’oursins réguliers ainsi que des dents de squales bien plus fréquentes. N’étant pas remaniées, ces dents sont fréquemment bien préservées. On y retrouve occasionnellement des dents du remaniées du Lédien. Les fossiles caractéristiques sont les Glycymeris lunulata baldii, mais aussi les Arca diluvii.
Les « Sables d’Edegem » verts foncés à noirs car glauconieux, contiennent nettement moins de mollusques que les autres sables miocènes mais ils sont néanmoins riches en restes de vertébrés. Leur position stratigraphique n’est pas claire. Selon certains chercheurs, ces sables appartiendraient au Miocène inférieur sur base des mollusques typiques. Selon Hooyberghs et De Meuter, leur étude des foraminifères les a conduits à placer tous les Sables d’Edegem dans l’Oligocène supérieur. Selon Gaemers, les Sables d’Edegem de Terhagen et de Rumst devraient plutôt appartenir aux Sables d’Anvers ou aux Sables de Kiel, tous deus d’âge Miocène moyen.
Pendant le Pliocène, la mer revient, quoique avec moins d'ampleur qu'à l'époque précédente, et submerge cependant de larges étendues côtières dans le Roussillon, dans les Alpes-Maritimes ; elle envahit les parties basses de vallées qui s'étaient creusées durant la régression pontique. Il en est ainsi dans la Basse-Loire, où cette mer a laissé des sables coquilliers, des argiles; et dans la vallée du Rhône et ses affluents, où elle a remonté très loin, avec la succession assez régulière d'argiles plus ou moins profondes, de sables à tendance saumâtre et de cailloutis. Ce Pliocène se partage en deux étages seulement, l'Astien avec un faciès d'argile dite plaisancienne et un faciès de sable; et le Calabrien, surtout caillouteux, mais remarquable par l'invasion en Méditerranée d'une faune boréale. En France, cet étage est surtout représenté par son faciès continental, dit Villafranchien. Le retrait de cette mer pliocène correspond à l'établissement de l'hydrographie quaternaire.
Il faut noter que jusqu'au Pliocène inclus, et même encore un peu par la suite, nos territoires ont subi des gauchissements assez notables. Le plus remarquable est l'affaissement, probablement par subsidence, du Golfe du Lion autour duquel les formations pliocènes s'inclinent pour passer sous la mer actuelle; tandis qu'au contraire le domaine subalpin a subi un relèvement sensible.
Un fait remarquable au Tertiaire est l'importance prise par les formations continentales, et notamment celles qui renferment des ossements de Mammifères : on les rencontre soit dans les formations stratifiées, lacustres ou fluviales d'où ces fossiles peuvent gagner les formations marines; soit dans des poches à remplissage sédimentaire, comme le Sidérolitique, ou des poches de simple décalcification comme les Phosphorites du Quercy. Ces Mammifères, d'abord représentés par des types compréhensifs, comme les Condylarthres du début de l'ère, présentent une évolution remarquable. Au cours de l'Eocène, tous les ordres actuels se constituent, et certains s'éteindront sans descendants. Les faunes se différencient rapidement et, en outre, s'enrichissent de temps à autre par des migrations de types cryptogènes : les principales en Europe occidentale sont celles du Sparnacien, puis de l'Yprésien; plus tard l'apparition des Rhinocéros, Anthracotherium et certains Suidés durant l'Oligocène inférieur; celle des Proboscidiens avec les Equidés vrais au Burdigalien, ensuite des Singes; puis vient la faune pontique à Hipparion et, enfin, avec le Villafranchien l'apparition de Elephas, Equus et Bos.
Ces faunes évoluent d'ailleurs différemment selon les régions et certains groupes restent cantonnés en Amérique, ou dans l'hémisphère sud.
On estime la faune pliocène des environs d’Anvers à environ 350 espèces de mollusques et 50 espèces de poissons. Le Pliocène belge se présente sous un faciès sableux appelé localement « Scladisien », du nom latin de l’Escaut : Scaldis. Ce facies comprend deux formations distinctes : la Formation de Kattendijk et la Formation de Lillo.
Tout d’abord, la partie inférieure est constituée par la « Formation de Kattendijk ». C’est un sable glauconieux verdâtre à coquilles et fréquents ossements de Cétacés. Ce sable repose sur l’Argile de Boom et débute par un « gravier de base » de quelques centimètres d’épaisseur et constitué de gros galets de grès noirâtre. Ces galets prennent assez souvent la forme de moules internes et externes de mollusques. Ces galets se sont formés après le dépôt du sable car on retrouve de temps en temps des dents, plus ou moins remaniées, autour desquelles le grès a « précipité ». Ce gravier de base est surtout connu pour sa grande richesse en dents de requin fossiles. Ces dents sont essentiellement remaniées des couches miocènes, mais elles sont régulièrement retrouvées en bon état. Elles sont également accompagnées de coquilles ainsi que de dents et d’ossements, entiers et fragmentaires de mammifères marins ; baleines, cachalots, phoques, dauphins…
Les ossements entiers de baleines sont essentiellement des vertèbres et des bulles tympaniques de l’oreille interne. On retrouve moins couramment des morceaux de côtes ou d’autres ossements car ils sont souvent beaucoup plus fragiles.
Les ossements de dauphins sont également représentés par des vertèbres et des otolites. Les phoques, quant à eux, sont représentés par les vertèbres (rares) et la sacrum ainsi que les restes du bassin montrant l’articulation des membres postérieurs.
On retrouve assez régulièrement aussi des dents de mammifères marins, les plus fréquentes sont celles de dauphins, mais il y a aussi du phoque, du cachalot et du squalodon.
Des vertèbres de poisson sont assez courantes, les vertèbres de requin sont relativement moins fréquentes.
Les moules internes de carapaces de crabes sont assez rares, mais on trouve plus fréquemment des fragments de pinces qui ont conservé leur carapace originelle.
On retrouve des « bancs rouillés » riches en oxyde de fer, et un fin niveau très riche en gastéropodes à enroulement aberrant : Petaloconchus intortus. L’épaisseur de ce niveau varie entre 2 et 20 cm environs. Un niveau riche en cos-quilles, et contenant quelques graviers, proche du sommet de ces sables contient une riche faune de sélaciens étudiées en 1975 par Jacques Herman.
Les fossiles caractéristiques permettant de reconnaître les « Sables de Kattendijk » sont bien sûr les dents de requins dont les très fréquentes Cosmopototodus hastalis, mais aussi les grandes térébratules, Terebratula variabilis et les gastéropodes déroulés Pelaloconchus intortus. Les galets noduleux noirs à moules internes permettent de repérer le gravier de base.
La partie supérieure du Pliocène belge est constituée par la « Formation de Lillo », et plus particulièrement les « Sables d’Oorderen, sables grisâtres à très fréquentes coquilles et ossements de cétacés beaucoup moins fréquents que dans les « Sables de Kattendijk ». Ces sables contiennent par contre une exceptionnelle faune de mollusque d’une très grande qualité. Par contre, les restes de requins y sont beaucoup plus rares. Les fossiles caractéristiques de ce niveau sont les Scaphella lamberti et les Neptunea contratria. Ces sables peuvent être observés à Kallo, Doel, Verrebroek, Lillo, Steendorp, Tielrode, Hoevenen…
L'ère quaternaire caractérisée, plutôt mal, par la présence de l'Homme, ne montre des formations marines que très exiguës sur les côtes actuelles; la faune ne diffère plus que par certaines migrations spécifiques. C'est ainsi qu'au début, définissant un sous-étage Sicilien, l'invasion de types boréaux, déjà notable au Calabrien, est très marquée en Méditerranée; tandis qu'ensuite, au Tyrrhénien, règne, au moins près du littoral une faune de Mollusques sénégaliens; pour aboutir au Flandrien à la faune tempérée de nos jours.
Le fait majeur au Quaternaire est l'énorme extension temporaire des glaciers, en même temps que se fait le creusement des vallées. Le climat évolue, et simultanément la faune terrestre: elle passe du régime chaud à Elephas antiquus au régime froid à. E. primigeniua, avant l'établissement des conditions actuelles. Ce changement de faune, s'il est en relation avec le phénomène glaciaire, ne lui correspond pas de façon immédiate, et se fait bien après le maximum, hors des régions directement englacées.
Carte géologique simplifiée avec formations du Tertiaire au nord de la Belgique.
Le Rupel est une rivière unique en
Belgique; en effet, elle n'a pas vraiment de source et est formée par la
confluence de la Nèthe et de la Dyle à Rumst. C'est une rivière soumise aux
marées, tout comme ses deux affluents, ce qui signifie qu'à marée haute et en
cas de tempête nord-ouest, l'eau peut monter très haut. La surélévation
des digues le long du Rupel jusqu'à 8m de haut faisait donc partie du
plan-Sigma.
La longueur totale du Rupel n'est que de 12
km. Jusqu'en 1997, le Rupel était le seul affluent en Belgique sur lequel les
petits bateaux de mer pouvaient naviguer. C'est une rivière difficilement
navigable. Pour aider les bateliers, il y a des balises qui indiquent où se
trouve le chenal.
Parce que les vaisseaux de mer plus grands ne pouvaient
emprunter le Rupel peu profond et sinueux, on creusa une nouvelle liaison avec
une nouvelle écluse à partir de l'Escaut vers le Canal Maritime de Bruxelles.
C'est ainsi que naquit une île entre le Canal Maritime et le Rupel, une île, maintenant
devenue réserve naturelle et appelée "l'Île du Nord".
D'autres rivières se jettent dans le Rupel, comme le Bosbeek, le Zwarte Beek, le Fabrieksloop, etc. Certains de ces affluents sont encore fortement pollués. Le canal de Bruxelles vers le Rupel se jetait auparavant dans le Rupel à Klein-Willebroek. On y trouve encore la très vieille écluse (fermée depuis 1979) et la vieille maison éclusière qui date de 1608 et qui a été aménagée en musée. Cette écluse est en cours de rénovation pour permettre l'accès au Canal Maritime, elle est également utilisée pour réguler la quantité d'eau dans le canal.
La région du Rupel est un site plein de
contrastes, situé au nord du Rupel (sur la rive droite) entre Rumst et Hemiksem.
On y trouve des châteaux, des musées, des domaines récréatifs et des réserves
naturelles comme par exemple sur l'île entre le Rupel et le Canal maritime, de
surcroît, les chemins de halage sur les digues offrent quantité de possibilités
récréatives.
Sur la rive gauche se trouvait entre Rumst et Willebroek une
carrière de sable, à hauteur du château "De Bocht", la preuve en est une fosse
qui sert maintenant comme site de sports nautiques
"Hazewinkel".
De plus, l'industrie briquetière et l'exploitation de l'argile qui y est directement liée (argile de Boom) façonnèrent une paysage historique unique. Ainsi diverses fosses à l'abandon ont été comblées avec de l'eau de pluie et transformées finalement en réserves naturelles, comme par exemple "les fosses argileuses de Niels". Une petite quantité de briqueteries sont encore en activité. Mais on trouve encore çà et là des bâtiments vides d'anciennes briqueteries qui témoignent de cette industrie régionale. Au-delà de Wintam, le Rupel se jette dans l'Escaut. Comme le débit du Rupel diffère de celui de l'Escaut, au confluent de ces deux rivières naît une sorte de tourbillon appelé "La Roue". Les bateliers doivent ici faire très attention, surtout lorsqu'ils abordent le Rupel.
Sur la rive droite vers l'amont se trouve
l'abbaye St. Bernard d'Hemiksem (1244). C'est une ancienne abbaye cistercienne
qui abrite maintenant trois musées.
Sur la rive gauche, dans la courbe formée
par le Rupel et l'Escaut, se trouve le schorre de Sainte Marguerite (schorre =
terrain inondé à marée haute). C'est ici que Napoléon fit construire un fort
pour contrôler la navigation à cet endroit important. De l'autre côté de
l'Escaut se trouve Rupelmonde, ville natale de Mercator. Tout près du confluent
du Rupel et de l'Escaut on trouve différentes grandes industries: une centrale
électrique, des usines de traitement des métaux, une malterie de Heineken,…
Le Rupel est une rivière qui témoigne d'une
histoire émouvante et qui évolue avec le temps. De vieilles industries se
perdent et de nouvelles viennent s'y installer. D'anciennes réserves naturelles
ont disparu mais elles sont continuellement remplacées par de nouvelles, souvent
en des lieux où autrefois étaient installées les vieilles
industries.
L'Argile de Boom, d'âge Oligocène moyen est
un dépôt détritique dont le caractère marin est attesté par la faune fossile s'y
trouvant et par les propriétés chimiques et minéralogiques de l'argile.
L'alternance des couches de quelques dizaines de centimètres de teintes grises variées est frappant et indique une sédimentation rythmique (Vandenberghe, 1978).
Leur succession est très constante dans
toute l'aire d'affleurement de l'Argile de Boom. Dans chaque carrière on peut
aisément se situer dans la série à l'aide de quelques niveaux-repère toujours
faciles à reconnaître sur les parois d'exploitation.
Ce sont notamment une limite nette entre
l'argile grise inférieure et l'argile noire supérieure, un horizon rose (paroi
sèche) ou rouge (paroi humide) au sommet de la partie inférieure grise et deux
horizons rapprochés très silteux dans la partie supérieure noire. En outre, les
caractéristiques des septarias facilitent aussi les corrélations.
Les couches inférieures de l'Argile de Boom
ne sont observables que dans l'argilière S.V.K. Le contact inférieur avec les
Sables de Berg, noyé dans la nappe aquifère, contient des grandes huîtres
(Pycnodonte callifera) et de grosses tubulations phosphatées. Les
caractéristiques des distributions granulométriques et les structures
sédimentaires suggèrent que la rythmicité prend son origine dans l'influence
périodique de l'activité des vagues sur le fond de la mer. Les horizons foncés
de l'argile résultent d'un enrichissement en grains de débris végétaux. A
l'exception de deux horizons foncés tous les autres sont groupés dans la partie
supérieure noire. Chacun d'entre eux débute soudainement au sommet d'un horizon
silteux pour se perdre dans l'horizon argileux sus-jacent.
L'argile en dessous de l'horizon rose est
légèrement carbonatée tandis qu'elle est décalcifiée au-dessus. Les niveaux très
carbonatés à l'origine sont actuellement résolus en alignement de septarias.
Ce sont des nodules calcareux en forme de miches, fissurés à l'intérieur. Les fissures des septarias sont tapissées de calcite ferreuse et d'un peu de pyrite,
de bornite voire même de marcassite; dans le
niveau S5 les fissures sont couvertes de cristaux octaédriques de pyrite très
souvent multicolores. Dans les septarias, Leda deshayesiana, le fossile
le plus commun dans l'argile, se trouve très souvent avec les deux valves encore
attachées mais il est aussi possible de trouver des exemplaires d'une qualité
insolente du genre Clavatula (gastéropode de la famille des Clavilithes), mais
aussi des Murex, des Aporhais, des dents de requin (souvent des Lamna
rupelensis, des Odontaspis vorax mais on y a aussi découvert des dents du genre
Megaselachus. On a notamment découvert du Megaselachus auriculatus et
Megaselachus angustidens et du Megaselachus megalodon. N'oublions pas non
plus les arthropodes, représentés par les crabes, souvent très bien conservés.
Le niveau S6 est caractérisé par un amas de pistes de vers lithifiées visibles
autour des nodules.
La pyrite, abondante dans l'argile, se présente en concrétions de formes et de dimensions diverses et aussi en couches; sa distribution est clairement liée aux matériaux organiques.
Les deux argilières de Sint Niklaas et de Kruibeke donnent accès à la quasi totalité de la série stratigraphique de l'Argile de Boom, telle qu'elle est connue à l'affleurement. L'excursionniste soucieux de préciser ses observations pourra examiner les excavations de la vallée du Rupel et notamment celles de Schelle et de Terhagen qui exposent la partie moyenne de l'Argile de Boom comme l'indique la coupe présentée ci-après.
Dans les affleurements de ce qui reste de la cuesta de Boom, l'argile est surmontée par quelques mètres d'un sable glauconieux fin contenant au moins deux niveaux très argileux sous lesquels gît chaque fois un lit fossilifère mal conservé avec Panopea menardi (De Heinzelin, 1962). A la base, un gravier de silex noirs renferme des fragments de coquilles roulés, des dents de poissons, des morceaux de pyrite et de phosphate. Ces sables sont connus sous le nom de Sables d'Edegem et sont classés dans le Miocène inférieur (Doppert, 1971).
Au-dessus, les Sables d'Edegem font place à un premier niveau de sable riche en fragments remaniés d’ossements de cétacés, de dents de poissons et de petits cailloux. Il est lui-même surmonté par un sable glauconieux décalcifié d'à peu près un mètre d'épaisseur, partiellement oxydé et contenant aussi des ossements.
Les sables ossifères sont les vestiges de
dépôts néogènes remaniés jusque dans le Pléistocène (Laga, 1971).
La partie supérieure du profil est composée de 2 à 3 m de sables fins et de limon sableux, légèrement jaunâtre, contenant des niveaux tourbeux; plusieurs niveaux de fentes de gel et des cryoturbations témoignent d'un climat très froid (Beeckmans et Verbruggen, 1974). Ce sont des sables limoneux éoliens et nivéoéoliens du Weichselien. La base des sables est jalonnée par un cailloutis de silex qui recouvre les fentes de gel développées dans les sables glauconieux remaniés.
Coupe de l'Argile de Boom à travers les différentes argilières (d'après le guide Masson intitulé "Géologie de la Belgique")
L'entrée de l'argilière Damman à Niel. Photo L.V.B.
Le "front de taille" de l'argilière Damman à Niel. Remarquons les couches d'argiles horizontales, certaines bleues, d'autres noires, d'autres encore vertes ou rose. Photo L.V.B.
Nous voici presqu'au fond de l'argilière Damman à Niel. Nous voyons nettement les différentes teintes d'argiles et sur le sol un monceau de déchets : les septarias, gros cailloux dont l'industrie briquetière n'a que faire. A mi pente, nous voyons des couches plus claires. Ce sont les couches à pyrite d'où j'ai tiré de belles dents de Megaselachus angustidens et Megaselachus auriculatus Photo L.V.B.
Et nous voici au fond de l'argilière. Nous distinguons nettement des horizons bleus, roses noirs et verts. De gros septarias jonchent le sol. Photo L.V.B.
3°. Le Megaselachus megalodon (= Carcharodon megalodon = carcharocles megalodon) et ses cousins
Imaginez un poisson d'une quinzaine de mètres de long doté d'une mâchoire munie de dents aussi longues que votre main…C'est le Megaselachus megalodon, ou plutôt c'était…
Heureusement, ceci est un montage trouvé sur Internet... quoique...
Les Anciens les appelaient glossopètres, pensant qu'il s'agissait de langues de serpents pétrifiées. Bernard Palissy, un savant français du 16ème siècle, fut un des premiers à avancer que ces pierres étaient en fait des dents de poissons proches des requins. Au milieu du 17ème siècle, un savant danois, Niels Stensen arriva aux mêmes conclusions qu'il présenta dans un petit livre en 1667: "Canis Carchariae Dissectum Caput". Il y décrivit les similitudes existant entre les dents de requins d'aujourd'hui et ces "langues de pierres" que l'on extrayait depuis des siècles des falaises de l'Ile de Malte. Pour lui ces dents étaient celles d'un requin géant aujourd'hui disparu. Le naturaliste suisse Louis Agassiz officialisa cette découverte en 1835, décrivant et nommant ce requin: Carcharodon megalodon (requin à grandes dents). Aujourd'hui, cet animal a été rebaptisé "Carcharocles megalodon" et plus récemment "Megaselachus megalodon" mais nous en reparlerons plus loin...
Dessin ancien
Ce requin gigantesque,
serait apparu à la période tertiaire au début du Miocène (-24 millions d'années
à - 5 millions d'années) pour s'éteindre officiellement il y a environ 1,5
millions d'années à la fin du Pliocène. De son passage dans nos océans, il ne
reste que des dents fossilisées de tailles impressionnantes pouvant atteindre 20
centimètres de hauteur. Seules de rares vertèbres fossilisées ont été
retrouvées, ceci étant dû à la nature cartilagineuse du squelette qui n'a pas
favorisé sa conservation
Les gisements de dents fossilisées permettent de penser que le megalodon fréquentait les eaux chaudes des océans. Les grands mammifères marins (cétacés), très nombreux au Miocène, servaient de proies au requin géant. On retrouve assez fréquemment des ossements fossilisés de dauphins ou de baleines près des dents de megalodons.
Photo collection L.V.B.
Puisque nous venons de visualiser une dent de Megaselachus megalodon, parlons-en, de ces dents.
Carcharodon (SMITH
1838).
Ce genre a
été proposé par Smith in Müller & Henle (1838), sans qu'une espèce soit
désignée. Le genre Carcharodon (SMITH 1838) est représenté par l'unique espèce
Carcharodon carcharias cantonnée dans les mers chaudes. Ce type dérive
probablement du Cosmopolitodus hastalis, dont une variante pliocène,
Cosmopolitodus escheri, qui présente des dentelures, indique comment a pu se différencier le genre
Carcharodon.
En 1960, Casier compléta le genre
de nouveau afin d'y placer deux nouveaux taxons : Paleocarcharodon et
Procarcharodon.
Les caractères principaux du genre
Paleocarcharodon sont : dents très comprimées irrégulièrement dentelées à leur
bord, et aux denticules latéraux dentelés, la racine est faiblement développée.
Les caractères principaux du genre
Procarcharodon sont : des dents très grandes et larges, peu comprimées, à
dentelures marginales et généralement régulières, parfois pectinées; les
denticules, présents dans les formes éocènes et oligocènes, disparaissent dans
les formes les plus récentes; la racine est très développée. Le type du genre
est Procarcharodon angustidens (AG.), 1843.
Le genre
comprend les espèces suivantes :
Procarcharodon auriculatus |
DE BLAINVILLE |
Éocène d'Europe |
Procarcharodon disauris |
AGASSIZ |
Éocène d'Europe |
Procarcharodon debrayi |
LERICHE |
Éocène d'Europe et du Nigéria |
Procarcharodon stromeri |
D. & C. |
Éocène d'Egypte et du Congo |
Procarcharodon angustidens |
AGASSIZ |
Oligocène, Miocène d'Europe |
Procarcharodon megalodon |
AGASSIZ |
Cosmopolite |
Procarcharodon megalodon indicus |
LERICHE |
Miocène des Indes |
Ce genre est connu du Miocène à
l'actuel; cependant, CASIER le fait commencer au Pliocène seulement. On peut,
selon lui, schématiser l'évolution des Carcharodon de la façon suivante :
Chez Paleocarcharodon, il y a
acquisition des dentelures sans perte des denticules.
Chez Procarcharodon,
il y a apparition des dentelures puis perte secondaire des denticules.
Chez
Megaselachus, il y a apparition des dentelures, précédées par la perte des
denticules.
A ce stade, on en est en droit de se demander si Megaselachus
megalodon est dans la lignée du grand requin blanc et est donc l’ancêtre de Carcharodon carcharias
ou si ils ne
sont pas sur la même ligne que le grand requin blanc
et donc tout au plus pouvons-nous les considérer comme des arrières cousins.
Photo collection L.V.B.
Les dents de Megaselachus megalodon ressemblent à de grands triangles noirâtres, incurvés. La racine est bilobée et d'aspect rugueux, contrastant avec l'émail de la lame, lisse. La lame est souvent fendue longitudinalement et le bord est denté à raison de +- 20 dentelures par centimètre. La racine mesure 7 à 8 cm de large tandis que la dent entière atteint facilement les 17 à 18 cm pour un poids de 300 à 400 grammes !!!
Etant donné que le Megaselachus megalodon est un poisson cartilagineux, les dents sont les seuls fossiles qui nous restent de ces animaux. Le squelette ayant totalement disparu.
Comment reconstituer un animal sur la seule base de ses dents ?
Puisque les dents de Megaselachus megalodon ont des points de ressemblance avec les dents du grand requin blanc, on pourrait extrapoler à partir de cela et obtenir une approximation acceptable.
On a donc rapidement constitué un stock de dents fossiles de plusieurs couleurs et de tailles diverses (la couleur des dents dépend de la composition chimique du sédiment dans lequel elles ont été déposées... on a ainsi trouvé des dents noires, pourpres, bleues, vertes, brunes, rouges, roses, oranges, jaunes, beige ou presque blanches... bien que la majorité des dents trouvées soient presque toujours foncées et la taille dépend de l'emplacement de la dents dans la mâchoire : plus grandes à l'avant et plus petites à l'arrière)
Avec ce stock, on a reconstitué des mâchoires sur le modèle de celle du grand requin blanc... et le résultat fut saisissant. C'est à ce moment que nous avons pu prendre conscience de l'énormité du megalodon. Cela donnait d'un premier abord une mâchoire de 3,40 mètres de haut sur 2,75 mètres de large, suggérant un monstre de quelques 25 mètres de long.
Cette première approximation a dû être revue suite aux travaux de John E Randall, célèbre ichtyologiste qui a découvert une corrélation entre la longueur de l'animal et l'épaisseur de l'émail de ses dents. Ces travaux ont conduit à l'élaboration d'un modèle établissant la taille de l'animal à +- 16 mètres de long pour une masse approximative de 48 tonnes alors que le plus grand requin blanc connu à ce jour mesurait 7,10 mètres pour un poids de 2,3 tonnes.
Quel est donc cet animal ?
Le corps est lourd, mais fuselé, la queue
en forme de croissant, museau court et conique, longues fentes
branchiales.
Le dos gris et le ventre blanchâtre à vert (extrapolation,
simulation, hypothèse)
Le genre Megaselachus est connu géologiquement à partir du Paléocène (65 millions d’années). Un requin de deux fois la taille du plus grand requin blanc connu avec des dents trois fois plus grandes. Cela suggère un animal monstrueux ayant une tête massive et des mâchoires disproportionnées. Cela suppose que l'avant de l'animal soit plus lourd et donc pour le rééquilibrer, il faut prévoir des ailerons pectoraux plus grands. Cela devrait lui donner une envergure d'un bout de la nageoire pectorale à l'autre bout de 8 à 9 mètres !!!
Quelques reconstitutions assez fantastiques de la mâchoire du Megaselachus megalodon trouvées de-ci et de-là sur Internet
Le megalodon
serait donc une espèce de gigantesque requin blanc aux mâchoires plus massives,
aux ailerons pectoraux plus longs. Une machine à tuer puissante qui serait
capable d'avaler un rhinocéros d'une bouchée !!
En caricaturant, je dirais que le megalodon est au requin blanc ce que King-Kong est au gorille : une variation plus grande et plus sinistre sur un même thème.
Il est évident que nous ne connaissons rien
des moeurs de ces animaux qui vivaient il y a bien longtemps et que l'homme
moderne n'a pas connu. Cependant, il y a des réalités fondamentales au
sujet des requins d'aujourd'hui que nous pouvons prolonger à leurs cousins
préhistoriques avec une confiance raisonnable.
Les requins sont des prédateurs opportunistes, prenant un large spectre de proies. En d'autres mots, un requin est un carnassier qui mange un peu de tout. Cependant, on peut considérer que la taille et la forme des dents nous renseigne plus précisément sur le type de proies que le requin privilégie. En effet, nous pouvons considérer que les dents crantées comme un couteau-scie sont tout à fait adaptées à arracher des pans entiers de viande sur des proies trop grandes pour être avalées entières. Nous pouvons donc imaginer facilement que ce requin gigantesque ne reculait pas à attaquer les baleines surtout s'il ne le fait pas seul. En supposant qu'un Megaselachus de belle taille, une femelle, par exemple, s'attaque à une baleine malade, blessée ou simplement attardée et donc qui ne profite plus de la protection du groupe. D'une bouchée, le requin lui arrache un pan de viande allant de 500 kg à une tonne. L'animal blessé va perdre abondamment de sang dans l'eau, ce qui va attirer sur les lieux du carnage quelques autres requins du même gabarit et qui vont en quelques bouchées déchiqueter et dévorer la baleine.
Il est fortement peu probable
qu'une cause simple puisse avoir entraîné la disparition des Megaselachus
megalodon. Pendant 14 millions d'années, ce requin gigantesque a vu
son aire de distribution s'étendre au monde entier. On peut dire qu’il est
ubiquiste : on trouve des dents dans le Miocène du monde entier, sur tous
les continents et dans pratiquement tous les pays ayant des dépôts de cette
période.
Ses dents fossiles sont connues en Europe,
en Afrique, en Amérique du nord, en Amérique du sud, en Océanie, en Indonésie,
en Nouvelle-Calédonie, en Australie et même en
Nouvelle-Zélande.
En général une espèce largement distribuée
comme celle-ci peut mieux résister à des périodes de bouleversement de
l'environnement que les espèces qui ont une aire de distribution réduite.
Prenons le cas du Grand Panda. Son environnement restreint se modifie, il
a été rapidement en danger et est maintenant déjà en voie d'extinction, malgré
les programmes de protection de l'espèce. Dans des conditions
défavorables, des populations ayant une aire de distribution réduite peuvent
rapidement diminuer et même disparaître mais une espèce cosmopolite aurait été
capable de supporter une modification de l'environnement d'un endroit précis du
globe.
Pour que ce requin monstrueux disparaisse, il a fallu que ce prédateur puissant ait été atteint par une combinaison de divers facteurs défavorables dont certains ont eu des effets de très grande envergure.
Le monde au temps du Megaselachus megalodon
est en pleine mutation. Entre le Miocène et le Plio-Pléistocène, les
continents continuent à se déplacer.
A l'époque Oligocène, l'Afrique entre en
collision avec l'Europe formant ainsi des mers intérieures comme la mer
Méditerranée, mer Noire, mer Caspienne et mer d'Aral. et fermant par la même
occasion une partie de la route circum-tropicale. Pendant le Miocène, le
continent indien s'encastre dans le continent asiatique formant lentement la
chaîne de l'Himalaya. Il en est de même pour la plaque du Pacifique qui
entre en collision avec la plaque américaine formant ainsi les Andes et
les Rocheuses.
Ces effets orogéniques ont modifié
radicalement les directions des vents et les répartitions des
pluies.
Tout ceci amène un refroidissement général
du climat qui a débuté dès l'Oligocène. Toute la terre en a été affectée
et on peut estimer cette baisse de température à plus ou moins 15 degrés.
Sous nos latitudes ce fut le début d'une période de glaciation qui dura près de
10 millions d'années. Il y a 5 millions d'années, l'isthme de Panama se
ferme terminant la fermeture de la route circum-tropicale. Pour se
déplacer dans les océans, les Megaselachus megalodon devront désormais passer
par le Nord et la calotte glaciaire ou par le Sud (Cap Horn ou Cap de Bonne
Espérance)
De son côté, le continent africain et le
continent américain ont continué à s'écarter l'un de l'autre, créant ainsi
l'océan Atlantique qui a continué et continue encore à
s'élargir.
Cela a modifié les courants marins, ce qui
a sûrement changé toute l'organisation de la chaîne alimentaire. Les
courants marins changent d'où une modification de la distribution du plancton et
du krill, d'où une modification de la distribution des baleines ancêtres...voire
une diminution de leur population d'où une diminution du nombre des grands
requins.
De plus, il ne faut pas oublier que les
glaciations ont figé en glace et neige une bonne partie de l'eau de la planète si
bien qu'on peut estimer une baisse du niveau des mer d'à peu près 200
mètres.
Ainsi, la température chutant et le niveau
des mer s'abaissant, nous pouvons estimer que de nombreuses régions marines ont
été interdites d'accès au megalodon, réduisant ainsi son
habitat.
De ce constat les scientifiques
pensent que la disparition du megalodon est liée au changement climatique du
milieu du Pliocène : la période glacière que la Terre a traversé aurait gravement
perturbé la vie de ce requin habitué aux eaux chaudes. De plus il est possible que
les grands mammifères marins se soient déplacés vers des eaux plus froides, là
où le megalodon ne pouvait les suivre. Des fossiles de baleines découverts en
Antarctique permettent d'affirmer qu'elles ont commencé à vivre dans ces eaux au
Pliocène.
Mais le grand requin blanc a survécu et
plein d'autres espèces de requins aussi... Alors pourquoi le Megaselachus
megalodon a-t-il disparu ?...
Il est vrai que c'est rassurant de se dire
qu'un requin similaire au grand requin blanc mais d'une longueur de 16 à 18
mètres avec des dents longues et larges comme votre main et pouvant engloutir un
rhinocéros d'une bouchée, n'existe plus.
Le film "Jaws" et d'autres romans
exploitent librement le sujet du requin monstrueusement gigantesque encore vivant parmi nous… avec un appétit en rapport avec sa
taille.
Voyons cela de manière tout à fait
objective, sans aucune passion.
Analysons les faits et faisons le tri entre
ce qui est vrai, ce qui est faux, ce qui tient de la réalité et ce qui tient de
la légende.
D'abord et avant tout, reconnaissons que le
Megaselachus megalodon a vécu dans toutes les mers du globe entre -16 millions
d'années et -1,4 millions d'années. Néanmoins il existe des dents
retrouvées sur les côtes des îles de l'Océan Indien, pêchées dans des nodules de
corail, aussi grandes que celles du megalodon, légèrement différentes de par
leur morphologie et qui ont été datées du Pléistocène et plus précisément de
-14.000 ans.... c'est-à-dire "au temps de l'Homme de Cro
Magnon".
Si la morphologie de la dent est un peu
différente, on peut estimer que c'est une espèce très proche, peut-être un
descendant immédiat du megalodon, mais de taille tout à fait
similaire.
14.000 ans, ce n'est pas si loin que ça de
nous !!!
Il y a 14 000 ans, les mammouths
s'éteignaient. Les hommes qui vivaient à cette époque et s'aventuraient dans les
mers ont peut être rencontré ce géant, le plus grand poisson carnivore de tous
les temps.
Je ne puis le dire avec certitude mais pour tenter d'apporter une réponse à cette question, je vais faire appel à une science parallèle : la Cryptozoologie. Littéralement l'étude des animaux cachés ou plus précisément l'étude des animaux inconnus ou non encore connus officiellement de la Science. Cette science a étudié et étudie des cas comme le calmar géant (Architeuthis dux), le coelacanthe (Latimeria chalumnae), le yéti, et bien d'autres animaux à mi chemin entre la légende et la réalité... mais qui, souvent se révèlent être bien réels.
Plus fort que Jaws (Les
dents de la mer), film adapté du roman de Peter Benchley, porté à l'écran
par Steven Spielberg : des requins ressemblant au requin blanc (Carcharodon carcharias), mais de taille nettement supérieure aux 6 à 9 mètres attribués
aux plus grands de ces squales, sont signalés dans les divers océans.
Le pour |
Le
contre |
Le Coelacanthe (Latimeria chalumnae)
était censé s’être éteint à la fin du Carbonifère, c’est-à-dire il y a
quelques 300 millions d’années, jusqu’à ce qu’un spécimen ait été capturé
dans l’Océan Indien en 1938. Nous savons maintenant qu’il y a une
petite survivance de ces poissons primitifs dans les eaux profondes de
l’Afrique Orientale et de l’Indonésie. Qui peut dire que le
Megaselachus megalodon ne suivit pas également |
Il est vrai que les coelacanthes ont
été déclarés éteints depuis la fin du Carbonifère. Cependant rien ne
prouve que parce qu’on en a retrouvé un qu’il en est de même pour les
megalodons. Jusqu’à présent nous n’en avons pas pêché en vue de
prouver cette théorie |
Moins de 5% de la quantité totale des
grandes profondeurs ont été explorés et même moins que cela prélevé
biologiquement. Pourtant nous savons que les requins vivent jusqu’à
3650 mètres de profondeur. C’est à cette profondeur qu’on a pêché un
spécimen de requin farfadet qu’on connaissait uniquement sous forme de
fossile : le Scapanorhynchus owstoni. Le spécimen vivant fut
rebaptisé Mitsukurina owstoni |
Bien qu’une toute petite partie de la
vie abyssale ait été prélevée et étudiée, les grandes profondeurs forment
un environnement exigeant de nombreuses spécifications. Au cours du
Miocène, il semble que le Megaselachus megalodon se soit cantonné dans les
mers peu profondes assez chaudes. Rien ne nous prouve qu’il ai pu
s’adapter au froid régnant dans les grandes
profondeurs |
Mitsukurina Owstoni, requin actuel,
photo aimablement prêtée par le Musée Océanographique de
Monaco | |
Nous savons aussi que les cachalots
plongent jusqu’à plus de 3000 mètres à la recherche de calmar. S’il
y a assez de nourriture à ces profondeurs pour nourrir des baleines de
plus de 18 mètres, il doit y en avoir assez aussi pour le
megalodon |
|
Basé sur le
taux moyen de dépôt de dioxyde de manganèse autour des noyaux composant
les dents des requins fossiles, certains scientifiques de renom comme
l’anatomiste britannique Wladimir Tschernezky ont déterminé en 1959 que
des dents de Megaselachus megalodon, le fameux requin préhistorique,
étaient âgées d’une dizaine de milliers d'années
seulement. |
Cette méthode de datation est sans
aucun doute moins fiable que celle utilisant les isotopes de
C14. Nous pouvons raisonnablement penser que cette
période est bien plus longue.
|
Quelques
témoignages
- Le
biologiste australien David G. Stead a mentionné plusieurs observations de
requins blancs démesurés dans les eaux australiennes :
"En mai 1939,
au cours de discussions dans la presse de Sydney au sujet de la taille des
requins, le capitaine J. S. Elkington du Queensland m'écrivit pour me
parler d'une observation qu'il fit en 1894 d'un grand requin au large de
Townsville Breakwater. (Je puis mentionner que le capitaine Elkington a passé
une partie considérable de sa vie au service de la mer, et a toujours été un
observateur avisé de la nature.) Il disait que pendant que la chaloupe de 35
pieds [10,5 m] dans laquelle il était se trouvait à l'arrêt durant une
demi-heure, ce requin resta à dix pieds [3 m] de la chaloupe, lui donnant
l'ample occasion de l'observer. "Ce n'était pas un requin pèlerin, écrivait-il,
mais un vrai de type blanc ou jaunâtre, qui se projetait de quelques pieds au
moins au-delà de chaque côté de la chaloupe. Cet observateur connaissait le
requin pèlerin et il était sûr que celui qu'il avait vu était le grand requin
blanc." (d'après Stead 1963).
- L'ancien as de l'aviation et
grand pêcheur (au gros !) devant l'Eternel, Pierre Clostermann rapporte dans son
livre "Des poissons si grands" (1969) un incident survenu 15 ans
auparavant au large de Timor (donc au nord de l'Australie), et attribué à un
gigantesque requin blanc :
"[...] en mars 1954, le cotre
australien Rachel Cohen passait en cale sèche à Adélaïde pour un
carénage. Quatorze dents de Carcharodon carcharias ayant en moyenne
huit centimètres à la base et dix-sept centimètres du collet à la pointe, furent
extraites de la quille en bois, juste à l'aplomb de l'arbre d'hélice
tordu. Le demi-cercle décrit par l'implantation des dents et des traces
avait pratiquement un mètre cinquante de rayon !
"Le capitaine du Rachel
Cohen se souvenait d'un choc nocturne violent lors d'une tempête au large de
Timor et avait conclu à une collision avec un des nombreux troncs d'arbre
flottant dans cette mer.
"Les ichtyologues australiens ont attribué environ
vingt-quatre mètres de long au possesseur d'une telle denture, attiré
probablement, comme cela est très fréquent, par les reflets de l'hélice."
(d'après Clostermann 1969).
Des observations de requins blancs
démesurés, de taille très supérieure aux plus grands requins blancs, ont été
rapportées spécialement dans les eaux australiennes et sud-africaines. Il
pourraient indiquer l'existence d'espèces encore inconnues, et il a même été
suggéré la survivance actuelle du requin préhistorique Megaselachus
megalodon, connu par des dents fossiles de dimension
impressionnante.
Je vous laisse juge…je vous laisse
peser le pour et le contre et vous forger une opinion sur la persistance ou pas
de cette espèce de requin gigantesque.
Evidemment, les scientifiques, en bons Saint Thomas attendent qu’on pêche un de ces monstre ou que la mer nous rejette une carcasse. Il sera alors bien plus aisé de conclure à son existence.
Quoi qu'il en soit, la prospection
d'une argilière nous permet de récolter de superbes dents de requin et de
superbes coquilles.
En voici quelques superbes
exemplaires...
Photo collection L.V.B.
Photo collection L.V.B.
Dans les couches supérieures de l'argilière, nous trouvons des couches datées du Miocène-Pliocène. Ce sont des couches de terres noires, vertes et brunes mêlées de sables et de graviers.
Nous y trouvons de belles coquilles... et d'autres choses encore...
Photo collection L.V.B.
En ce début avril 2004, j'ai eu
l'occasion de visiter une nouvelle fois l'argilière de Rumst, celle même qui
m'avait livré de belles dents de Megaselachus megalodon. On peut dire que
cette nouvelle visite m'a apporté de réelles satisfactions.
Sous les couches de couverture, dans les couches
d'argile sableuse de couleur noire-bleutée de l'Oligocène, j'ai pu mettre la main sur deux
belles dents de Megaselachus auriculatus
j'aurais aimé en ramener quelques septarias. Je les aurais voulus entiers, pour bien faire, afin de les faire scier pour en admirer leurs dessins internes et la fluorescence de la calcite qui y est contenue.
Arrivé sur place, malheureusement, tous les septarias visibles étaient en morceaux. Finies les belles illusions de pouvoir ramener une pièce entière grosse comme une roue de brouette. J'ai dû me résoudre à vouloir ramener des morceaux en cherchant de belles cristallisations de calcite et/ou de bornite.
C'est alors qu'en cassant des morceaux de septarias, un petit crabe fossilisé apparut avec encore une pince... Tout beau, tout joli...
Photo collection L.V.B.D'autres crabes viennent d'argilières voisines...
Photo collection L.V.B.
Photo collection L.V.B.
B. A la recherche de fossiles sur la plage de Cadzand et dans les Polders Noirs.
(D'après "Gids voor STRANDFOSSIELEN van Cadzand et Nieuwvliet-Bad haaien en roggentanden, schelpen, krabben, slangsterren, zoogdierresten" par Geode Geologische Vereniging Afdeling Amsterdam. Traduit du Néerlandais par Luc Van Bellingen et d'après "Fossiles de Belgique : Dents de requins et de raie du Tertiaire de la Belgique" par Dirk Nolf de l'Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique et avec annotations et renseignements personnels supplémentaires).
Du fait que les requins et les raies possèdent un squelette cartilagineux, seules leurs dents peuvent se fossiliser. Elles permettent cependant d'identifier chaque espèce et ainsi, de reconstruire des faunes fossiles.
Les poissons cartilagineux des terrains tertiaires de la Belgique comptent sans aucun doute parmi les mieux connus du monde. Les dents de requins font partie des fossiles les plus populaires que l'on puisse trouver en Belgique. Par leur forme gracieuse et le brillant éclat de leur couronne, elles exercent un attrait particulier sur beaucoup de collectionneurs. Populaires, elles le sont d'autant qu'on peut les récolter aisément dans les sédiments non consolidés tels que les sables, les argiles et graviers.
Leur grande solidité fait qu'elles présentent une résistance remarquable à l'érosion. Ainsi, lorsque au cours de l'histoire géologique, une masse de sédiments est érodée, les dents de requins et de raies qu'elle renfermait, sont souvent retrouvées à la base des sédiments qui se sont déposés ultérieurement. Accompagnés d'autres parties dures telles que les cailloux, ils forment alors un "gravier de base" dont l'épaisseur n'excède que rarement les 10 cm.
Certains de ces graviers peuvent contenir jusqu'à plusieurs milliers de dents par mètre carré. Ce sont surtout des graviers de base du Tuffeau de Lincent (Paléocène), des Sables de Lede (Eocène) et des Sables de Kattendijk (Pliocène) qui sont particulièrement réputés pour leur grande richesse en dents de requins.
On peut cependant affirmer qu'une certaine concentration de dents est observée à la base de presque chaque dépôt du Tertiaire belge.
Au sein des sables et des argiles, on rencontre également des dents, mais elles y sont nettement moins abondantes que dans les graviers de base. Par contre, leur état de conservation est bien meilleur parce qu'elles n'ont guère souffert de l'érosion liée au transport.
Finalement, on trouve aussi des milliers de dents de requins et de raies tertiaires comme élément remanié dans les dépôts quaternaires. Durant le Pliocène et le Quaternaire, la majeure partie du pays flamand fut sujette à une érosion intense ; dans certains endroits, l'épaisseur des sédiments déblayés par l'érosion peut être évaluée à plus de cent mètres. L'élévation actuelle au-dessus de la plaine de zones qui ont résisté à l'érosion, telles que le mont Cassel, le Mont Kemmel, le Mont Rouge, le mont de l'Enclus et les collines d'Oedelem nous fournit une mesure de l'épaisseur originale des couches érodées.
La majeure partie des sédiments disparus fut entraînée vers les parties plus profondes du Bassin de la Mer du Nord par les fleuves et les rivières. Les éléments les plus lourds et les plus résistants comme les graviers et les dents de requins sont retrouvés à la base de dépôts continentaux du Quaternaire déposés ultérieurement, ou ont été transportés dans des sédiments côtiers d'âge quaternaire.
De telles dents ne présentent pas un grand intérêt scientifique, puisqu'on ignore leur origine stratigraphique précise. Leur état de conservation, peut pourtant être encore très satisfaisant et certains de ces gisements s'avèrent d'une grande richesse.
Des dents remaniées sont également connues dans les sédiments quaternaires au large de la côte belge. On les trouve en quantité considérable dans les sables de dragage qui sont rejetés sur la portion est de cette côte pour remédier à l'érosion naturelle de ces plages.
Dans le village néerlandais de Cadzand, juste à la limite est de la côte belge, des dents de requins fossiles provenant d'affleurements sous-marins naturels sont fréquemment rejetées sur la plage. Depuis plus de trente ans, la récolte de dents de requins y est devenue une véritable attraction touristique.
De Knokke jusqu'aux Polders Noirs près de Nieuwvliet-Bad, nous pouvons découvrir sur les plages des fossiles surgissant du sable ou rejetés sur le rivage.
Les plus connus d'entre eux sont les dents de requins. Moins connus sont les restes fossiles de dauphins, de phoques, de poissons, de coquillages et de crabes et pourtant assez communs à trouver sur ces plages... mais souvent difficiles à reconnaître et à identifier.
A peu près tous les fossiles datent du Tertiaire, une période de l'histoire de la terre allant de -70 à -2 millions d'années.
Dans cet article, je vous livre quelques renseignements qui pourront vous aider dans vos recherches.
Du pavillon de la plage de Zeemeeuw, juste devant l'entrée du Zwin, jusque Knokke, vous pouvez trouver des fossiles sur la plage. Notez bien que les cartes indiquent l'emplacement des bancs de coquillages mais qu'à la faveur de tempêtes, de nouveaux bancs non répertoriés peuvent apparaître. Du Zwingeul en direction de Knokke, vous pouvez aussi découvrir de nouveaux sites fossilifères. Vous pouvez les chercher vous-même ou éventuellement vous renseigner sur leur emplacement exact au "Bezoekerscentrum" du Zwin.
Le meilleur moment est toujours une demi-heure après la marée car l'eau de mer a remué les bancs de coquillages de manière à faire remonter à la surface les fossiles présents.
Les couches de terre présentes près de la côte datent de l'Eocène et sont apparues sur la plage en janvier 1996.
Les dents de requin sont souvent d'un beau noir avec un fin reflet nacré d'une bonne qualité. Rarement plus grandes qu'un centimètre ou deux, les dents se découvrent souvent dans les débris de coquillages. Dans la direction de Knokke, aux alentours des jetées, des brise-lames, vous pouvez trouver des fossiles de coraux datant du Carbonifère et issus des pierres de construction de ces édifices qui proviennent d'une carrière de la région de Dinant.
Pour ceux qui veulent chercher des fossiles près de la tour radar, je peux conseiller deux périodes intéressantes : le printemps et l'arrière saison. Dans ces périodes, le vent du Nord-Ouest souffle puissamment et balaie le sable de la plage tandis que les grandes marées d'équinoxe lavent avec force les couches fossilifères, ce qui a pour effet de laisser visible les couches intéressantes. Pendant l'été, à la faveur de l'une ou l'autre tempête venant du Nord-Ouest, il peut arriver que vous découvriez quelques centaines de dents de requin. Ici aussi, il vaut mieux chercher juste après la marée. Sur la carte des Polders Noirs, vous pouvez situer les emplacements où vous pourrez avoir le plus de succès de faire des trouvailles.
Photo collection L.V.B.Des bancs de sable ont été crées pour lutter contre les courants marins et les coups de butoir des vagues qui érodent le littoral. Ces bancs de sables, ces dunes artificielles, ces digues, riches en fossiles, sont d'une importance capitale pour la protection de notre côte.
Les trouvailles faites après ajouts de sable ont comme désavantage de ne pas permettre au découvreur de savoir si le fossile provient de la plage mère ou des ajouts postérieurs.
Aux environs de 1982, un supplément de sable a été ajouté près de Knokke. Ce sable est issu de couches de l'Eocène et du Pléistocène. En 1988, la plage de Cadzand et de Nieuwvliet a été surélevée avec du sable provenant de "Sluissche Hompels" contenant plein de célèbres dents de requin.
Un tamis avec un maillage de 1cm sera sûrement suffisant pour un débutant. Un tamiseur plus expérimenté pourra utiliser un tamis à mailles plus fines en vue de récupérer les dents les plus petites, qui sont parfois les plus belles et les mieux conservées.
Cherchez sur la plage les bancs fossilifères, creusez à différents endroits un trou assez profond que pour atteindre la couche de terre ou le gravier de base (ceux-ci se trouvent sous les débris de coquilles). Souvent, vous y trouverez beaucoup de fossiles de coquilles. Vous continuerez, là où un autre aurait déjà arrêté car c'est avec de la patience que vous arriverez à vos fins : la découverte de la couche contenant les dents de requin si recherchées.
Si vous allez prospecter, veuillez respecter les quelques règles suivantes :
(Attention !!! Pas question de creuser les tranchées de la Guerre 14-18 ni d'entamer un second tunnel sous la Manche !!! et si par malheur on devait se faire jeter, il serait inutile que le personnel féminin tente un numéro de charme et il serait tout aussi inutile de leur montrer notre bon caractère typique du descendant de l'homme de Spy...)
Mill est une petit bourgade néerlandaise non loin de Nijmegen (Nimègue). Quand on entre dans la petite ville, on passe à côté d'un moulin très pittoresque et on se dirige vers Grave. La sablière se trouve sur la gauche de la route dans un bois non loin d'un moto-cross.
Les exploitants sont très sympathiques et laissent entrer les chercheurs.
Quand on entre, on a directement une vue sur les tas de sable mais ce n'est pas là qu'on doit chercher... Non, là, il n'y a qu'une pelleteuse...
Les tas de sable Photo L.V.B.Il faut longer le tas et se diriger vers le lac et là c'est une vision extraordinaire, hallucinante qui s'offre à nous.
Au milieu du lac, une dragueuse maintient au fond de l'eau (profondeur 7 mètres m'a-t-on dit) un gros tuyau de 70 à 80 cm de section. C'est une suceuse qui est reliée à un énorme pipe-line de fer. Une fantastique gerbe d'eau, de sable, de gravier, de cailloux se déverse alors sur la berge. Dans tout cela, il y a des coquilles et des dents de requin. Il suffit d'approcher un tamis du remous provoqué par le jet d'eau et il se remplit en un rien de temps de tout ce que la suceuse aspire.
Le pipe-line Photo L.V.B. Le chercheur approche son tamis monté sur roulettes du remous... Photo L.V.B.
Le tamis plein de d'objets divers (coquilles, graviers, cailloux, dents, os de baleine... ) est alors trié et les déchets versés sur le petit tas, un peu en retrait... Photo L.V.B.
Une vue d'ensemble montrant bien les conditions de travail titanesques... en plus, ce jour-là il faisait un froid de canard et il pleuvait... un temps à ne pas mettre un chercheur de fossiles dehors... Photo L.V.B.
S'il ne faut pas tamiser puisque le sable s'évacue naturellement avec l'eau, les conditions de travail sont dantesques. Il faut des bottes, un imper qui recouvre tout le corps car on est constamment complètement trempé par les embruns chargés de sable... Pouahhhh !!! Beark !!! On en mange plein... Ca crisse sous les dents...
Photo collection L.V.B.Il y a aussi plus près de nous Kallo, Doel, Verrebroek et Hoevenen, les travaux du nouveau port d'Antwerpen
Kallo, Doel, Verrebroek et Hoevenen sont des endroits où ont été déposés des tas de sables provenant du creusement des docks du nouveau port d'Anvers.
Photo collection L.V.B.Situation géographique de Kallo
Situation géographique de Doel
Doel, par rapport aux travaux d'extension du port
Doel, le Village qui ne voulait pas mourir...
Doel est un petit village vieux de 700 ans dans le polder belge sur la rive
gauche de l'Escaut. Bien que Doel soit seulement un très petit village, sa
silhouette est bien connue partout en Belgique et aux Pays-Bas, car il accueille
une centrale nucléaire avec deux tours géantes de refroidissement.
Outre le moulin et la centrale, le village de Doel possède au moins deux édifices qu'il convient de signaler : L'église paroissiale Notre Dame de l'Assomption et le Hooghuis.
L’église paroissiale, dédiée à Notre-Dame de l’Assomption, fut édifiée en style néoclassique entre 1851 et 1854 selon les plans de Lodewijk Roelandt, architecte municipal de Gand. Le mobilier cependant comprend des œuvres d’art plus anciennes, telles que des statues du sculpteur anversois H. F. Verbruggen (XVIIe siècle) et de E. A. Nijs (XVIIIe siècle). L’orgue est classé monument depuis 1980. L’église, endommagée suite à des affaissements, fut entièrement restaurée entre 1996 et 1998. Les couches solides du sous-sol se situent à Doel à environ 11 mètres de profondeur, alors que les fondations destinées à soutenir l’édifice ne s’enfoncent en terre que de 7 mètres. Cela explique pourquoi l’église penche assez fortement aujourd'hui.
L'église Photo L.V.B.
Le Hooghuis (litt. maison haute, classé monument historique), achevé de bâtir en 1614, dans le style renaissance flamand, avec monumental encadrement de porte en style baroque. L’intérieur n’est pas sans intérêt, avec ses plafonds en chêne et deux monumentales cheminées baroques du XVIIe siècle. L’édifice était au XVIIe siècle le siège de l’administration du polder, mais a aussi été le manoir appartenant à de riches bourgeois anversois. Le Hooghuis est ainsi associé au nom de Rubens, cette demeure ayant été probablement la propriété de Jan Brandt, père d’Isabelle Brandt, la première épouse du peintre, et, ultérieurement, de Jan Van Broeckhoven de Bergeyck, qu’Hélène Fourment épousa en secondes noces, après le décès de Rubens.
Le "Hooghuis et sa porte Photo L.V.B.
Au début des années soixante, le port d'Anvers avait atteint toutes les
possibilités disponibles d'expansion sur la rive droite de l'Escaut. Les
Autorités Portuaires d'Anvers ont commencé à construire un vaste réseau de
quais, des canaux d'interconnexion, et des écluses sur la rive gauche, au sud de Doel. Dans le début des années 1970, les Autorités portuaires ignorant les
protestations des agriculteurs et des villageois ont commencé à exproprier des
maisons dans les villages de plusieurs polders (Oosterweel, Oorderen, Wilmarsdonk et Lillo). On peut dire qu'on a
délibérément sacrifié les communautés rurales locales au profit des intérêts
industriels et économiques.
Les groupes de protestation et des politiciens locaux ont réussi, dans les années 1970 à retarder l'inéluctable. Ils ont pu mettre temporairement un terme au plan d'expansion vorace vers le Nord de l'Administration portuaire et le village de Doel a été crédité d'une décennie d'espoir renouvelé, renforcé par une attraction touristique florissante. La résistance s'organise autour d'un "Comité de village". Farouchement décidés à rester sur place, les habitants manifestent leur désir de rester jusqu'à ce qu'on les déloge manu militari.
La résistance Photo L.V.B.Pourtant, les rêves de survie du village ont été de relativement courte durée. Au milieu des années nonante, des plans pour un nouveau quai et de deux terminaux à containeurs ont à nouveau resserré l'étau autour du cou de la petite bourgade. En 1998-1999, le gouvernement régional flamand a signé le verdict de mort du village, en approuvant la construction de deux nouveaux terminaux à conteneurs. Le premier, Deurganckdok, est opérationnel depuis 2005. Il est situé juste au Sud de Doel. Selon les plans initiaux, le deuxième terminal, Saeftinghedok devait être construit quelques années plus tard. Si jamais cela se concrétise, il effacera Doel de la carte.
Les habitants étaient alors divisés en deux groupes : d’une part, ceux qui souhaitaient rester et, d’autre part, ceux qui au contraire avaient fait choix de partir mais qui voulaient lutter pour obtenir un règlement d’expropriation clair et équitable. Le 1er juin 1999, le gouvernement flamand décida, après une modification provisoire du plan de secteur intervenue en 1998, que Doel devait disparaître.
Après les élections et le changement de gouvernement de la région flamande en 1999, une étude
fut effectuée, sur insistance du parti vert Agalev, concernant la viabilité de Doel après l’achèvement du nouveau
bassin Deurganckdok. Cette étude, dont les conclusions allaient dans le sens
d'une survie possible du village, ne remit pas en cause la modification
du plan de secteur, ni la décision déjà prise de faire disparaître Doel.
Cette perspective tout à fait sombre conduit de nombreux villageois désabusés de
vendre «volontairement» leurs maisons à une société semi-publique
d'expropriations : la Maatschappij voor Grond- en
Industrialisatiebeleid van het Linkerscheldeoevergebied (Société de gestion
foncière et d’industrialisation de la Rive gauche de l’Escaut, en abrégé
Maatschappij Linkeroever), Bien que le gouvernement a promis de garder le village intact
jusqu'en 2007, cette société a refusé de louer temporairement des maisons
vacantes aux habitants candidat, préférant laisser les propriétés aller à la
ruine. Ce processus de négligence préméditée a miné les chances de survie du
village et a causé une diminution drastique du nombre d'habitants passant de 957
en 1995 à 359 en 2007.
1677 | 1786 | 1794 | 1805 | 1808 | 1824 | 1876 | 1960 | 1975 | 1980 | 1985 | 1990 | 1995 | 2000 | 2001 | 2002 | 2003 | 2005 | 2006 | 2007 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
594 | 1320 | 1236 | 1454 | 1462 | 1598 | 2511 | 1503 | 1114 | 989 | 882 | 920 | 957 | 810 | 661 | 526 | 442 | 391 | 388 | 359 |
En même temps fut nommé en 1999 un médiateur social, chargé de mettre à exécution le plan d’accompagnement social et d’assister les habitants qui quittent le village volontairement. Le 31 décembre 2003, ce plan social vint à son terme. Cette manière de procéder a permis de rendre exsangue, en seulement quelques années et sans coup férir, une grande partie du village. Le 1er septembre 2003, l’école communale fut fermée après constatation que seuls 8 élèves s’y étaient inscrits.
Depuis lors, si le nombre d’habitants officiel a poursuivi sa baisse, le nombre réel s’est progressivement accru. Cela s’explique, pour petite partie, par l’arrivée de nouveaux locataires dans certaines maisons expropriées, et pour majeure partie par le fait que des squatteurs avaient occupé les immeubles vacants (les estimations se situent entre 150 et 200). Cet état de choses fut longtemps toléré par la Société propriétaire des maisons vacantes et par la municipalité de Beveren.
Début 2006, les médias se sont de nouveau intéressés à Doel en raison du grand nombre de squatteurs. Cela a concourut à répandre dans le public l’idée que Doel s’était, dans une certaine mesure, muée en une zone de non-droit, où l’on pouvait sans problème s’approprier un logement vacant, ce qui, à son tour, eut pour effet d’attirer de nouveaux squatteurs et de provoquer une vague de cambriolages. Le 22 mars 2006, le bourgmestre de Beveren annonça que les contrôles de police seraient intensifiés à Doel et que la tolérance zéro serait dorénavant en vigueur et toute activité illégale réprimée. Certains squatteurs cependant demandèrent à régulariser leur situation.
Ils ont restauré des maisons pour les rendre habitables. A présent, beaucoup de ces «nouveaux venus» ont contribué positivement à la viabilité du village et la vie sociale. Un art éphémère (Street Art - Graffiti) est né sur les maisons abandonnées, décorant les façades d'animaux fabuleux, donnant au village un aspect inédit attirant un nombre certain de "touristes".
À la fin de 2005, toutefois, les plans pour le deuxième terminal de conteneurs qui devait définitivement anéantir Doel ont été mis en veilleuse pour une période indéterminée. Cela a suscité de nouveaux espoirs que l'expansion du port pourrait s'arrêter à la frontière sud du village.
L'escargot-tour-de-Babel Photo L.V.B. L'alien Photo L.V.B. Le port et la centrale Photo L.V.B. L'homme-maison Photo L.V.B. Le mariage Photo L.V.B. La corneille Photo L.V.B. Le lapin en retard (Cf. Alice au Pays des Merveilles) Photo L.V.B. Le serpent (sculpture en tôle) Photo L.V.B. Le taureau (de toute beauté !!!) Photo L.V.B. Le rat Photo L.V.B. Le coq Photo L.V.B.
Après les rapports en 2006 sur les tensions sociales, les abus des services publics, et les dangers pour la santé, les autorités locales de la province ont décidé de régulariser la situation de tous les squatters bien intentionnés, ont expulsé les fauteurs de troubles et ont démoli les maisons délabrées.
Début septembre 2007, le tribunal des référés de Termonde a interdit la démolition de logements à Doel. La Maatschappij Linkeroever avait demandé quarante permis de démolition, dont une vingtaine avaient été accordés entre-temps. Le gouvernement flamand souhaite que 125 immeubles au total, soit environ une moitié des maisons du village, déjà acquis par l’autorité flamande, aient disparu d’ici fin 2007. Cela rejoint sa décision de mettre un terme final au droit d’habitation (woonrecht) en 2009 : toutes les maisons qui viendraient ainsi à se trouver vacantes seraient ensuite démolies. Cependant, quelques habitants de Doel, soutenus en cela par le comité d’action "Doel 2020", avaient saisi le tribunal de Termonde afin d’empêcher les démolitions. Sur le plan d’occupation du sol, Doel reste classé en zone d’habitation, le nouveau plan de secteur qui requalifiait Doel en zone industrielle ayant en effet quelques années auparavant été suspendu par le Conseil d’État. Le président du tribunal a jugé que les travaux de démolition seraient dommageables aux habitants restés sur place et dépasseraient les limites d'un simple sentiment incommode.
Par ailleurs, et dans le même temps, une délégation des habitants de Doel s’est rendue au Parlement européen à Bruxelles pour protester contre la démolition programmée de 125 logements. La délégation a remis une requête à la Commission des pétitions du Parlement européen.
En raison de ces développements, il semblait qu'il y avait encore une lueur d'espoir, mais le 23 mars 2007, le gouvernement flamand a décidé que Doel sera démoli de toute façon en 2009, même si le terminal Saeftinghedok ne se matérialise jamais.
En juin 2008, les habitants ont reçu une lettre officielle les informant que leurs maisons devraient être évacuées le 1er septembre 2009.
Aujourd'hui, lors de notre visite du 22 janvier 2012 quelques irréductibles (5 ou 6) semblent encore s'accrocher à un espoir bien mince et habitent encore le village.
Photo collection L.V.B.
Photo collection L.V.B.
Photo collection L.V.B.
Photo collection L.V.B.
Photo collection L.V.B.
Photo collection L.V.B.
Situation géographique de Verrebroek
Photo collection L.V.B. Lieux : Sablière de Verrebroek couche : Miocène / Pliocène Genre et espèce : Neptunea contraria Photo collection L.V.B. Lieux : Sablière de Verrebroek couche : Miocène / Pliocène Genre et espèce : Scaphella lamberti Photo collection L.V.B. Lieux : Sablière de Verrebroek couche : Miocène / Pliocène Genre et espèce : Balanus sp. Photo collection L.V.B. Lieux : Sablière de Verrebroek couche : Miocène / Pliocène Genre et espèce : Capulus ungaricus Photo collection L.V.B. Lieux : Sablière de Verrebroek couche : Miocène / Pliocène Genre et espèce : Laevicardium décorticatum Photo collection L.V.B. Lieux : Sablière de Verrebroek couche : Miocène / Pliocène Genre et espèce : Cyrtodaria angusta Photo collection L.V.B. Lieux : Sablière de Verrebroek couche : Miocène / Pliocène Genre et espèce : Aequipecten radians Photo collection L.V.B. Lieux : Sablière de Verrebroek couche : Miocène / Pliocène Genre et espèce : Ostrea edulis Photo collection L.V.B. Lieux : Sablière de Verrebroek couche : Miocène / Pliocène Genre et espèce : Pecten praegrandis Photo collection L.V.B. Lieux : Sablière de Verrebroek couche : Miocène / Pliocène Genre et espèce : Pecten praegrandis Photo collection L.V.B. Lieux : Sablière de Verrebroek couche : Miocène / Pliocène Genre et espèce : Galeoda bicatenata Photo collection L.V.B. Lieux : Sablière de Verrebroek couche : Miocène / Pliocène Genre et espèce : Galeoda bicatenata
Situation géographique du site fossilifère
Photo collection L.V.B. Lieux : Sablière de Hoevenen couche : Miocène / Pliocène Genre et espèce : Au dessus, reconstitution d'une mâchoire de Lamna sp. et en dessous, reconstitution d'une mâchoire d'Otontaspis sp. Photo collection L.V.B. Lieux : Sablière de Hoevenen couche : Miocène / Pliocène Genre et espèce : Megaselachus megalodon Photo collection L.V.B. Lieux : Sablière de Hoevenen couche : Miocène / Pliocène Genre et espèce : Cosmopolitodus hastalis Photo collection L.V.B. Lieux : Sablière de Hoevenen couche : Miocène / Pliocène Genre et espèce : Cosmopolitodus hastalis Photo collection L.V.B. Lieux : Sablière de Hoevenen couche : Miocène / Pliocène Genre et espèce : Hexanchus gigas7. Quelques données sur les requins et raies
Les requins et les raies montrent plusieurs caractères qui permettent de les distinguer rapidement de tous les autres poissons :
Quelques requins du tertiaire et leurs dents...en dessins, cette fois, de manière à "idéaliser" les dents pour une meilleure détermination...
Dessin d'après "Gids voor STRANDFOSSIELEN" Hexanchus gigas
Dentition de l'Hexanchus gigas côté gauche haut et bas Source : Bigelow and Schroeder (1948) F.N.W.A.
Hexanchus griseus (actuel)
Photo collection L.V.B.
Dessin d'après "Gids voor STRANDFOSSIELEN" Etmopterus
Dessin d'après "Gids voor STRANDFOSSIELEN" Alopias
Alopias actuel (requin renard) Source : Courtesy National Marine Fisheries Service
Dessin de la dentition provenant du spécimen pêché sur les côtes du Massachusetts et mesurant 13 pieds de long Source : Bigelow and Schroeder (1948) F.N.W.A.
Dessin d'après "Gids voor STRANDFOSSIELEN" 1.Galeocerdo aduncus 2.Squatina prima 3-4.Xiphodolamia eocenia 5.Galeocerdo latidens 6.Alopias latidens 7.Galeorhinus levefrei 8.Hexanchus gigas 9.Notorhynchus primigenius
Dessin d'après "Gids voor STRANDFOSSIELEN" Odontaspis
Odontaspis (requin taureau) d'après J.F. Lhomme
Dessin d'après "Gids voor STRANDFOSSIELEN" Lamna
Mâchoire de Lamna obliqua
Dessin d'après "Gids voor STRANDFOSSIELEN" 1.Lamna 2.Lamna rupeliensis 3-4.Carcharias cuspidata 5.Parodotus benedeni 6.Carcharodon carcharias
Dessin d'après "Gids voor STRANDFOSSIELEN" 1-2.Odontaspis winkleri 3-4.Otodus obliguus 5-6.Carcharias acutissima 7-8.Lamna lerichei 9-10.Striatolamia macrota 11-12.Carcharias hopei
Dessin d'après "Gids voor STRANDFOSSIELEN" Isurus
Photo collection L.V.B.
Dessin d'après "Gids voor STRANDFOSSIELEN" 1.Cosmopolitodus desori 2.Cosmopolitodus praecursor 3.Cosmopolitodus retroflexus 4.Cosmopolitodus hastalis
Dessin d'après "Gids voor STRANDFOSSIELEN" 1.Megaselachus angustidens 2.Megaselachus auriculaetis 3.Megaselachus megalodon
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Luc Van Bellingen