Le Carbonifère : Exploitation minière (3)
La mine et ses installations de surface : la partie visible de l'iceberg car en dessous ce n'est qu'un dédale de galeries.
Dessin L.V.B.
Le charbon dans sa réalité matérielle, objet de toutes les convoitises des 18ème, 19ème et 20ème siècle...
Tant de sueur, de larmes et de sang pour ces quelques cailloux noirs...
Entrée
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Recherches annexes
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Le Carbonifère |
1. Le Carbonifère 1.1. Etymologie et définition 1.2. Caractéristiques du Carbonifère 2. Les paysages du Carbonifère 2.1. Orogénie 3. La Belgique productrice de minerais |
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Le Carbonifère inférieur : Viséen - Tournaisien |
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Le Carbonifère supérieur : Westphalien - Stéphanien |
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L'exploitation minière du Charbon (1)
6. L'exploitation du charbon |
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L'exploitation minière du charbon (2)
7. L'exploitation du charbon L'exploitation minière du charbon (3)
8. Quelques thèmes pour continuer le tableau L'exploitation minière du charbon (4)
9. Les systèmes d'éclairage L'exploitation minière du charbon (5)
10. Les accidents miniers Le Peuple de la Mine (1)
11. Il était une fois le peuple de la mine 12. Quelques semaines, en compagnie d'un mineur
et de sa famille
12.1. Au petit matin
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8. Quelques thèmes pour continuer le tableau
8.1. L'alcoolisme et la prostitution
8.2. Sainte Barbe
8.3. Les chevaux dans la mine
8.4. Les terrils
8.5. Les corons
8.6. Cabarets, cafés et estaminets
8.7. Les outils du mineur
8.8. Les mineurs au cours du temps
8.9. Ouvrages décrivant la vie des mineurs au cours du temps
8.10. Reconnaissance des travailleurs du passé glorieux des mines
Au 19ème siècle, les ouvriers sont très mal payés, les conditions de travail sont très dures, certains gémissent sous le poids de l'exploitation sans cesse accrue : privés d'argent, affamés, ils manquent de logements, et vivent dans une horrible promiscuité.
Dans le Nord, on a vu dans les fameux corons, maisons de deux pièces bas et une chambre, reposer ensemble des individus des deux sexes et d’âges très différents, la plupart sans chemise, dans une saleté repoussante. Père, mère, vieillards, enfants, filles et garçons s’y pressent, s’y entassent. L’imagination ne doit reculer devant aucun tabou pour se figurer les choses innommables qui s’accomplissent dans ces lieux, au sein de l’obscurité. Adultère, viol, inceste, pédophilie sont le lot courant à cette époque.
Durant la révolution industrielle, grâce à la découverte de la machine à vapeur, les grandes distilleries virent s'ouvrir à elles d'innombrables possibilités. En effet, aux alentours de 1830, le feu direct, servant à chauffer les appareils de distillation, fut supplanté par la vapeur. Avec la machine à vapeur disparut la main-d'œuvre nécessaire à la réalisation de l'empattage. De plus, la colonne de distillation fabriquée par Cellier-Blumenthal écourta le processus. Signalons encore que la plupart des brevets et inventions (y compris de l'étranger) furent d'abord appliqués en Belgique.
Le régime d'accises favorable appliqué dans le nouvel État belge encouragea la naissance de nouvelles distilleries. En effet, la taxe portait non pas sur le produit fini, autrement dit l'alcool, mais bien sur le grain utilisé pour sa fabrication. A partir du milieu du 19e siècle apparurent un grand nombre de distilleries de mélasse qui transformaient les déchets des raffineries de sucre, selon le procédé de Dubrunfaut, en une substance alcoolisée peu coûteuse à haute teneur en alcool. A la fin du 19e siècle, ce liquide devint un concurrent sérieux du genièvre traditionnel.
Si l’on imagine les conditions de vies de ces gens, il n’est pas étonnant que beaucoup sombraient dans l’alcoolisme. L’alcoolisme devint le refuge des ouvriers qui pratiquaient les besognes les plus dures et qui y trouvaient l’illusion d’un monde moins cruel que celui où ils vivaient. Nombre de travailleurs noyaient leur désespoir dans une bouteille d’alcool ou de vin. Certains ouvriers y consacraient près du quart de leur maigre salaire.
Tableau scolaire d'antialcoolisme. 1918.
Il faut dire qu’à la fin du 19ème siècle, les cabarets pullulaient dans les rues, la moyenne Belge, était de 1 pour 30 habitants. Mais aux alentours des charbonnages la concentration étaient plus forte : dans certains quartiers populaires, et notamment dans certains corons, on comptait en moyenne près de trois débits pour cinq immeubles.
A cette époque, plus de 50 % du prolétariat était alcoolique avec toutes les conséquences que cela implique… dilapidation du maigre salaire; misère; famine; les maris alcooliques qui prennent la poudre d'escampette pour suivre une autre femme ou pire, une prostituée, laissant en plan leur épouse et leurs enfants; un peuple ouvrier qui n'a d'autre ambition que de "s'assommer" d'alcool pour effacer les conditions de survie bien souvent terribles qui rythment leur existence; des scènes effrayantes de crises de delirium; violence conjugale avec ces hommes qui battent leurs enfants et leur épouse; sans parler de l’hygiène déplorable et des épidémies de pneumonie, tuberculose, cirrhose...
Affiche pour l'érudition des masses populaires montrant avec un réalisme frisant l'horreur un alcoolique en pleine crise de délirium entouré de sa famille terrorisée.
Affiche condamnant à mort l'absinthe après que la communauté scientifique ait été témoin des ravages causés par cette boisson.
Chaque année, plus de 20.000 personnes mouraient à cause de l’alcool, et dix fois plus étaient atteintes d'une maladie liée à l'alcoolisme. De nombreux accidents dans le fond étaient provoqués par des ouvriers ayant consommé de l’alcool. Sans oublier les violences, la multiplication des délits de coups et blessures volontaires, les crises de folie, les délires et les suicides qui en découlaient. Le phénomène est aggravé en France par la loi du 17 juillet 1880 qui instaure la liberté de commerce des débits de boisson.
Affiche datant de 1920 dénonçant les méfaits de l'alcool.
En France, au 19ème siècle, la consommation de vin et d'alcool connut de fait, un spectaculaire accroissement. Les produits consommés étaient souvent d'exécrable qualité, falsifiés ou colorés à l'aide de divers produits naturels ou de synthèse. Par ailleurs, dans le cadre de sa politique sur les libertés publiques, la Troisième République triomphante facilita à l'extrême l'ouverture des débits de boissons (loi du 17 juillet 1880). Né dès la première moitié du siècle, amplifié après la Commune, le discours hygiéniste des philanthropes et des médecins tendit à décrire les classes populaires comme rongées par le fléau de l'alcoolisme. Les leaders ouvriers, socialistes de la première génération, reçurent mal ces considérations moralisatrices. Puis, dans les années 1890, le ton changea. L'alcoolisme et la fréquentation des débits furent désormais considérés comme des obstacles à la cause révolutionnaire, et un mouvement antialcoolique, syndicaliste et socialiste prit naissance. Cependant, l'alcoolisme ouvrier reste une inconnue, aucune statistique ne permettant de cerner la consommation alcoolique des classes sociales.
Ce sont les Suisses qui vont nous apporter
des éléments de réponse : En Suisse, 128 litres de boissons alcoolisées sont consommés par habitant en
1880 (dont 12 litres de boissons à plus de 40%) ; en 1900, on passe à plus
de 230 litres par habitant, et à 265 litres en 1920.
Sous l’effet des nouveaux produits alcoolisés apparus
en masse, mais aussi des changements sociaux (urbanisation et
industrialisation), les habitudes et les lieux de consommation de boissons
alcoolisées se modifient. Dans les cafés, les boissons distillées, en
particulier l’absinthe, remportent un grand succès auprès de la population.
Dès 1850, on assiste aux débuts de la médicalisation des dépendances aux
toxiques, et notamment à l’alcool. Les médecins, observateurs de la
modification des habitudes de consommation de boissons alcoolisées, créent
le terme "alcoolisme chronique", pour décrire les lésions physiques créées
par la consommation excessive et durable d’alcool. Ils montrent que
l’alcoolisme est associé aux grandes maladies du moment, comme la
tuberculose. L’hygiénisme en vogue au tournant du 19e siècle fait de
l’alcoolisme un vice "populaire" : des corrélations sont établies entre
alcoolisme et criminalité, alcoolisme et mouvements révolutionnaires ou
anarchistes, alcoolisme et dégénérescence de la nation. Dans le dernier tiers du 19ème siècle,
les populations des faubourgs et des usines commencent à être assimilées à des "classes dangereuses".
C'est ainsi que Maupassant et Zola dépeignent sans aménité leurs vices
tandis que d'éminents savants dissertent sur les déterminants héréditaires
ou anthropométriques du crime. En Belgique, la loi
sur les accises de 1896, qui entraîna notamment une forte augmentation des
droits d'accises sur le boissons alcoolisées, et l'intense lutte du parti
des ouvriers en vue de la suppression du droit de servir du genièvre dans
les débits de boissons aboutirent, en 1919, après la Première Guerre
mondiale, à la Loi Vandervelde. Cette loi allait interdire aux
aubergistes d'écouler des boissons alcoolisées d'une teneur en alcool
supérieure à 18 degrés. Cette fameuse loi et le fait que l'occupant allemand
démantela la majorité des distilleries afin d'en détourner le cuivre
hautement stratégique eurent pour effet de faire s'effondrer le marché du
genièvre et de favoriser fortement la bière comme boisson de consommation
courante dans les débits de boissons. L'Etat a compris alors que c'était dès
l'école primaire qu'il fallait stigmatiser les jeunes sur les méfaits de l'alcoolisme afin d'éviter au
maximum les dérapages quand ils seront devenus adultes. 12 tableaux muraux (1902) destinés aux écoles sont exécutés
par le peintre Jean Geoffroy et affichés dans les salles de classe
dépeignent la descente aux enfers et la déchéance d'un bon père de famille
devenant alcoolique.
Corruption et vices règnent, et l'existence
de ces malheureux, auxquels une étincelle pourrait rendre leur dignité d'hommes, se passe entre l'alcool et
les femmes. En effet, l’alcoolisme
n’est pas la seule cause de démoralisation. Assujetties à la terrible
promiscuité de l’usine, les jeunes filles et les femmes en supportent toutes
les conséquences. Car n’oublions pas les droits que s’arrogent parfois des
employeurs et des contremaîtres sans scrupules. Il faut céder à leurs
avances ou se faire renvoyer. Dans le Nord, dans les
corons, ce qu’on appelle le "cinquième quart de journée" est devenu
courant. Beaucoup de filles et de jeunes femmes des manufactures, usines et
mines quittent souvent leur lieu de travail dès six heures du soir et au
lieu de rentrer directement chez elles, vont parcourir les rues jusque huit
ou neuf heures, dans l’espoir de rencontrer quelque étranger qu’elles
provoquent dans l’espoir de se faire un peu d’argent en louant leurs
charmes. Si l’alcoolisme
commence à faire scandale dans la société industrielle et urbanisée de la
fin du 19ème siècle, par contre, une chape de plomb continue de recouvrir
l'inceste et le viol. La décence bourgeoise interdit d'évoquer ces maux très
réels même si, par ailleurs, les messieurs ne se privent pas de fréquentes
virées dans les bordels dont c'est l'heure de gloire. Et avec les
prostituées, déboulent les maladies sexuellement transmissibles comme hépatite, syphilis,
blennorragie, verrues génitales, herpès, mycose
génitale, infections à bactéries... Les antibiotiques n’existant pas encore,
ces maladies, dont la syphilis est la plus grave fait des ravages. En
effet, la syphilis est partout et tue un nombre incroyable de prostituées… et de clients. Au 19ème et même au début du 20ème, les garçons,
jeunes adultes, aiment passer du bon temps dans les maisons closes, ça forge le caractère. Quant
aux femmes, elles doivent évidemment rester vierges et pures comme des oies
blanches jusqu’au mariage… En revanche, une passe, ça peut coûter jusqu’à
20F à Paris, entre 3 et 10F dans les grandes villes, 1F dans les cités
ouvrières. Un numismate collectionneur
des pièces françaises en or de 5, 10, 20, 50 et
100F dites "IIème République", "Napoléon III" et "IIIème République",
m’expliquait que les pièces de 10F or étaient plus usées que les autres.
Elles avaient donc circulé bien plus que les autres. La raison en était
simple : c’était le tarif d’une passe en maison close. C’est dire si cela
fonctionnait ! Scène de fête par Giovanni Boldini.
Hommes attablés en compagnie de femmes légèrement vêtues par Guy Constantin
Evidement, pour ce prix, le client peut choisir la fille avec laquelle il va passer un moment. La patronne lui demande ses goûts et s'évertue à lui proposer des filles correspondant à ses désirs. Ces filles ne portent pas de nom mais portent un surnom qui reflète ce qu'elle représente :
A gauche "La Blonde" et à droite "La Brune"
A gauche "La comtesse russe" et à droite "La danseuse"
"La Juive"
"La Gentille"
Mais dans les cités ouvrières, il faut bien reconnaître que les maisons closes de ce standing sont bien rares voire inexistantes. La populace n’a pas de quoi se payer les services de telles prostituées. La condition misérable de l'ouvrier dans ce 19ème siècle est telle qu’il peut à peine nourrir sa famille… souvent nombreuse. Quant à l'ouvrière, il faut lui ajouter, à la charge de ses mêmes malheurs, une position bien inférieure à celle de l'homme qui se traduit notamment par une rémunération moindre et une soumission totale à l'homme au point de vue juridique due au code napoléon misogyne et patriarcal à bien des égards. C'est dans ce contexte particulier que se déroulent ici la prostitution occasionnelle et les rapports de force qui la motivent.
Elle peut prendre la forme d'une activité d'appoint, qu'on appelle à l'époque le "cinquième quart de la journée". Elle permet ainsi à l'ouvrière d'arrondir les revenus de ménage et devient une activité de secours quand le mari est malade, blessé ou que les salaires cumulés des membres de la famille ne permettent plus de vivre correctement. Les filles de la famille en âge de le faire (de 14 à 30 ans) peuvent pratiquer cette "activité d’appoint". La prostitution peut être une activité qui permet de survivre en cas de crises industrielles, de périodes de chômage, de crises économiques ou de grèves. Le manque de ressources qui s'accentue en ces périodes, amène un accroissement du nombre de prostituées dans les bassins industriels et miniers.
Prostituée de rue.
Une forme particulière d'exploitation sexuelle du corps de la femme est aussi le droit de cuissage exigés par certains patrons, petits chefs ou fils de patrons qui obligent parfois certaines de leurs ouvrières à leurs accorder des services sexuels, c'est pour eux un moyen de bénéficier de services sans devoir avoir recours aux prostituées, sans devoir se déplacer et à moindre frais. La menace de licenciement, de coups ou la promesse d'une meilleure situation financière instaure un rapport de force entre eux et leurs ouvrières tel qu’il est bien trop déséquilibré pour que celles-ci osent réagir. Ces hommes sont garantis d'impunité. La très faible éducation des femmes semble avoir aussi été l'une des causes de la prostitution, bien qu'il faille mettre cette dernière en corrélation avec la pauvreté et avec cette société patriarcale qui ne fait pas de l'éducation des filles l'une de ses priorités. Si cette pratique d’asservissement sexuel des ouvrières n'est pas réellement une forme de prostitution, elle s’en rapproche car le rapport de force financier y joue un rôle important.
La prostitution a son petit jargon, le ruban c’est le trottoir, celui que les prostituées se partagent. Les bordels ou maisons closes ne sont jamais bien loin, dans les quartiers bourgeois. Mais ici, dans les cités industrielles, minières, portuaires, tout se passe dans la rue, aux yeux de tous.
On dit qu’elles font "marmite". Alcoolique ou voyou, parfois simplement fainéant, ou tout simplement chômeur ou même travailleur ayant un salaire de misère pour nourrir une famille nombreuse, un homme loue sa compagne ou c’est elle-même qui se résout à pratiquer cette activité. A ce moment, c’est elle qui fait vivre la maison et remplit la marmite.
Elles sont belles, toujours habillées proprement, coquettes et rondelettes. Au 19ème et même début du 20ème siècle, une jeune fille à la longue crinière détachée, c’est indécent. Les filles de joie ont le cheveu et le sein libres. Féminines, leurs tenues sont colorées, excentriques et aguicheuses. Il leur faudra aussi abandonner les postures lubriques, le langage insolent et grossier. Elles sont jeunes : les trois quarts ont entre 14 et 25 ans. Il faut qu’elles attirent l’œil. Une fois qu’on les regarde, qu’elles captivent le client à lui donner envie. Maintenant. Tout de suite. Pas une autre. Ce sera elle. Enfin elle emmène l'homme dans une pièce. Selon sa condition, ce peut être dans une petite chambre dans un restaurant ou un atelier, c’est ce que l’on appelle un cabinet, ou encore une chambre d’hôtel, ou un recoin de rue peu fréquentée.
Au 19ème siècle c'est une politique réglementariste qui est en vigueur face à la prostitution.
Si la prostitution organisée et "discrète" des maisons closes est tolérée, il n’en est rien de la prostitution de rue. Le préfet de police Lépine est très clair : "Mes agents sont chargés de la répression et du racolage, de ce que j’appelle la prostitution scandaleuse. Je ne m’occupe pas de l’autre".
La répression avait trois objectifs principaux: un but hygiénique pour éradiquer la syphilis qui se répand dans le pays, un but nataliste surtout après 1870 et durant l’entre deux guerres. Le mari doit rester chez lui pour faire des enfants à sa femme et redonner à la France sa population d’avant 1914 (c’est crument dit… mais c’est la réalité !). Enfin, la prostitution est contraire à la morale et à l’ordre public.
Or la prostitution occasionnelle est clandestine, elle échappe donc aux agents des murs qui contrôlent l'hygiène des prostituées et la conformité des maisons de soutien. Cette prostitution est d'ailleurs plus gênante aux yeux des pouvoirs publics car elle s'exerce dans la rue ou dans les cafés à la vue de tous et est incontrôlable.
La rue est un lieu de travail dangereux, les filles se font racketter, violer, tabasser, parfois tuer. Vu que la législation ne les aide pas vraiment, elles vont plutôt changer leurs manières de travailler. Elles vont se mettre à l’abri dans des brasseries ou des cafés.
Avec l’exposition universelle de 1867, il y a du monde à Paris, il faut servir tout le monde. Aussi, de nombreuses filles se retrouvent à vendre de la vinasse et du poulet/patates dans les bars et brasseries. Enfin, pas seulement… L’idée est de faire consommer de nombreuses bières aux soiffards puis de les conduire dans une pièce à part pour s’adonner à d’autres plaisirs rémunérés. Pour cela, les filles sont jeunes, vives, et peu vêtues, elles n’ont pas peur de montrer leur gorge et encore moins leurs cuisses. La pute de brasserie plaît beaucoup aux étudiants et aux bas salaires. Elle a de la conversation sans pour autant faire de chichi.
En 1888, un règlement va interdire aux prostituées de travailler dans les brasseries, qu’à cela ne tienne, elles vont investir les cafés et autres cabarets !
A la fin du 19ème siècle, la prostitution se retrouve dans tous les lieux de débit de boisson. Et ça marche plutôt bien. Elle s’installe, boit un verre, un autre, drague, se fait payer un autre verre, puis hop. Au plumard. Ensuite, elle retourne au même café, ou elle change. Elle arrête lorsqu’elle a assez gagné. Le mieux, c’est lorsqu’un homme achète ses services pour une nuit. Ça paie bien, et elle peut dormir dans un lit confortable et prendre un bain. Ce n’est pas toujours le cas chez elle. Généralement, ce sont les soldats et ouvriers qui se trouvent dans ce genre de café. Lorsque les clients se font rares, les prix baissent, lorsque les heures passent, aussi. Plus la nuit est avancée, plus les tarifs sont bas. Il faut bien gagner sa croûte, même en période de crise. Après minuit, les filles vont dans des restaurants ouverts la nuit. Ce n’est pas glorieux, il n’y a que des ivrognes, souvent violents.
Les administrateurs, les hygiénistes, les médecins nourrissent l'utopie d'une ville saine et paisible. Or à leurs yeux, la prostituée incarne l'ordure morale. Mais dans une position réglementariste, l’État tolère l'ordure puisqu'elle manifeste le bon fonctionnement de l'organisme social ; mais cet État schizophrène et hypocrite fait en sorte qu'elle demeure à la fois cachée au public et accessible au regard de l'administration. Son hygiène, son comportement seront surveillés, puisqu'elle remplit une fonction naturelle… l’Église n’a-t-elle pas dit à un moment que "L’affirmation de la virilité entraîne fréquemment un déchaînement de violence et se traduit par des viols collectifs commis sur des femmes isolées et faibles. Soucieuses d’éviter ces dérapages, les autorités civiles et ecclésiastiques encouragent l’essor d’une prostitution officielle. La prostitution est un phénomène de sécurité publique et donne satisfaction aux pulsions les plus enfouies de l’homme. Comme certains le disent, la prostitution est un mal nécessaire. Les prostituées ont une responsabilité sociale, celle de défendre l’honneur des femmes de vertu et de lutter contre l’adultère. Le prostibulum peut être alors considéré comme une institution de paix où les jeunes tempèrent leur agressivité. La prostitution est d’ailleurs tellement naturelle que, pour plusieurs théologiens, il est préférable qu’une femme y pousse son mari plutôt que de consentir à certains rapports sexuels considérés par leur nature, comme de graves péchés. Dans une perspective du moindre mal, ces femmes sont sacrifiées pour un bien supérieur : l’ordre public. L’Eglise et les municipalités se posent la question d’organiser la prostitution afin de canaliser l’agressivité sexuelle des hommes. Les responsables de l’ordre public, municipalités, hommes politiques laïcs ou dignitaires ecclésiastiques (évêques, abbés et pape), organisent progressivement la prostitution, déjà à partir du 12ème siècle, et surtout à partir du 18ème siècle, en tirant un profit financier. On trouve même des bordels possédés par des monastères ou des chapitres. La prostitution est toujours considérée comme naturelle, comme un moindre mal. Les autorités expliquent même que le recrutement de prostituées attirantes permettra de convaincre les jeunes gens de se détourner de l’homosexualité. Les villes et les bourgs ouvrent ainsi officiellement des maisons municipales de prostitution ou bien désignent les quartiers de la cité, généralement ses faubourgs, où la prostitution sera tolérée."
Comme quoi, rien n’est totalement blanc et rien n’est totalement noir… tout est d’un dégradé de gris.
Alcoolisme et prostitution restent tout de même des problèmes auxquels il faudra faire face, pour limiter la misère humaine dans les cités ouvrières.
Le 4 décembre, est un jour commémoratif pour toute la corporation des mineurs qui ont œuvré en Europe, sans oublier les carriers, les pompiers, les artificiers et aussi des marins.
Prière à Sainte Barbe.
Le 4 décembre est la fête de sainte Barbe, patronne des corporations de métiers que nous venons de citer et a, par la même occasion, la réputation de protéger contre le feu, la foudre, les explosions.
Avec saint Eloi (patron des sidérurgistes et de tous ceux qui travaillent le métal fêté le 1er décembre) et saint Nicolas (patron des enseignants et des enfants fêté le 6 décembre), c’était incontestablement autrefois la plus célèbre parmi les fêtes des saints patrons. Cela tenait peut-être à deux éléments : le premier c’est que les mineurs représentaient la profession la plus nombreuse, la seconde c’est que c’était le métier le plus dangereux.
Pour l’anecdote, on croyait généralement que la veille de sainte Barbe devait survenir un accident grave dans l’un ou l’autre charbonnage de la région. Effectivement, on enregistra souvent des accidents ce jour-là. Il faut sans doute trouver la cause dans le fait que les anciens racontent que, pour pouvoir faire la fête, ils n'hésitaient pas à faire "la quinzaine Sainte Barbe" ou "la longue coupe" (dans le Nord de la France) ou que "lès ouvrîs s’ravanci" dans le Pays de Charleroi. Ces expressions veulent dire que dans les jours qui précèdent la fête, les mineurs prestaient des heures supplémentaires pour disposer d'un salaire plus important. On peut concevoir que le travail fait pendant les heures supplémentaires était plus pénible, fait avec moins de soin, ce qui pouvait éventuellement déterminer l’accident... mais aucune statistique sérieuse ne peut étayez ce sentiment.
Statue de Sainte Barbe prête pour la procession dans le quartier des mines.
Drapeau brodé accompagnant la procession.
Superbe sculpture en chêne datant du XIXème siècle représentant Sainte Barbe tenant une lampe de mineur.
La légende de la sainte parle d'une jeune fille,
très belle et très riche, vivant à la fin du 3ème siècle après Jésus Christ sous le règne de l’empereur Maximien.
Géographiquement, on la situe en Asie mineure, en Bithynie (pan nord-ouest de l'Anatolie) et certains la voient à Baalbek, au
Liban.
La légende raconte que son père, Dioscore, qui aurait été un riche homme politique ou un magistrat païen d'origine phénicienne, décida un jour de la marier à un homme de son choix. Elle refusa et pour la punir, son père l’enferma dans une tour à deux fenêtres, mais un prêtre chrétien, déguisé en médecin, s’introduisit dans la tour, la convertit et la baptisa. Elle décida alors de se consacrer au Christ.
Au retour d’un voyage son père vit qu’elle avait fait percer une troisième fenêtre dans le mur de la tour. Elle lui expliqua que c’était pour représenter la Sainte Trinité.
Furieux, de voir sa fille devenue chrétienne, le père mit le feu à la tour. Après l’incendie, il retrouva sa fille miraculeusement indemne. Voulant de nouveau l'emprisonner, elle réussit à s’enfuir. Mais un berger découvrit sa cachette et avertit son père. Ce dernier la traîna devant le gouverneur romain de la province, à Nicomédie, qui la condamna au supplice. Comme la jeune fille refusait d’abjurer sa foi, le gouverneur ordonna au père de trancher lui-même la tête de sa fille. Elle fut d'abord torturée : on lui brûla certaines parties du corps et on lui arracha les seins, mais elle refusa toujours d'abjurer sa foi. Dioscore la décapita en l’an 295, mais fut aussitôt châtié par le Ciel. Il mourut frappé par la foudre. Quant au berger qui l'avait dénoncée, il fut changé en pierre et ses moutons en sauterelles.
Le martyre de Sainte Barbe, Musée de Douai.
Quand les chrétiens vinrent demander le corps de la jeune martyre, ne voulant ni utiliser son prénom païen, ni se dévoiler en utilisant son prénom de baptême chrétien, ils ne purent en parler que comme "la jeune femme barbare", d'où le nom de sainte qui lui fut donné : "Barbara".
Sainte Barbe est généralement représentée en jeune fille, avec une palme de martyre, une plume de paon (symbole d'éternité), elle peut porter une couronne, un livre. Une tour à trois fenêtres (en référence à son adoration de la Sainte Trinité) et un éclair constituent également d'autres attributs de la sainte. Sainte Barbe est souvent associée à trois autres saintes ayant fait vœux de chasteté : sainte Catherine, sainte Marguerite et sainte Geneviève.
Nombreux sont les artistes qui ont réalisé des statues
ou des vitraux de sainte Barbe. Certaines de ces statues ont été descendues au fond, à la
demande des mineurs, et placées dans des "niches" aménagées.
Le nom de sainte Barbe a été donné non seulement à des chapelles, mais aussi
à des hôpitaux, à des rues et à des cités minières et c’est aussi le nom de
la réserve de poudre sur les navires du 17ème siècle.
Ce jour de liesse, congé non légal mais jour chômé, est souvent l'occasion d'une cérémonie religieuse, de défilés de fanfares et harmonies, de réunions d'amicales, de banquets joyeux entre collègues de travail ou en famille.
Chaque année, la fête de sainte Barbe et la période qui
l'entourait étaient l'occasion d'une remise solennelle de médailles du travail.
Médailles de bronze, d'argent, or et grand or reconnaissaient la fidélité du personnel à l'entreprise.
Les directeurs de Siège ou chefs d'établissement faisaient, en général, le bilan de l'année écoulée et dressaient des perspectives
pour l'avenir.
La Médaille des Mines a été créée afin de récompenser tout particulièrement la qualité des services rendus par des ouvriers et
des cadres à la profession minière.
Compte tenu de la profession et des risques qui s'y rattachent, la Médaille des Mines récompense souvent une conduite
courageuse et généreuse menée pour assurer la sécurité et le sauvetage des camarades de travail.
Les citations qui accompagnent la remise officielle de cette médaille sont tout naturellement émaillées de mots comme : solidarité,
conscience professionnelle, courage, acte de noblesse, qui lui donnent tout son sens et toute sa valeur...
D'anciennes cartes postales nous montrent des hommes, des femmes en costume de travail : mineurs de fonds, trieuses, lampistes, pompiers... Malheureusement, ce style typique des années 1920 sonne faux. Les personnages portent des costumes trop propres pour être vrais. Ils sont maquillés, fardés et arborent des sourires tels qu'on se croirait dans un film où on s'attend à voir apparaître Rudolph Valentino dans "Le prince du Désert".
Sourire figé, visage propre, soigné, maquillé, costume sortant du pressing, lampe briquée...
Couple d'amoureux typique des années '20, sourires, maquillages, rouge à lèvres... tout est figé et sonne faux, trop propre pour être vrai !
Compositions artificielles... reflets d'une certaine époque...
Quels visages ! Sourcils, yeux, lèvres et visage maquillés. Des acteurs en costume... mais pas des ouvriers de la mine.
Encore des mineurs heureux ?...
Composition moderne...
Mise en scène d'une famille pour la fête patronale...
Oh ! Le pauvre pompier en costume d'apparat qui va être en retard à son rendez-vous galant...
Célébration de la sainte Barbe en Belgique au début du siècle dernier, vraisemblablement dans le Borinage. Plusieurs générations sont présentes sur ce cliché, les anciens, pensionnés avec leurs médailles du travail accrochées à la veste, les mineurs actifs mais aussi des enfants en tenue de mineur ou de trieuse, qui arborent des lampes à flamme miniatures.
Saviez-vous que des chevaux étaient utilisés au fond, avant l'usage des locotracteurs pour le tractage des berlines ?
Avant l'arrivée des chevaux au fond, l'homme était
le seul moyen de manutention pour faire transiter le précieux minerai extrait des veines exploitées, jusqu'à la recette.
Dans la chronologie de l'histoire minière, il y eut les paniers d'osier qui étaient portés individuellement ou à plusieurs,
puis l'esclitte, puis les berlines en bois sur la terre battue du sol de la galerie, puis sur des rails en acier et enfin des
berlines en acier sur des rails en acier mais toujours roulées au sol des galeries par les hommes.
C'est en 1821 que le premier cheval fut introduit dans un puits de mine à Rive-de-Gier (bassin de la Loire), les suivants à Saint-Etienne et Firminy en 1824, à Blanzy en 1829, et dans le Nord de la France, à Anzin en 1847.
En Belgique, dès l'indépendance du pays en 1830, des chevaux étaient déjà employés. Mon grand père, qui travailla dans les mines de Belgique et du Nord de la France de 1918 à 1948 les a connus, a travaillé avec eux au fond de la mine, a mêlé sa sueur à celle de ces auxiliaires essentiels pour les "gueules noires". Les chevaux ont enduré les mêmes conditions de vie et de travail que les hommes.
Toutes les races de chevaux ne sont pas adaptées pour ce genre de travail. Les Compagnies Minières, après étude des caractéristiques des différentes races, ont jeté leur dévolu sur le Trait du Nord, l'Ardennais et le Trait Breton. Si ces races étaient les favorites des Houillères, à la fin du 19ème siècle, on a recensé aussi, des Brabançons, des Percherons, des Ardennais et des chevaux de petite taille, de race pyrénéenne ou russe... mais également des mules, des ânes et des poneys, selon l'étroitesse des galeries exploitées.
Cheval employé à Montceau-les-Mines
La descente au fond a toujours été une opération délicate pour le cheval comme pour les hommes affectés à cette tâche.
Arrivé près de la cage, l'animal est calmé et rassuré par le palefrenier. On lui a fait boire au préalable une bonne dose de calmant. Assommé, l'animal se couche alors sur le sol...et s'il ne dort pas, au moins il somnole.
... Un linge est placé sur ses yeux afin qu'il ne soit pas effrayé par la descente vertigineuse qui se prépare. Il est alors sanglé et attaché sous la cage qui se soulève doucement...
... Il glisse doucement sur le sol et au fur et à mesure que la cage se soulève délicatement, il se retrouve au dessus du puits...
... Doucement la cage descend et le cheval s'enfonce dans les entrailles de la terre...
... Il disparait enfin et est réceptionné quelques centaines de mètres plus bas où il sera conduit vers son écurie. Dès 1920, lorsque les cages furent d'avantage spacieuses, les chevaux empruntèrent ces dernières avec le "méneux d' quévaux" et n'étaient plus sanglés au dessous de celles-ci, comme dans les décennies antérieures.
Une période d'acclimatation d'une quinzaine de jours (maximum 3 semaines) est nécessaire pour savoir si le cheval s'adaptera à son nouvel environnement. Certains ne supporteront pas le manque de soleil et rapidement montreront des signes de faiblesse. Ils seront rapidement remontés et travailleront en surface.
Des écuries spécifiques étaient aménagées à cet effet
avec des box individuels.
Les méneux d'quévaux, tels qu'on nommait les conducteurs de ces animaux au fond, avaient pour tâche, outre de guider et
d'accompagner le cheval dans son travail, d'entretenir l’écurie où le cheval se reposait et se nourrissait.
Un palefrenier nourrissant un cheval au sein de l'écurie au fond.
Après le travail vient, comme pour tout le monde, le repos. Le cheval au fond avait une écurie formée de box confortables avec une épaisse couche de paille pour pouvoir se coucher, des râteliers avec de la nourriture à profusion et des auges avec de l'eau claire. Il était de la responsabilité du palefrenier que le cheval soit bien soigné pour être en pleine forme pour le travail qui lui était demandé.
Cliché assez rare nous montrant un maréchal ferrant dans une écurie au fond de la mine, procédant au remplacement des fers de sabots d'un cheval. Le travail de maréchalerie est d'ailleurs très important au fond des mines. Un vétérinaire visite régulièrement les chevaux de la mine. Cette photo est antérieure à 1906, vraisemblablement vers la fin des années 1890, les mineurs sont encore équipés d'astiquettes. Ici, l'écurie doit être très proche de l'accrochage puisqu'elle est électrifiée (ampoule électrique pendant au plafond). Le personnage de droite est un palefrenier. A chaque étage du fond, il y avait des écuries soigneusement entretenues par des préposés affectés à cette tâche. Ils nourrissaient les chevaux, les soignaient et les guidaient dans les galeries depuis les chantiers jusqu'à la recette, pour tracter les rames de berlines; dans le Nord de la France, on les nommait en patois picard, les "méneux d'quévaux".
Selon ce que j'ai pu lire au Centre historique Minier de Lewarde, situé sur l'ancienne fosse Delloye, cette mine comptait une trentaine de chevaux dont un tiers de leurs effectifs remontait le samedi pour redescendre le lundi.
Chaque animal revoyait donc le jour une à deux fois par mois, l'objectif étant de les maintenir en bonne forme physique et psychique.
En 1936, les chevaux de mine obtinrent deux semaines de pâture, lorsque les mineurs eurent droit à leurs premiers congés payés...
En arrivant dans la mine, le cheval est rebaptisé par les mineurs qui vont être ses compagnons de travail. Un travail physiquement éprouvant l'attend. Il devra marcher de longues heures sur les rails, tirant des wagonnets, dans la poussière, le bruit, les cris et l'agitation... un environnement très éloigné des vertes prairies pour lequel il est génétiquement conçu !Cheval, ami du mineur...
Une étroite collaboration...
La grande pénibilité du travail au fond de la mine fait sélectionner des chevaux avec une ossature puissante et une masse musculaire importante. La capacité de travail du cheval et sa durée d'exploitation n'en seront que meilleures. On se soucie peu de l'esthétique du cheval, seuls comptent sa force et la résistance de ses pieds. Il doit avoir des sabots capables de résister aux chocs permanents contre les rails, le sol boueux, les rochers qui jalonnent les galeries.
Le cheval tractant des berlines.
Comme on le voit sur les différentes photos présentées ici, les chevaux devaient se faufiler dans des galeries parfois étroites, en présence de machines, d'outils et de bruits divers. Il fallait sélectionner des chevaux bien dressés, calmes, sereins au caractère trempé. Imaginons un cheval prenant le mors aux dents, se cabrant, prenant peur et s'enfuyant au galop dans les galeries... inconcevable. Arrivé au fond, il est un peu tard pour se rendre comte que le cheval qu'on vient de descendre est rétif. La sélection préalable était sévère.
Si le mineur porte une barette de cuir bouilli pour se protéger la tête des pierres et des chocs éventuels, vous avez pu remarquer sur les photos que vous avez vues qu'il en va de même pour les chevaux. Leur tête est protégée par une calotte de cuir. Il ne faudrait pas qu'il se blesse !
Une anecdote... Mon grand père me racontait qu'un Percheron "comptait" les berlines qu'on lui faisait tirer à l'aide du bruit de chaînes qui accompagne le roulage successif des chariots accrochés. Il avait l'habitude de tirer 9 berlines pleines et 14 berlines vides. Plusieurs fois ils ont essayé de lui faire tirer 10 berlines pleines. A l'ordre d'avancer, il faisait deux pas et s'arrêtait net... Il refusait de démarrer si le nombre de berlines était plus important que celui qu'il avait l'habitude de tirer.
Les chevaux sont habitués à être commandés à la voix. Dans les descentes par exemple, le mineur crie "au cul" pour lui demander d'amortir la poussée qui arrive par l'arrière. A l'inverse, lorsque le mineur crie "au collier", le cheval sait qu'il doit tirer plus fort. Lorsque c'est l'heure de la pause, le cheval entend "à la soupe". Un ordre qu'il ne confond pas.
In méneux d'quévaux (en Picard) In méneux di tchvaux (en Wallon) : mineur-conducteur et son acolyte
A ce sujet, il est faux de croire, même si le travail qu'on leur demande est pénible, que les chevaux de mine sont de lamentables martyrs sans défense et victimes de la cruauté des hommes. Leurs écuries au fond de la mine, sont confortables, bien entretenues et abondamment pourvues d'eau potable. Leur nourriture est rationnelle, (et pas rationnée !) complète et riche.
D'après certains rapport, on peut estimer que l'âge moyen des chevaux à la descente était de 5 ans, que l'âge moyen des chevaux au fond était de 12 ans et que le temps moyen de présence du cheval au fond était de 13 ans.Le cheval est un investissement pour la Compagnie. Il faut qu'il puisse travailler longtemps. Lorsqu'un cheval descendait au fond, c'était souvent pour au moins 10 ans... Globalement, les chevaux des mines ont bénéficié de plus d'attention que ceux de la surface.
Le palefrenier est le responsable du cheval. Il le
nourrit et nettoie sa litière.
Le vétérinaire contrôle régulièrement l'état de santé des chevaux du fond mais aussi de ceux de la surface.
Le porion surveille les travaux du fond mais aussi l'écurie et tout ce qui s'y passe.
Le garde des mines (en surface) surveille les corons mais aussi la prairie où se reposent les chevaux remonté du fond.
Outre ces personnes, c'est avec le conducteur que le cheval a le plus de contact. Le conducteur est un mineur chargé
de former le convoi de wagons que le cheval va tirer dans la galerie.
Si l'ingénieur ou le chef porion constataient la moindre
négligence ou mauvais traitement envers l'animal, le mineur responsable était très sévèrement sanctionné.
En effet, le cheval n'était pas considéré comme un outil de travail, mais comme un travailleur du fond à part entière. Les
mineurs étaient, en général, très doux avec les chevaux, ils les soignaient correctement et les respectaient comme des collègues
de travail.
Le Cheval dans la mine
Gravure anonyme trouvée sur Internet
Le cheval passait toute sa carrière dans la mine (maximum 10 ans), et on le remontait dès les premiers signes d'affaiblissement. Il n'était pas question qu'ils finissent morts d'épuisement... car le cheval était un investissement important...Lorsque le cheval s'essouffle vraiment trop, qu'il commence à manquer d'appétit, il n'est plus productif alors, il est remonté et remplacé par un autre, productivité oblige.
Les chevaux qui eurent la chance d'atteindre la limite d'âge pour pouvoir être remontés, purent goûter à une douce vieillesse dans une ferme. En effet, la Compagnie des mines cédait les chevaux devenus trop vieux et poussifs aux agriculteurs de la région parfois pour des sommes très respectables.Sa carrière terminée, le cheval est remonté et finira sa vie dans une ferme et dans un pré.
Habitués à tracter de fortes charges, ils étaient utilisés aux travaux de labours des champs ou à tirer des charrettes.
jusqu'à la fin de leurs jours.
Malheureusement, un animal trop faible pouvait finir à l'abattoir municipal... On a vu des mineurs attachés à leur cheval se
mobiliser contre cette décision... alors on remontait l'animal et après une rééducation progressive à la lumière, il finissait
sa vie dans un pré sous la garde des mineurs, ses anciens compagnons de travail.
Il arrive malheureusement que des chevaux deviennent aveugles dans cet environnement privé de lumière. Ils ne sont pas mis au repos pour autant. Habitués à la configuration des galeries où ils se déplacent, au rythme répétitif de leurs mouvements, ils peuvent continuer à travailler de la même façon. La mine devient leur écurie et ils finissent leur vie entourés des bruits et des voix qu'ils connaissent. Ceux-là, quand ils remontent définitivement, finissent chez le boucher...
Ma grand mère me racontait qu'il ne se passait pas un mois sans que mon grand père ne rentre avec une "brogne" (blessure, contusion, coupure, ...) d'un côté ou de l'autre. Pour les chevaux il en va de même : leur peau est très régulièrement meurtrie. Espaces exigus, chocs avec les parois ou avec les berlines : morceaux de fer coupants, roches acérées, schistes tranchants... tout est bon pour avoir des ecchymoses ou des écorchures. Mais les soins qu'on leur prodigue effacent rapidement ces blessures.
Par contre, les accidents de mine sont souvent fatals aux chevaux. Les éboulements ne leur laissent aucune chance de survie, pas plus que les redoutables coups de grisou ou les inondations. Les hommes étaient évidemment sauvés les premiers.En 1960, la mécanisation sonne le glas des chevaux de mine, et en 1970, les locomotives diesel remplaceront à tout jamais les fidèles alliés à 4 jambes. Aujourd'hui, seuls les anciens mineurs se souviennent encore avec nostalgie du temps où les chevaux étaient leurs compagnons de labeur.
1961 : Adieu au cheval. Voici le dernier cheval de fond
au puits n°9 de la mine de l'Escarpelle à Niort.
Photo de Léon Ringot, illustre photographe minier Bruaysien.
Vous constaterez que le cheval porte une protection sur la tête afin de lui éviter d'éventuelles blessures dues aux heurts avec
les arceaux de consolidation des galeries, et ce, au même titre que les mineurs portant une barette de sécurité. C'est
le dernier cheval du fond ayant travaillé dans le secteur de Lens. Il était utilisé pour le transport des cintres, dans
des galeries où les locotracteurs ne pouvaient pénétrer à cause du grisou.
En 1971, il est allé mourir de vieillesse dans une ferme à Tilloy-les-Hermaville...
L'emploi des cheval au fond était le mode de
manutention essentiel jusqu'aux années 1920, décennie au cours de laquelle les locotracteurs firent leur
apparition et reléguèrent progressivement l'animal hors des galeries.
Le cheval était capable de tirer jusqu'à 21 berlines, soit un convoi de 17 tonnes.
Généralement, les rames étaient composées de 5 à 20 berlines.
En pratique, pour ne pas fatiguer le cheval, elles en comportaient au maximum une douzaine.
3 types de locotracteurs Le musée de la mine du N°2 et le musée du train d'Oignies.
De retour pendant la seconde guerre mondiale
(le diesel utile pour faire fonctionner les locotracteurs était réservé à l'armée allemande), les chevaux au fond disparurent
progressivement et rapidement à la fin de la seconde guerre mondiale avec la remise en service des moyens de manutention mécanisés.
Certaines mines du bassin les utilisèrent encore un peu plus tard.
Délaissés par les Compagnies minières au profit des locotracteurs, les chevaux se retrouvent, pour leur plus grand bien, au jour, travaillant dans les fermes ou livrant le charbon chez les particuliers.
Au juste... terri ou terril ?...
.Terril Saint Charles à Ransart. Photo L.V.B. de la rue Gominroux
A la remontée du fond où il a été extrait, le charbon est trié, épierré plus exactement, d'abord au début de l'épopée minière, par les trieuses dans un atelier spécifique : le triage, puis bien des années plus tard, par les lavoirs modernes utilisant un procédé chimique (liqueur dense ajoutée à l'eau ) qui fait que toutes les particules de charbon flottent et que les stériles coulent au fond du bain avant d'être mis à terril.
Dans une exploitation minière, un terril représente 25 à 30 % de la totalité des produits extraits et remontés au jour. il suffit de multiplier par 3 le volume de tous le terrils présents dans les bassins houillers pour connaître la quantité de matériel remonté du fond par nos mineurs Tous ces stériles évacués du carreau d'exploitation, constitueront au fil des années les terrils qui jalonnent La Wallonie, le Nord de la France, l'Angleterre, la région de Saint-Etienne... et tous les autres bassins miniers.En France, mais aussi en Belgique, en Hongrie ou
aux Etats-Unis, plusieurs cas d'accidents mortels dus aux terrils ont été recensés depuis les années 60.
Ces accidents sont principalement causés par des émanations de gaz, des éboulements de flancs de talus chauds en
exploitation, ou parfois à des explosions entraînant des projections de particules brûlantes sur des rayons de plusieurs
centaines de mètres. Un terril n'est donc pas qu'un tas informe et amorphe de crasses provenant du fond de la mine.
Ces ravages méconnus du feu intérieur des terrils ne saurait faire oublier que les milliers de terrils houillers recensés en France et en Belgique, dans leur grande majorité ne posent pas de problèmes majeurs. La moitié environ se seraient déjà consumés. Les plus sages restent en l’état, deviennent des zones-refuges naturelles pour la faune et la flore ou accueillent des activités sportives et de loisirs, abritent des vignobles ou connaissent une seconde vie industrielle avec l’exploitation de leurs “schistes rouges”. Quelques dizaines continuent de brûler “sous contrôle”, souvent sur plusieurs dizaines d'années. La perspective de les supprimer n'a même pas été discutée. L’opération serait trop coûteuse, mais surtout cette idée heurterait la sensibilité des habitants, attachés à cet élément de leur paysage. Les terrils font partie du patrimoine. Ceux du Nord-Pas-de-Calais et de Wallonie sont désormais classés par l’UNESCO.
Mais comment cela se passe-t-il ?
Pourquoi un terril brûle-t-il ?
Tout le processus repose sur la composition
d’un terril houiller : stériles (terres et schistes), particules de charbon et pyrite
L'altération de la pyrite est un processus
d'oxydation chimique et microbiologique; on pense que certaines réactions d'oxydation sont purement chimiques, mais
que d'autres sont imputables à une bactérie autotrophe du groupe Ferrobacillus-Thiobacillus, et que d'autres encore
sont à la fois chimiques et microbiologiques.
Ferrobacillus
La première réaction est l'oxydation du sulfure de fer pour donner du sulfate ferreux et on pense qu'elle est facilitée par l'action de bactéries selon :
Cette première réaction est suivie par une deuxième qui ne peut pas se produire chimiquement dans un milieu acide et il a été démontré qu'elle est entièrement imputable à l'oxydation des bactéries qui font passer le sulfate ferreux en sulfate ferrique selon :
2 FeS2 + 2 H2O + 7 O2 --> 2 FeSO4 + 2 H2SO4
Dans la réaction suivante, le sulfate ferrique formé dans la réaction 2 réagit avec de la pyrite inaltérée présente dans le système, et le fer est réduit de l'état ferrique à l'état ferreux selon :
4 FeS4 + O2 + 2 H2SO4 --> 2 Fe2(SO4)3 + 2 H2O
7 Fe2(SO4)3 + FeS2 + 8 H2O --> 15 FeSO4 + 8 H2SO4
Tout le fer se trouve maintenant à l'état ferreux, et est de nouveau oxydé par les bactéries. Il est évident que l'oxydation s'accélère rapidement dès qu'elle est amorcée, parce que, d'une certaine manière, elle s'entretient elle-même. Les bactéries qui prennent part à la réaction exigent un milieu acide dont le Ph est compris entre 2 et 4.5 et elles deviennent inactives hors de ces limites. Les matériaux pyriteux deviennent toujours acides, ce qui est une manière de les identifier, sauf si ces matériaux étaient fortement calcaires à l'origine. La pyrite, au contact de l’eau et en compagnie des ferrobactéries autotrophes contenues dans les particules de charbon, se décompose en libérant de l’acide sulfurique. Cette réaction est exothermique et se déroule au sein du terril, à l’abri de l’oxygène. La température reste confinée à l'intérieur du terril et augmente petit à petit jusqu’à atteindre 500 à 900° C. Le point d’ignition du charbon étant dépassé, celui-ci s’embrase, mais en l’absence d’air et donc d’oxygène la combustion s’exerce sans flamme et donc on assiste au départ à une distillation du charbon produisant du méthane hautement inflammable et explosif (grisou bien connu des mineurs). Si le gaz peut s’évacuer doucement vers la surface quand il entre en contact avec l’air il s’enflamme sous forme de flammèches rouges à bleues boutant le feu à la végétation de surface et mettent le feu aux particules de charbon superficielles qui alors brûlent comme dans notre foyer dégageant du gaz carbonique. Le feu se communique alors à tout le terril attisé par l’oxygène qui trouve alors sa place pour s’infiltrer entre les pierres du terril, attiré par les courants de convection provoqués par la chaleur interne de la montagne noire. Si le gaz ne peut s’évacuer doucement vers la surface ils s’accumule en une grosse poche qui finit par exploser comme ce fut le cas à Calonne-Ricouart, dans le Nord, le 26 août 1975. À la moindre pluie d’orage, l'eau entrant massivement en contact avec du carbone brûlant peut provoquer une réaction de gazéification convertissant un mélange de monoxyde de carbone (CO) et de vapeur d'eau (H2O) en un mélange de dioxyde de carbone (CO2) et d'hydrogène (H2) qui peut entraîner des explosions avec projections de matériaux (on parle de “gaz à l’eau”; les explosions de ces poches de gaz étaient qualifiées de “pets de terrils” par les mineurs).
Chaleur, oxygène, combustible… Les trois mots-clés du "triangle du feu" dont nous parlent régulièrement les pompiers. Pour lutter contre les échauffements et les incendies de terrils, il ne s’agit pas de le refroidir en faisant entrer en action des bombardiers d’eau. Il s’agit plutôt d’évacuer la chaleur emmagasinée dans le dépôt en supprimant le combustible en procédant au défournement des matériaux.
Que s'est-il passé à Calonne Ricouard ?
Trois terrils du Nord de la France et deux de la région de Mons en voie d'exploitation après combustion.
Mais quelle est la cause d'une telle catastrophe?
Selon les experts délégués sur place par les Houillères du Bassin du Nord Pas de Calais, l'explosion interne du terril
résulterait de l'inflammation d'une poche gaz qui déclencha un coup de poussier. Cette poche de gaz située dans les
entrailles du crassier se serait créée depuis 1922, date de la construction du lavoir de la fosse 6, par la combinaison
de l'oxygène transportée par les infiltrations d'eau de pluie et la réaction de la combustion des schistes chargés de
nombreuses particules de charbon. Le lavoir de la fosse 6 de Calonne était de mauvaise qualité et ne filtrait pas
correctement les particules de charbon qui se retrouvaient ainsi mises au terril.
Pendant plus d'un demi siècle la poche de gaz s'est développée au plus profond du crassier, et comme il y eut des averses
diluviennes en cette nuit du 26 août 1975, il est fort possible que l'oxygène arrivé à saturation dans cette poche, fut
l'élément détonateur de cette explosion.
Quelques sages terrils du Nord de la France et de la région de Charleroi.
Mais tout ne se passe pas toujours comme cela. A Ransart, par exemple, le terril Saint Charles était un terril bien sage ne posant aucun problème. Les jardins des maisons de la rue Bonnevie allaient jusqu’à son pied.
Tout a commencé quand un riverain a taillé et élagué ses arbres et arbustes d'ornement. Contrevenant à la législation en cours, il a fait un tas de ses déchets au fond de son jardin et au lieu de les apporter au parc à containers, il y a bouté le feu. Un simple feu de broussailles et de branchages au fond du jardin au pied du terril.
Le feu s’est éteint naturellement quand les déchets furent brûlés et personne ne s’est inquiété outre mesure des conséquences que cela pourrait avoir.
Trois semaines plus tard, les habitants ont vu les
bouleaux sur les pentes du terril tomber comme des mouches.
Que se passait-il ? Un phénomène impressionnant mais en vérité très classique s'était mis en branle. Comme
tous les crassiers un peu vieux, le terril de Saint Charles était encore riche en charbon. Lors de son édification, fin
XIXème début XXème, on triait le minerai à la main, sans soucis de rendement maximal. Les déchets enflammés par le riverain
ont joué le rôle de l'allumette, et ont mis le feu au charbon du terril. C'était parti pour une spectaculaire
combustion !
Le foyer ainsi allumé, se propagea en direction du cœur de la colline, là où la densité en résidus charbonneux est la plus
forte. En quelques jours, des chaleurs allant jusqu'à 900 degrés ont été atteintes, les températures les plus chaudes se
trouvant à dix, vingt ou trente mètres en profondeur, sans que, dans les premières semaines, un œil non averti puisse se
rendre compte d'une anomalie.
Après quelques semaines, lorsque l'alerte a été enfin donnée, un vent de panique a soufflé sur la commune. Quels dangers pour la population représentent les émanations de gaz (principalement du monoxyde de carbone, rapidement toxique voire mortel pour l'homme, mais aussi dioxyde de soufre, sulfure d'hydrogène...) issues de ce fourneau géant ? Explosion possible ? Ecroulement ?
Rapidement, les autorités font appel à des spécialistes qui
se rendirent sur place. Leur verdict fut sans appel : oui, le
terril de Saint Charles, proche des habitations de la rue Bonnevie, constitue un danger pour les Ransartois.
Malheureusement, les voiries exigües et les maisons entourant le crassier ne permettaient pas de le défourner. Ordre
fut alors donné d’évacuer les maisons les plus proches qui furent expropriées sur le champ et il a été décidé, après avoir
mis en place les mesures de sécurité nécessaires (clôture et déboisement partiel du site, réalisation d’une ceinture
coupe-feu périphérique) de le laisser se consumer sous la surveillance des autorités compétentes.
Les nuits froides et sèches d’hiver permettent aux gens d’observer les feux follets bleus et rouges lécher les pentes du terril. Aujourd’hui, en 2017, cela fait plus de 10 ans qu’il brûle tranquillement et il y a 4 ou 5 ans, des géologues amateurs ont risqué le coup d’y monter pour y faire des prélèvements. Leurs résultats étaient édifiants : au sommet du terril, à 30 cm de profondeur, la température des gaz d’échappement avoisinait les 600°C tandis que la semelle de leurs chaussures de travail fondait sur les schistes. Autant dire qu’ils sont partis rapidement et sans demander leur reste !
Le terril Saint Charles une nuit froide et sèche d'hiver en 2010. Quel spectacle fabuleux !
Sommet actuel du terril Saint Charles de Ransart.
Quand le stérile devient économiquement rentable
Au cours des 300 années d'exploitation du charbon dans nos
régions (Nord de la France et Wallonie), des centaines de terrils ont grandi à proximité des puits de mine.
Ils représentaient au total plus d'un milliard de tonnes de schistes et terres remontées du fond.
Ces terrils sont plus ou moins hauts et volumineux. Les uns sont coniques, les autres plats pour une moyenne de 100
à 150 mètres d'altitude pour un volume de 10 à 30 millions de m3 avec une assise a sol allant de 20 à 70
hectares.
Au fil du temps, certains terrils ont brûlé.
Sous une pellicule de schistes noirs apparaissent les schistes rouges
La matière première...
Cette épreuve de feu s'accompagne de modifications
de la roche : sa couleur, en particulier, passe du gris noir au rouge.
Longtemps, les terrils ont été considérés comme des rebus détériorant le paysage.
Des sociétés spécialisées dans le démantèlement de ces anciens terrils, exploitent les schistes noirs en surfaces et les
schistes rouges consumés situés à l'intérieur de ces crassiers. 10 à 20 ans sont nécessaires pour démanteler un terril
d'une taille moyenne jusqu'au niveau du sol... mais les plus gros terrils ont demandé plus de 30 ans de travail.
Après défournement à grands coups de pelleteuses et de bulldozers, les matériaux sont étendus sur le sol et refroidis.
Emportés par camions sur un site de triage, ces matières sont pilées, criblées, triées et stockées pour être ensuite vendues à des entreprises du bâtiment, des travaux publics ou d'aménagement des parcs et jardins.
Elles serviront pour l'empierrement des routes et autoroutes mais aussi pour les allées des parcs et jardins, courts de tennis, cours de récréation dans les écoles...
Mais tous les terrils ne finissent pas sous les coups des pelleteuses... Sur certains, pourtant la nature a fini par reprendre le dessus est montée à l'assaut de leurs pentes.
On y trouve une végétation tout à fait particulière, méditerranéenne par certains aspects... et cette végétation draine des insectes et des vertébrés particuliers. On y trouve aussi parfois des zones humides avec amphibiens et insectes d'eau douce...
Les terrils deviennent des biotopes de choix pour les biologistes, botanistes, herpétologistes, ornithologues. Les scientifiques se mobilisent parfois pour protéger certains terrils, aidés dans cette démarche par des comités de quartier qui se forment et décident de défendre leur terril, devenu un symbole, mais aussi faisant partie de la vie de tous les jours et du paysage des gens qui vivent tout autour.
En 1976, une société venue du Pays de Galles (GB), la RYAN EUROPE, s’attaque à bon nombre de terrils de Wallonie pour y extraire les charbons résiduels.
C’est effectivement en 1976, 2 ans après le premier choc pétrolier, que la société Ryan Europe, branche "charbon" de la multinationale SHELL, s'attaque au terril d'Appaumée, à 100 mètres de chez moi. Camions, poussières nuisances en tout genre, dégradation de la voirie... En moins de 10 ans, le terril où j'allais jouer avec mes copains est devenu un terrain vague puis un parc à containers. Après cette exploitation brutale et sauvage, une étude fut lancée pour le terril Saint Charles... mais les voiries exigües et les maisons toutes proches ont fait renoncer la société à son plan d'exploitation.
Qu'à cela ne tienne, il y a plein
d'autres terrils en Wallonie. La société Ryan décide de s’attaquer au Martinet de l'ancien charbonnage de
Monceau-Fontaine. En prédateur de l'environnement, elle a profité de la période des vacances d'été pour introduire
son dossier à l’administration. Dès la chose connue, cela a été comme une trainée de poudre qui a saisi d'émoi le quartier
mais aussi une vive levée de boucliers.
Très rapidement la "résistance" à l'envahisseur s'organise dans tout le
quartier, tel ce petit village gaulois faisant
face aux tribulations des romains.
En effet, soucieux de la préservation de leur environnement les riverains s’opposent fermement à l’exploitation du site. Il faut dire que depuis la fin des déversements, les pentes noires des terrils ont laissé place à une importante colonisation de bouleaux, de buissons et plantes diverses offrant déjà une couverture végétale dont la population a rapidement compris l'importance de la laisser croître.
Promis à offrir un magnifique cadre de vie, les terrains situés au pied du terril se vendent plus cher. Sensibilisés, les riverains entament auprès des autorités communales de Charleroi et en direction de tous les élus (ministres, députés, sénateurs,...), diverses démarches et actions pour garantir leur cadre de vie. Beaucoup de décideurs sont convaincus mais les arguments économiques restent toujours présents !
Des dossiers se perdent, des ministres concernés font la sourde oreille... le lobby Shell fonctionne... mais c'est sans compter sur la détermination des habitants qui vont batailler pendant 25 ans. Les habitants ont réussi à faire classer leur terril. En 1995, l’Exécutif Wallon classe le Martinet en catégorie "INTOUCHABLE" et le Martinet est classé par la Commission Royale des Monuments et Sites.
Et Aujourd'hui ? La ville a enfin acquis le site pour en faire une réserve naturelle gérée en partenariat avec la ville de Charleroi, le comité de quartier, et l’asbl "le Baluchon", qui fait de la sensibilisation à la nature avec les enfants. Quant aux projets futurs, ils foisonnent dans le chef du comité, notamment celui d’aménager les 20 hectares de l’ancienne cour du charbonnage. Côté gestion des 52 hectares du site, il faudra faire preuve d’initiative et d'imagination pour dégager les moyens d'entretenir le biotope.
La Wallonie a aussi changé un peu son
fusil d'épaule grâce aux habitants et au parti Ecolo qui montre le bout de son nez. 40 terrils sont aujourd'hui
classés en tant que réserves naturelles. Une révolution urbanistique est en marche. Avant,
les maisons étaient construites autour de l'église et du cimetière. Mais comme le bourg est souvent assez éloigné de la houillère,
la Compagnie des Mines qui désire loger ses ouvriers trouve une solution.
Elle a bâti, dans les années 1860, pour fidéliser ceux qui acceptent de
travailler au fond, une vaste cité sur les terrains appartenant à l’entreprise
: des corons, ces ensembles d’habitats ouvriers qui entourent les puits de
mine, sont souvent entourés de grillages et de murs qui forment à terme une ville privée dans la ville
publique.
Des quartiers entiers sont construits, des quartiers formés de petites
maisons identiques séparées les unes des autres comme une cité pavillonnaire
ou juxtaposées, des corons percés de rues étroites tirées au cordeau.
Les plaques des rues, conservées en l'état. Nous sommes donc bien sur une propriété privée appartenant
à la Compagnie des Mines de Marles. Les habitations et les rues (et leurs habitants en quelque sorte...) étaient la propriété
de la Compagnie des Mines de Marles. Une preuve supplémentaire indiquant que les compagnies minières géraient tout dans la vie
des mineurs. Les premières habitations ouvrières. Ces maisons étaient toutes semblables,
sur un même alignement
rectiligne et sans la moindre différence, conformes à l'idéologie des Compagnies Minières
bâtisseuses de ces corons, qui considéraient que ses employés mineurs étaient
tous égaux, unis et associés dans un travail commun... La brique rouge produite en abondance
dans notre région,
est le matériau incontournable ayant servi à la construction des habitations des corons
miniers.
Ces corons demeureront à travers les temps, un authentique symbole de la
solidarité de la corporation minière....
Deux éléments basiques étaient nécessaires pour sa production : l'argile en
tant que matière première, abondante les sols de Flandre, de Wallonie
occidentale et du Nord de la France et le
charbon comme combustible, alimentant les fours des briqueteries.
La misère et le dénuement dans les corons.
Nous sommes en pleine métamorphose de nos mines régionales. Elles entrent dans le cadre de la modernisation industrielle. Les nombreuses fosses s'unissent et se rattachent les unes aux autres, formant de grandes sociétés. Elle disposent de plus d'hommes et de plus de matériels et le fruit de leurs productions sera d'autant plus important que les moyens financiers énormes seront disponibles. Tous les investissements sont désormais axés sur la production houillère.
Dans cette course à la production et au profit, on
en oubliera même, la part de budget destinée à l'amélioration de l'habitat du
mineur et de sa cité....
En dépit de l'époque de cette révolution industrielle, faisant de ces sièges d'exploitations minières, de véritables fleurons
à l'échelon national, en termes de modernisation, les habitations des principaux acteurs de cette fabuleuse
ascension, demeureront plus que vétustes, voire oubliées, jusqu'à l'aube des années 70.
C'est seulement à ce moment, qu'interviendront les premières rénovations de l'habitat du mineur, alors que la récession de l'exploitation du charbon français, belge... et donc d'Eurpoe de l'Ouest, est déjà fortement engagée...
Comment définir cette habitation du mineur qui n'a guère évolué depuis le début du siècle ? Comment décrire ces corons qui leur étaient attribués ?...
Une seule expression me vient à l'esprit "La
Misère des corons"... C'était en fait un amas de masures abjectes et insalubres,
un ensemble hétéroclite de constructions minimalistes juxtaposées sans aucun
ordre urbanistique. Il est incompréhensible que de nos jours, certaines de ces habitations soient encore habitées !
Les rues n'étaient pas encore pavées. Seuls les caniveaux et les
trottoirs l'étaient. Le sol de la voirie principale était en terre
battue, poussiéreuse et noire de charbon en été, boueuse et gluante en hiver.
Mais il y avait "coron" et "coron" car ne croyez pas que tous les ouvriers de la mine étaient logés à la même enseigne... que nenni ! Bien que la plupart des maisons soient toutes construites selon le même plan, les habitations des houillères étaient attribuées selon certaines normes : priorité était donnée aux familles nombreuses, puis on se référait au nombre de personnes composant le famille, au nombre d'enfants, tandis que les cadres, porions ou ingénieurs étaient logés dans des maison plus confortables. Ainsi ce "chalet" destiné aux cadres de la mine dont le plan a été ramené d'Autriche.
Quant à l'ingénieur, il habite une maison qui pourrait être considérée comme un château par les simples ouvriers. Elle est entourée de jardins et de plantations et un jardinier, souvent un ouvrier de la mine, y est employé pour l'entretien des parcelles.
La cité des électriciens
La cité dite "Des Electriciens" de Bruay, ancien coron de la fosse n°1, comprend les rues Ampère, Branly, Coulomb, Edison, Faraday, Franklin, Gramme, Laplace, Marconi et Volta; des noms de scientifiques réputés pour leurs découvertes liées à l'électricité. La plaque signalétique de la rue Ampère surplombe le mur de cette habitation. Cette cité est située au bord de l'ex route nationale 41, coté gauche en venant de Béthune et en se dirigeant vers le centre de Bruay.
La cité des électriciens à Bruay, est la plus ancienne cité minière construite dans le Pas de Calais entre 1856 et 1861. Elle fut construite pour abriter les travailleurs d'une des premières exploitation houillères du département, celle de la fosse n° 1 mise en service en 1855, dans ce village d'à peine 1000 habitants.
Les habitations étaient rudimentaires, simplistes, réduites au strict minimum vital. Elles étaient petites et basses avec des portes et des fenêtres étroites. Les ruelles d'accès ne permettent le passage que d'une charrette.
Les habitations furent bâclées dans leur construction, la Compagnie Minière devant faire au plus vite pour loger les travailleurs de la mine étrangers à la commune. L'architecture néoclassique est rudimentaire, basique, sans le moindre ornement .
La production houillère grandissant de façon fulgurante à partir de 1858, les cités minières proliférèrent d'autant autour des sièges d'exploitation, le puits n° 1 suivi du puits n° 2 creusé en 1858 et celui du n° 3 en 1866.La cité des Electriciens était située entre la fosse n° 1 déjà en exploitation et la fosse n° 2 en cours de creusement. A l'époque il n'y avait aucune réglementation régissant la construction des habitations. Elle dispose encore de ses "voyettes", chemins en schiste séparant les maisons des jardins, c'est tout à fait exceptionnel de nos jours de voir encore cette typologie d'habitations. Les parcelles des corons de cette cité sont longues et étroites.
Elle se nommait cité n° 2, ses dépendances dont les fosses d'aisance se situaient à l'extérieur de l'habitation principale, séparées par une étroite ruelle avec un petit potager attenant. Au fil des années, le progrès et la modernisation de l'habitat obligeant, ses 42 logements se sont peu à peu vidés de leurs habitants. De nos jours, seules 4 personnes habitent encore les lieux. Inadmissible !!!
La cité des électriciens servi de cadre et de décors du film de Dany Boon " Bienvenue chez les Ch'tis ". Chargé de mission Patrimoine et Urbanisme à la Mission Bassin Minier, Raphaël Alessandri est de ceux qui, avec les membres de l'association éponyme, ont dressé l'inventaire des éléments de patrimoine les plus significatifs du bassin minier.
Objectif : constituer un inventaire solide de l'univers de la mine (cités minières, corons, chevalements, terrils et paysages typiques, dispensaires, monuments, etc.) qui permettra de prétendre à un classement en monuments historiques au patrimoine mondial de l'UNESCO. Parmi les maints projets dressés quant à son devenir, celui qui demeure le plus probable, concerne une réhabilitation combinant la rénovation des logements associée à des installations culturelles.
Il me semble que c'est dans cette habitation que fut filmée la scène où Kad Merad, directeur de la poste de Bergues, fraîchement débarqué du Sud dans le Nôôôrd, rejoint par son épouse loge avec cette dernière le temps d'une nuit improvisée avec ses collègues, pour effrayer la pauvre dame et la dissuader de rester à ses cotés dans cette région pauvre et inhospitalière, invoquant à travers cette mascarade, un univers hostile à la population urbaine ....
L'engouement des fans inconditionnels du film culte "Bienvenue chez les ch'tis" causa une vague déferlante de problèmes dévastateurs dans la cité de Bergues où furent tournées les scènes principales :
Les panneaux de signalisation d'entrée de la ville furent dérobés à maintes reprises par des admirateurs fétichistes, voulant s'approprier des reliques de collection à valeur inestimables, mais créant par la même occasion, une situation où la sécurité des passants est mise en péril.
Aussi, tout a été sécurisé, comme cette plaque d'égout située au droit de l'habitation, juste en face du terrain vague où fut tournée la scène du barbecue nocturne. Elle a été scellée définitivement d'une épaisse couche de béton armé pour dissuader les amateurs fétichistes de cinématographie de l'emporter....
La chartreuse du Mont Sainte Marie à Gosnay.
Chartreuse en 1906.
Gosnay, petite seigneurie
du Béthunois du début du XIVème siècle, dispose d’un château en 1305, d’un hôpital en 1320, d’une chartreuse
d'hommes, le Val Saint Esprit, en 1320 également, et, enfin, d’une chartreuse de femmes,
celle du Mont Sainte Marie en 1329, située au Val Saint Esprit, à quelques centaines de mètres
de ces lieux.
Les premières moniales vinrent de Salettes (Isère) en 1329, alors que l'église ne fut achevée qu'en 1341.
Bien qu'ayant connu des débuts très difficiles, Mont Sainte Marie contribua rapidement au développement de
l'Ordre. C'est ainsi qu'en 1346, six moniales de Gosnay, originaires de Bruges, allèrent fonder la nouvelle
communauté de Chartreuses "Sainte Anne au désert" à Bruges. L'Ordre des Chartreux n'a jamais
compté plus de cinq maisons de moniales simultanément, que l'on appelait par ailleurs "Les Cinq
Plaies de l'Ordre". Il s'agissait des maisons de Prémol, Mélan, Salettes, Bruges et Gosnay.
La maison a accueilli de
nombreuses filles de grandes familles locales et bénéficia aussi des largesses de nombreux donateurs dont les
plus connus furent Philippe le Long, Philippe le Bon, Isabelle du Portugal et Charles le Téméraire.
De plus, les familles des moniales étaient riches, voire nobles. Une dot importante devait être versée à la communauté
lors de leur entrée dans les ordres.
Comme dans chaque communauté monastique, les religieuses et les religieux ayant vécu à la chartreuse du Mont Sainte Marie
sont enterrés dans le couvent. Les chartreux étaient enterrés sans cercueil, ni tombes, ni monuments, mais simplement
dans leurs habits monastiques maintenus par des épingles. Le cimetière se situe au centre du jardin du cloître.
Le travail réalisé par les archéologues permet de retrouver des objets personnels des moines et moniales : attaches de
vêtements, boutons, sandales. Certains individus portent encore leur anneau.
Les archéologues travaillant sur le site de 1997 à 2002 ont mis à jour plus de 160 squelettes d'hommes et de femmes, mais aussi des bijoux, des statues et divers objets ayant appartenu à cette communauté religieuse. Un musée s'est implanté dans le bâtiment en annexe à gauche où l'on peut découvrir les fruits de leurs recherches. Lors de la visite, un étudiant en anthropologie vous expliquera, à partir d'un squelette reconstitué, les méthodes d'identification du sexe, de la taille de ces personnes voire même des pathologies dont elles étaient atteintes.
La visite du musée nous permet de prendre conscience que l'ordre des Chartreux connaît à cette époque une expansion considérable, mais les chartreuses de femmes restent très rares. Gosnay est, et restera, l'exemple unique en Europe d'un village accueillant deux maisons du même ordre sur son territoire.
La chartreuse aujourd'hui.
Du XIVème au XVlllème siècle, la Chartreuse du Mont Sainte Marie connaît des périodes de prospérité, des épisodes de grands travaux, des modifications de l'espace… mais la Révolution Française marque la fin de cette histoire religieuse : En 1792, la communauté est chassée et les bâtiments sont vandalisés et partiellement démantelés.
Durant cette période de terreur,
de nombreuses statues et autres objets d'art ésotérique ont été pillés, vandalisés.
Lors des fouilles archéologiques, des statues de la vierge ont été retrouvées décapitées, dont une dans les latrines.
On peut être révolutionnaire et garder un minimum de respect. Tout porte à croire que le folie sectaire iconoclaste
révolutionnaire s'est adonné à une destruction organisée et au vol d'objets appartenant au patrimoine culturel.
Les terroristes révolutionnaires dans leur haine convulsive du religieux, ont ciblé tout ce qui pouvait ressembler et
rappeler de près ou de loin la noblesse ou le clergé : incendies de châteaux, de monastères (Villers-La-Ville, Aulne...),
massacres, viols de moniales, décapitations sommaires, destruction d'un patrimoine vieux de plus de 1000 ans.
Cette destruction délibérée peut être considérée comme un crime de guerre et un génocide culturel abjecte.
Sous le couvert de la dictature révolutionnaire et prétextant de vouloir se libérer de la noblesse et du clergé, les
révolutionnaires se sont livrés à un nettoyage culturel qui visait à la fois les vies humaines et les monuments historiques,
afin de priver le peuple de France et de Belgique de son passé millénaire d'origine chrétienne ainsi que de son avenir.
Ces actes sont également au moins autant destinés à émouvoir l’opinion populaire qu’à salir, blesser ou éliminer des
emblèmes politiques, que ceux-ci soient des objets ou des personnes.
Ce fut une immense perte pour le peuple européen et pour toute l'humanité.
Le 27 juin 1794, la 29ème et dernière Prieure est guillotinée à Arras. Les bâtiments sont vendus comme biens nationaux et transformés par l'acheteur, le citoyen Jean-Baptiste Taffin, en exploitation agricole, ce qui explique certaines transformations importantes comme la disparition de l’église.
En 1899, avec l'exploitation charbonnière, la Compagnie des Mines de Bruay en devient propriétaire et transforme les bâtiments restants en logements ouvriers, ce qui bouleverse radicalement le lieu.
Une plaque de numérotation d'une maison de la Compagnie des Mines de Bruay se situant juste au dessus d'une inscription datant du moyen âge sur le bâtiment principal de la chartreuse des moniales.
Cette hérésie historique confirme la reconversion de la chartreuse en habitations des houillères à partir de 1899, quand la Compagnie des Mines de Bruay a racheté le site à l'exploitant agricole.
Un détail historique sur le bas relief mettant en évidence la date 1546: vous remarquerez que le 4 est sculpté à l'envers sur ce bas-relief. Le 4 ainsi inscrit, met en évidence le signe de croix qu'il convient à un monastère.
350 ans séparent ces 2 inscriptions.Sur ce cliché, on voit un pan de mur de l'église des moniales, seul vestige restant de cet édifice clérical.
Curieusement, quelques habitations destinées au personnel de la Compagnie des Mines de Bruay se sont construites autour de ce dernier. Ce coron fut nommé cité n°17 de 1946 à 1976.
C'était en fait un amas de masures abjectes et insalubres et il est incompréhensible que de nos jours, une de ces habitations soit encore habitée !
Les murs originels de pierre ont été en grande partie conservés. La Compagnie Minière a complété à-la-va-vite la construction de ses habitations avec des briques, ce qui donne un ensemble hétéroclite de constructions minimalistes juxtaposées sans aucun ordre urbanistique.
De nombreux ouvriers logeant dans cette cité minière qu'on nommait cité n°17 étaient employés dans le complexe industriel CARBOLUX (site actuel de la communauté EMMAUS) se situant à proximité de la Chartreuse et appartenant aux Mines de Bruay.
On y fabriquait un coke de synthèse à partir de 1930 jusqu'à sa fermeture fin 1969.
Il fut démantelé au milieu des années 1980.
Cette cité minière a été construite en
1902, 42 ans après la cité des Electriciens à Bruay et presque désertée en 2006 où elle est à l'abandon depuis.
L'architecture des annexes d'habitations présente beaucoup de similitudes avec celle de la cité des Electriciens de Bruay
dont l'étroitesse des ruelles. Par contre, certains bâtiments récupérés du cloître des moniales, nous révèlent une toute
autre architecture. Des détails dans la construction des habitations, qui ne laissent pas insensibles les passionnés
d'architecture et d'archéologie industrielle.
En 1976, Les Houillères pensent se défaire de leur patrimoine et projettent de détruire le Mont Sainte Marie. Sauvé par des habitants de Gosnay quelques temps plus tard par l'inscription de l'ensemble du bâti à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques, les bâtiments vont rester en l'état jusque dans les années 1990.
Après 20 années de difficultés, de dégradations, de vandalisme et d'inquiétude de voir disparaître un lieu unique et chargé d'histoire, symbole de l'évolution historique de la région du Moyen Âge à l'époque contemporaine, nous pouvons aujourd'hui croire en un renouveau de la Chartreuse du Mont Sainte Marie.
Une première campagne de fouilles
archéologiques a eu lieu entre 1997 et 2002. ces recherches ont permis de mieux connaître la Chartreuse du Mont Sainte Marie
au fil de son histoire.
Ainsi, dans un premier temps, les historiens ont pu déterminer les dimensions de l'église médiévale, dont seule subsiste
la façade intérieure, de style gothique, qui domine actuellement le site. La nef et le
chœur se trouvent aujourd'hui sous
la route qui traverse l'ensemble et sous le parking actuel.
Mais c'est surtout le grand cloître primitif qui est l'objet privilégié des recherches archéologiques pendant les premières
campagnes de fouilles. Vaste espace herbeux aujourd'hui, il était, du XIVème siècle au début du XVIIIème siècle, le lieu
de vie de l'importante et riche communauté religieuse. De construction soignée et bordé primitivement d'une galerie, il forme
un vaste quadrilatère au nord de l'église.
Le bâtiment nord est a été particulièrement bien étudié et a permis de clarifier les différentes phases de construction et
de remaniements successifs de l'ensemble des bâtiments du cloître entre le XIVème et le XVIIème siècle. Les éléments les plus
spectaculaires mis au jour sont des caves voûtées, un réseau de canalisations, quelques niveaux de sols en place, et un
important foyer faisant sans doute partie de la cuisine médiévale.
Aujourd'hui, grâce à l'engagement de la Communauté d’Agglomération, les fouilles reprennent, suite à la signature,
au printemps 2005, d'une convention entre Artois.Comm et l'Université d'Artois.
Des architectes et des urbanistes de l'agence Groep Planing travaillent pour faire des propositions de réhabilitation. Déjà plusieurs pistes sont explorées, le maintien de logements sociaux destinés aux locataires actuels, des logements traditionnels pour amener une population nouvelle, de l'hébergement touristique style gîte... un hôtel restaurant de prestige.... La Chartreuse a une histoire qui va de la période médiévale à aujourd'hui et il n'est nullement question de le perdre.
Les logements ont leur façade sur la rue; derrière est la cour, le jardin. Les types des maisons sont divers. Ici, les logements sont tout à fait isolés; là, ils sont par couples; mais toujours une famille habite seule. Les logements sont composés de deux pièces, l'une servant de chambre à coucher, de salle à manger et de cuisine; l'autre, pour le linge et les lits des enfants. Il y a aussi les mansardes pour les débarras, et la cave pour le vin et les provisions.
Le Centre Historique Minier de Lewarde propose une belle reconstitution de l'intérieur d'une maison de mineur datant des années 1930.
De nombreuses habitations à l'époque étaient constituées d'une seule grande pièce au rez-de-chaussée qui faisait office de cuisine, salle à manger et salon.
On retrouve sur ce cliché de nombreux symboles faisant partie de notre vécu ancestral : Le poêle crapaud au charbon qui servait comme moyen de chauffage, mais aussi de cuisinière et de four, accompagné de sa fidèle charbonnière; l'évier qui faisait office de lavabo avec le nécessaire de toilette avec la fameuse boite de Sunlight que nos parents et grands parents prononçaient phonétiquement: "Sunlicht; le plan de travail où étaient stockés tous les ustensiles de cuisine, la table centrale avec la cafetière et les tasses.
Au sol les traditionnels carrelages rouges toujours impeccables.
Le sac à provisions de la ménagère est prêt sur le dossier d'une chaise.Autre vue de la pièce faisant face à la cuisinière et l'évier du cliché précédent.
Accrochée au dossier de la chaise, la musette du mineur (trop propre pour être vraie...).
Sur la table la cafetière et la bouteille de genièvre : "Eune bounne bistouille en rintrant d'el fosse !...."
Pas encore de télé à l'époque mais la TSF.
Au mur et sur le buffet, les portraits des anciens membres de la famille à qui ont vouait un profond respect.
Mais aussi des symboles des loisirs du mineur, comme ce tableau d'un pigeon qui fut sans aucun doute un talentueux champion, grand vainqueur des concours colombophiles dans cette famille pour mériter son image figée pour la postérité...Des quartiers formant des cités à proximité du lieu de travail. En offrant un toit proche du lieu de travail aux mineurs, les compagnies recruteront plus facilement.
Ces maisons étaient toutes semblables, sur un même alignement
rectiligne et sans la moindre différence, conformes à l'idéologie des Compagnies Minières
bâtisseuses de ces corons, qui considéraient que ses employés mineurs étaient
tous égaux, unis et associés dans un travail commun...
Ces corons demeureront à travers les temps, un authentique symbole de la
solidarité de la corporation minière....
La brique rouge produite en abondance dans notre région,
est le matériau incontournable ayant servi à la construction des habitations des corons
miniers.
Deux éléments basiques étaient nécessaires pour sa production : l'argile en
tant que matière première, abondante les sols de Flandre, de Wallonie
occidentale et du Nord de la France et le
charbon comme combustible, alimentant les fours des briqueteries.
Coron de Marles-les-Mines vers 1850.
Coron de Liévin fin du XIXème siècle.
Habitations ouvrières datant de la fin du XIXème siècle.
Corons et jardins début XXème siècle.
Lors de mes conversations avec André Paillard, il me parlait souvent avec nostalgie de la rue des Capucines. C'était, selon ses dires, un coron étroit et sombre, une impasse, touchant les infrastructures du carreau minier de la fosse n°6 de Bruay. Cette fosse où tous les membres de sa famille ont travaillé : son père, ses oncles, son grand-père, son arrière grand-père...
La compagnie avait érigé un mur imposant de briques rouges qui délimitait le bout de la rue et le fond des jardins, des installations de la mine.
Au fond du coron, contre l'enceinte séparant le monde des familles du monde du travail, on avait planté des marronniers semblables à ceux qui étaient plantés dans la cour de l'école Marmottan de Bruay en Artois, là où André a fait ses études primaires.
Pour entrer sur le carreau de la fosse il fallait entrer par la grille. Le mur d'enceinte en pouvait pas être franchi. C'était interdit, même pour se rendre plus rapidement aux lavabos lorsqu'on était en retard. Les gardes des mines veillaient et n'hésitaient pas à distribuer leurs sanctions financières (1/5ème de la paie du jour) encourues à l'époque par tout contrevenant.
André me racontait que ses parents lui permettaient de dormir chez ses aïeux le mercredi soir, car il n'y avait pas école le jeudi, ou pendant les vacances scolaires.
Ils m'avaient réservé et aménagé à cet effet une petite chambre coté jardin dont l'unique fenêtre avait l'avantage d'offrir une vue incomparable sur cet énorme carreau minier....
Sur la photo, prise en 1966, on peut voir que le câble de la cage n'est plus relié à la machine d'extraction, en atteste le brin mou la reliant.
La machine d'extraction est mise hors d'usage afin de terminer les opérations d'obturation des recettes avant le comblement du puits...
Enfant, André me racontait qu'il avait toujours été fasciné par le microcosme industriel de cette fosse qu'il a connue débordante d'activités dans les années 50 :
Les rotations intempestives des mollettes des deux chevalements à quelques dizaines de mètres du jardin de ses grands-parents,
Les sifflements des machines d'extraction,
Le bruit de fond des convoyeurs des lavoirs,
Les allers et retours des berlines chevauchant les deux terrils jumeaux, dont le déversement des stériles générait une poussière qui se déposait chaque jour sur les meubles de sa grand-mère...,
Et surtout l'éclairage impressionnant de tout ce carreau minier, pendant la nuit.Je pense que la passion qu'André vouait à l'histoire des mines de sa région, ainsi qu'au patrimoine qui y est associé, émane sans aucun doute, des longs moments qu'il a passés à admirer cette fosse depuis la fenêtre de sa chambre, aux toutes premières loges sur ce fleuron de toute une région minière.
La rue des Capucines a été rasée au même titre que la fosse n°6 à la fin des années 80.
Exceptés les deux terrils jumeaux et l'ancienne lampisterie complètement rénovée, aucun vestige ne subsiste de nos jours, de ce complexe industriel.
Une nouvelle cité composée de charmants pavillons individuels avec de magnifiques espaces verts remplace les anciennes habitations minières qu'André a connues durant son enfance. La rue se nomme toujours "Rue des Capucines"... mais la maison de ses grands parents n'est plus et quand il se promenait dans le coin, je suis certain que c'était toujours avec un pincement au cœur........
Ces premiers corons d'Auchel sont bâtis vers 1910 à proximité des fosses afin d'éviter le transport d'ouvriers.
Les mineurs passent toute leur vie dans ces corons. Ils y vivent, ils y mangent, ils y trouvent leurs distractions, ils s'y marient, ils y élèvent leurs enfants, ceux-ci y jouent, y sont scolarisés...
Les retraités doivent quitter leur logement c'est pour cela qu'il est vital que le fils soit embauché à la mine.
Il hérite du logement et il n'est pas rare d'y rencontrer plusieurs générations.
Coron de Marles en 1912.
En Belgique, la fin des années 1920, une commission de sécurité et d'hygiène
déléguée en Wallonie et notamment dans le Pays de Charleroi par l'Etat a inspecté les logements des Compagnies en vue de
résorber l'habitat insalubre, les taudis, comme hélas il en existait en bon nombre à l'époque, afin d'améliorer les logements des
ouvriers qui étaient considérés comme "foyers permanents d'infection".
Pour les corons récemment érigés pour les ouvriers des compagnies minières, ces derniers font exception :
Ces constructions parfaitement alignées, situées sur des terrains secs et élevés, généralement en dehors de toute agglomération,
ne laissent rien à désirer sous le rapport de l'hygiène.
Les consignes sont simples :
- Les maisons doivent être saines et faciles à ventiler.
- Par groupe de sept à onze maisons, il y doit y avoir un puits d'eau potable, un fournil
et des commodités sanitaires au fond des jardins.
- Pour éliminer la vermine, le sol de l'habitat, devra dorénavant être carrelé alors que le logement rural est encore à cette
époque en terre battue recouverte de paille.
A la même époque, un rapport indique que "Les maisons des mines dans le Nord et dans le Pas de Calais sont saluées pour leurs qualités de salubrité et de confort qui les placent à l'avant garde de la construction du logement social."
2 photos montrant les corons de Bruay vers 1920.
En 1920, les enfants jouent librement dans les rues des corons; ils n'encourent pas de risques d'accidents, exceptés quelques charrettes tractées par des chevaux, notamment celles qui livraient le charbon aux domiciles des mineurs, la circulation est inexistante.
En Belgique et plus particulièrement en Wallonie, la situation est différente. A la création de la Belgique en 1830, les industries étaient nombreuses en Wallonie alors qu'en Flandre, c'était plutôt un paysage agricole et rural qui était présent. A cette époque, les migrations se faisaient surtout à l'intérieur du pays. Beaucoup de flamands sont donc venus en Wallonie pour travailler. C'est surtout lors de la Première Guerre mondiale que la Belgique devient un pays d'immigration et plus particulièrement, d'immigration ouvrière. A partir de 1919, la tendance migratoire s'inverse : les Belges qui jusque là avaient émigré, accueillent à leur tour de nombreux immigrés. Chez nous aussi, tout est à reconstruire et les industries sidérurgiques et minières doivent produire au maximum pour redresser le pays. A cette époque les entreprises belges ont été obligées de faire appel à de la main d'œuvre étrangère. Il fallait donc plus de travailleurs pour augmenter la production mais aussi parce qu'une partie de la main d'œuvre belge disponible n'acceptait plus de faire certains travaux pénibles et mal payés. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, l'immigration maghrébine n'est pas récente : en 1929, 10 % des mineurs étrangers étaient algériens. Dans l'entre-deux guerres, 50.000 Polonais et 30.000 Italiens sont arrivés en Belgique. Cette main d'œuvre a été souvent recrutée par des campagnes organisées par la Fédération des Associations Charbonnières. Ils arrivaient la plupart du temps seuls, sans leur famille et n'avaient le droit de rester sur le territoire que pour une période de cinq ans. Par la suite, ils auront le droit de faire venir leur famille, ce qui engendrera un nouveau phénomène : le regroupement familial.
En France, les compagnies rivalisent entre-elles pour accueillir et fidéliser ces nouveaux mineurs. On construit pour eux des cités qui viennent remplacer les anciens corons détruits pendant la guerre. 80.000 logements sont construits dans le Pas-de-Calais et 3 mineurs sur 4 sont bientôt logés près de leur fosse.
Un cabinet d'architectes de la région de Béthune a été chargé d'étudier le problème et de dessiner les plans d'une cité pavillonnaire simple et efficace.
Plan colorisé datant de 1918, d'une maison de mineur de type 2 BC, de la compagnie des Mines de Béthune.
Pavillon de corons comprenant deux habitations, juxtaposées en parfaite symétrie.
Sources : Atelier d'architecture et d'urbanisme ATLANTE, Marc et Nadia Breitman, architectes.
Du plan, version papier...
... à la réalisation ...
... en dur...
... pour former des cités pavillonnaires...
...d'un aspect tout à fait engageant...
Coron du charbonnage d'Appaumée à Ransart construit vers 1920 par la Société des Houillères Unies de Charleroi, classée au patrimoine industriel en 1994 rénovée et toujours occupée.
Cité pavillonnaire Lemay à Pecquencourt vers 1925.
Cité pavillonnaire Montigny vers 1925.
Des cités entières de corons où logeait le personnel de la Compagnie Minière
dans les années 1930.
Ces maisons étaient toutes semblables, sur un même alignement rectiligne et
sans la moindre différence, conformes à l'idéologie des Compagnies Minières
bâtisseuses de ces corons, qui considéraient que ses employés mineurs étaient
tous égaux, unis et associés dans un travail commun...
Ces corons demeureront à travers les temps, un authentique symbole de la
solidarité de la corporation minière...
Toutes ces habitations ont été progressivement rénovées à partir des années 1990.
Coron de la cité Billy Montigny vers 1930.
Coron Bruay 1940.
Coron Bruay 1950.
Le borinage vers 1950.
Coron vers 1960.
Coron de la cité 3 d'Auchel (rue du Milieu) dans les années '60.
Construction d'un nouveau type d'habitat minier dans les années '70.
Coron d'Haillicourt dans les années 1970.
Corons miniers de la cité des Philosophes. La cité des Philosophes était mitoyenne à la route nationale par un grande rue plantée d'arbres d'alignement. Au cœur de cette cité minière et à la frontière des terrains, propriété de la Compagnie des Mines, était érigée une institution catholique qui comprenait, une chapelle, une école et un couvent de sœurs. Cette cité, édifiée à la fin des années 1800, fut entièrement détruite durant la première guerre mondiale. Elle fut reconstruite durant les années 1920 sur le schéma de construction architecturale des cités minières proches : Bully les Mines et Mazingarbe, en l'occurence. Les maisons des corons furent bâties sur une trame orthogonale axée sur un centre géométrique regroupant les équipements sociaux. L'espace central de chaque ilot était réservé à des activités ludiques collectives, notamment, aux jeux de javelots, de ballons, de billons... Cette ancienne cité minière a été entièrement détruite le 6 juillet 2006, comme ce fut le sort de bon nombre de corons et comme ce sera le sort d'autres corons, si on ne se décide pas à les protéger.
Cité pavillonnaire.
Un estaminet est originellement un débit de boissons, synonyme de café,
servant en général de la bière et proposant aussi du tabac, des repas légers et des jeux
traditionnels.
On les situe en Belgique et dans le Nord de la France. Ils font partie du patrimoine culturel des Pays du Nord de
l'Europe.
Le café s’est établi à l’origine au Moyen-Orient, passant
de l'Éthiopie à l'Arabie et à l'Égypte, puis à l'ensemble du monde musulman.
En Perse où l’usage du café était très ancien, les cafés étaient appelés, au XVIème siècle qahveh-khaneh. C'étaient des lieux de socialisation où les hommes pouvaient se rassembler
pour boire du café, écouter la musique, lire, jouer ou écouter la lecture
du Shâh Nâmâ. Dans l’Iran moderne, les cafés sont toujours fréquentés par des hommes, même s'ils ont souvent
troqué les jeux de société et la musique pour la télévision. Peu après, le café arrive en Europe. En France, c'est Jean de la Rocque, négociant, qui avait séjourné à Constantinople,
qui introduit la fève de café à Marseille vers 1644, mais c'est seulement vers 1660 que le breuvage tonifiant devient à la mode
dans cette ville que Lyon ne tarde pas à imiter. Son exemple fut suivi, mais seulement par les grands seigneurs, car la
précieuse fève rare et recherchée valait alors quatre-vingts francs la livre. Des envois importants et réguliers de l’Egypte et
du Levant firent baisser sensiblement ce prix et le café en grains commença à se vendre dans plusieurs boutiques. Enfin, en 1672, un Turco-Arménien, Pasqua Rosée, ouvrit à la foire Saint-Germain une
maison de café semblable à celles qu’il avait vues à Constantinople. Encouragé par le succès qu’il avait obtenu, il transféra
son petit établissement sur le quai de l’École, aujourd’hui quai du Louvre; il y donnait une tasse de café pour deux sous
six deniers; ce n’était pas cher et cependant la vogue de la "liqueur arabesque" ne se maintint pas et il
dut bientôt fermer boutique pour se retirer à Londres. Trois ou quatre ans après, un autre Arménien, nommé Malisan, ouvrit un café
rue de Bussy et y vendit aussi du tabac et des pipes. Ayant cédé son
commerce à son garçon, Grégoire, originaire d’Ispahan, son successeur vendit son café de la rue
de Buci à un compatriote nommé Makara et se transporta d’abord rue Mazarine, près la rue
Guénégaud, à côté du théâtre de la Comédie-Française. Entre-temps un nommé Étienne d’Alep, avait ouvert un café rue Saint-André-des-Arts,
en face du pont Saint-Michel. D’autres cafés se fondèrent, mais tous ces cafés gardaient leur caractère oriental : c’étaient des
réduits sales et obscurs où l’on fumait, où l’on prenait de la mauvaise bière et du café frelaté. La bonne société ne les
fréquentait pas jusqu'à ce qu'un Sicilien du nom de Francesco Procopioqui, en 1672, qui avait servi comme garçon chez Pasqua
l’Arménien ouvrit, en 1686, un café proposant boissons, sorbets, gâteaux et affichant les nouvelles du jour. En 1677, Procopioqui était possesseur d’un café rue de Tournon. En 1702, il acheta
à Grégoire d'Ispahan l’établissement situé en face de la Comédie-Française et qui porta désormais son nom : le
Procope. Il le fit luxueusement décorer et eut bientôt une nombreuse clientèle. Le Procope vit dès lors défiler nombre des
écrivains de la capitale, comme Voltaire, Diderot, Rousseau, puis les révolutionnaires, américains d’abord, comme Benjamin
Franklin, John Paul Jones ou Thomas Jefferson, puis français, comme Danton et Marat. Il reste aujourd’hui un des rendez-vous
parisien des arts et des lettres.
Voltaire, Diderot, Rousseau au Procope. On pense qu’il y avait presque 3000 cafés à Paris à la fin du XVIIIème siècle.
Parmi ceux-ci, Le café Procope ou le café de la Paix qui existent encore aujourd’hui.
Quelques vues du Café Procope. Des cafés italiens du XVIIIème siècle survivent aujourd’hui : le Caffè Florian et le
Caffè Quadri à Venise, le Caffè Gilli à Florence, le Antico Caffè Greco à Rome, le Caffè Pedrocchi à Padoue, le Caffè dell'Ussero
à Pise, le Caffè Fiorio à Turin... Catalyseur du Siècle des Lumières, période très importante dans la formation du monde
qui a élaboré une nouvelle philosophie mettant l’accent sur la rationalité et la logique dans le but de battre en brèche la
tradition, la superstition et la tyrannie qui régnaient alors, le café a changé le monde. Les cafés sont devenus très vite un centre de diffusion des nouvelles et
actualités. Les cafés étant des centres de transmission des renseignements, les discussions intellectuelles y ont naturellement
prospéré. Tout le monde avait droit à la parole dans les cafés, même s’ils n’étaient pas gentilshommes ou riches.
Le premier café ouvert en Europe a vu le jour en Serbie à Belgrade en 1522 dans le quartier de Dorcol peu après que Soliman
le Magnifique ne s'empara de la ville. A Sarajevo un café ouvrit ses portes en 1592. La passion pour le Moka (café) gagne
Venise en 1615 et le premier café n'ouvre à Vienne qu'en 1640. En Autriche, l'histoire des cafés commence avec la
bataille de Vienne. Les Ottomans défaits laissèrent derrière eux des sacs de fèves vertes.
À Paris, un Levantin s’était établi, en 1643, dans une des petites boutiques du passage qui conduisait de la rue Saint-Jacques
au Petit-Pont et y débita du café sous le nom de cahove ou cahouet ou cawa (café en Arabe) mais cette
tentative n'eut aucun succès. Ce fut seulement en 1669 que l'usage du café se répandit à Paris, grâce à l'apport de la fève par
Jean de Thévenot en 1657 et par l’intendant des jardins du sérail du sultan, Soliman Aga Mustapha Raca que Mehmed IV
avait envoyé à Louis XIV comme ambassadeur extraordinaire et qui offrait à ses visiteurs du café dans des tasses de porcelaine
fabriquées au Japon.
À Londres, notre Pasqua Rosée, ouvre le premier café. Immédiatement, le
public apprécie le goût de ce nouveau breuvage et, par la suite, leur nombre
augmente jusqu’à plus de 2000 dans la capitale britannique pendant le XVIIIème siècle.
Il y avait deux conditions pour entrer dans un café : un petit prix d’entrée (un penny... c'est le salon du pauvre, selon
l'expression de Joffre Dumazedier) et le port de vêtements respectables et propres, probablement afin d’éviter que les plus
pauvres ne fréquentent ces lieux.
À part cette restriction, tout le monde y était le bienvenu, à la différence des Gentlemen's club (clubs de gentlemen)
réservés à l’élite nantie. Thomas Macauley écrit dans son roman History of England que le café est comme la
seconde maison du Londonien, donc souvent un visiteur chercherait un homme non pas chez lui, mais au café qu’il fréquente. Les
cafés étaient au centre de la vie sociale. Personne ne pouvait persuader les habitués de ne pas s’y rendre.
Lorsque celle-ci quitta cet emplacement pour aller rue des Fossés Saint-Germain (aujourd’hui rue
de l'Ancienne-Comédie), en 1680, Grégoire la suivit et vint s’installer en face et y vit prospérer ses affaires.
Parmi les Philosophes des Lumières anglais et français, on compte des habitués des cafés, d’après le témoignage de leurs œuvres ou dans leurs biographies : Anthony Collins, John Locke, Denis Diderot, Houdar de La Motte, Montesquieu, Voltaire, Jean-Jacques Rousseau.
Dans une biographie d’Anthony Collins, on lit qu’il fréquentait les cafés où il pouvait discuter avec les déistes et les athées, ce qui lui a procuré beaucoup de plaisir. Dans son œuvre, "Le Neveu de Rameau", Denis Diderot évoque sa distanciation des évènements et évoque le refuge donné par le Café de la Régence où il pouvait jouer aux échecs et observer et converser avec tous, y compris avec des excentriques. Jean-Jacques Rousseau dans "Les Confessions", parle aussi de ses visites au café à toutes les heures de la journée. Il écrit : "Voltaire avait la réputation de boire 40 tasses de café chaque jour pour l’aider à rester éveillé pour penser, penser, penser à la manière de lutter contre les tyrans et les imbéciles." Montesquieu, dans la 36ème de ses "Lettres persanes", écrit en parlant du Café Procope : "Il y a un établissement où l'on apprête le café de telle manière qu'il donne de l'esprit à ceux qui en boivent. De tous ceux qui en sortent, il n'y en a pas qui croient avoir quatre fois plus d'intelligence que lorsqu'ils y sont entrés". (Le café rendrait-il plus intelligent et plus modeste à la fois ?)
Le café (breuvage) et les cafés (établissements) ont donc fourni l’environnement nécessaire à la diffusion des pensées des philosophes des Lumières. Ils ont été deux catalyseurs du Siècle des Lumières.
Parmi les cafés parisiens célèbres du XVIIIème siècle, on peut citer le café Procope, le café de Foy, le café de la Régence, le café de la Veuve Laurent (rue Dauphine) et le café Gradot (quai des Écoles, interdit aux femmes), qui étaient des lieux de conversation et de débats. Ils complètent la cartographie des espaces mondains et littéraires.
Les cafés parisiens sont également célèbres pour leurs chaises en rotin (ou en lames de Rilsan), appelées "chaises Drucker" (il existe plusieurs modèles, portant toutes un nom parisien : la Saint-Michel, la Haussmann, la Matignon, la Sorbonne, la Bercy, la Neuilly ou encore la Fouquet's) créée en 1885 dans un atelier de la rue des Pyrénées et de nos jours fabriquées à la main dans l'Oise par une quinzaine de personnes avec des lames de rotin d'Indonésie. D'autres éléments sont constitutifs du café traditionnel parisien, comme les guéridons au plateau émaillé, les comptoirs en étain, le cendrier Martini ou encore la pichette d'anisette Ricard.
Certaines villes ou quartiers sont très réputés pour leurs cafés :Comptoir de bistrot appelé "zinc".
Pichette d'anisette Ricard. Table de bistrot émaillée. Cendrier Martini.
Mais jusqu'à présent nous n'avons parlé que de lieux, dans les grandes villes où se dégustait cette nouvelle boisson appelée "café" et où se rencontraient, penseurs, philosophes, révolutionnaires... et autres personnes qui ont eu à un moment ou à un autre la destinée du monde ou de sa pensée entre leurs mains.
Il est évident que ces cafés n'étaient pas situés dans les corons, près des mines ou des usines. Le monde des arts, des lettres, des penseurs et de ces gens qui refont le monde est bien loin de la société bourgeoise et des riches industriels et gentilshommes qui la composent bien établis dans leur projet conservateur et capitaliste qui se retrouvent en cercles fermés, dans les clubs privés... et qui, eux, ne refont pas le monde, mais veulent le garder en l'état pour leur propre profit.
Café bourgeois.
Le monde des arts, des lettres, des penseurs et de ces gens qui refont le monde est bien loin aussi du prolétariat, des masses laborieuses et des ouvriers qui travaillent 12 à 15 heures, 6 jours sur 7 pour un salaire de misère qui ne permet même pas de faire vivre une famille de manière décente. Dans ces corons et cités ouvrières, il existait avant l’établissement des cafés en Europe, des endroits de socialisation, mais c'étaient plutôt des tavernes où les principales boissons étaient alcoolisées (bières, vins, alcools).
Ces endroits étaient appelés selon les régions : "tavernes", "bistrots, "auberges", "brasseries", "caveaux", "caboulots", "guinguettes", "assommoirs", "gargotes", "estaminets", "bars", "cabarets", "troquets", et par extension, puisqu'on y servait aussi du café, "cafés".
Petit estaminet de quartier ouvrier.
Les synonymes varient selon l’ancrage culturel de leur public ou de leur
implantation géographique mais tout cela reste : un débit de boissons plus ou moins
alcoolisées.
Le café occupe dans de nombreuses cultures une fonction essentielle comme lieu de rassemblement collectif ou de détente
individuelle. On s’y rend pour prendre un repas léger, vivre une rencontre, jouer à des jeux de société, assister à des
conférences publiques, participer à des meetings politiques ou syndicaux, pour lire ou pour écrire, ou plus simplement pour
boire un verre entre copains après le boulot ou pendant les temps libres.
Aujourd'hui, le nom estaminet désigne les tavernes, auberges et brasseries typiques du Nord de la France et de Belgique, qui reprennent en décoration des ustensiles anciens, et des décorations typiques, rustiques et traditionnelles; tout en servant des plats et boissons typiques de la région.
L'histoire du mot estaminet est plutôt riche et donne lieu a plusieurs hypothèses concernant son origine. En 1802, l'Académie Française le définit en une formule lapidaire : "Assemblée de buveurs et de fumeurs", ayant établi le constat, a posteriori, que cette appellation nouvelle qu'on ne trouve qu'à partir du milieu du XVIIIème siècle, désigne aussi le lieu où elle se tient. Il est précisé également que "Cet usage qui vient des Pays-Bas, s'est propagé à Paris où l'on dit aussi Tabagie pour distinguer ces sortes d'assemblées".
L'hypothèse la plus répandue, est que le mot serait d'origine flamande. Il proviendrait du mot "stam", qui veut dire souche, et "in stam" qui voudrait dire "être en famille". L'estaminet serait donc une réunion de famille. Puis, ils admettent au milieu d’eux des amis, des personnes étrangères. Or, d’après les anciennes chroniques, il arriva souvent que les hommes ainsi rassemblés vidaient plus de pots de cervoise qu’il ne fallait, au point que leur raison en était altérée. De là, le mécontentement des ménagères. Les maris ne voulurent plus subir les observations et prirent la résolution de se réunir dans un endroit où ils pussent être à l’abri de la surveillance conjugale. Et, comme ceux qui les recevaient gagnèrent de l’argent, d’autres les imitèrent et fondèrent des établissements semblables, sous la même dénomination. Le patron flamand invitait d'ailleurs les clients à entrer en leur lançant un "Sta Menheer" malicieux ("Faites une halte, monsieur"). Finalement cette phrase, réclame bon marché de la maison, passa de bouche en bouche, et fut adoptée comme enseigne, tant parce qu’elle était devenue sacramentelle que par son laconisme significatif.
On lui donne aussi une origine wallonne,
et viendrait de "Staminé", qui signifie une salle à piliers ou encore du
jeu Wallon, le stamon appelé aussi jeu du poteau ou du piquet.
De là quand on voulait se
réunir pour boire de la bière, pour traiter des affaires entre les pots de
bière on disait : "Allons au Staminé" et, peu après, par corruption : "Allons à l’estaminet".
Une autre explication commune, wallonne et flamande, proviendrait du mot "étable", staulle en wallon, stalle en flamand.
On lui donne aussi une origine espagnole (la Belgique fut, un temps, espagnole par mariage et héritage). Le mot proviendrait de "Esta un minuto", un lieu où on passe rapidement boire un verre. Cette explication est considérée comme farfelue par de nombreux espagnols. Le mot n'existant pas en Espagne, mais est plutôt de nature folklorique en Belgique.
quelle que soit son origine, au début du 19° siècle et alors que dans les cafés, plus élégants, le tabac était interdit, dans les estaminets, on pouvait fumer. Le mot Estaminet était donc très utilisé avant la première guerre mondiale, et désignait plutôt un débit de boisson, où l'on pouvait boire un verre et fumer. On y trouvait parfois, dans le même lieu, une épicerie ou un maréchal-ferrant, et il s'apparenterait un peu à nos cafés multi-services d'aujourd'hui.
Lieu de détente par excellence des ouvriers, l'estaminet était aussi souvent le point de rendez-vous des sociétés locales, depuis les sociétés colombophiles jusqu'aux sociétés de jeux de boules en passant par les sociétés de Gilles et les amicales de supporters de clubs de football.
Il arrivait que les sociétés chantantes incluent dans leur nom celui de l'estaminet où elles se réunissaient. Ainsi, on peut relever à Flers-lez-Lille : Les Amis-Réunis de l'estaminet du Pont du Breucq, à Lambersart : La Société des Rigolos Réunis à l'Estaminet de la Carnoy à Lambersart, à Lille : Les Amis-Réunis à l'Estaminet du Grand Quinquin, Les Amis-Réunis à l'Estaminet du Réveil-Matin, Les Bons Buveurs de l'Estaminet de l'Alliance, à Roubaix : Les Amis-Réunis à l'Estaminet du Bas Rouge à Pile, Les Amis-Réunis à l'Estaminet Bauwens, Les Amis Réunis à l'Estaminet du Poète de Roubaix, Les Amis-Réunis à l'Estaminet tenu par Augustin Roger, et à Tourcoing : La Société des Amis Réunis à l'estaminet du Lion-Blanc... et j'en passe et des meilleures.
Amical bar des cheminots avec salle de billard.
Le métier de mineur est un métier unique. Il possède donc ses vêtements particuliers et ses outils originaux. Voici quelques dessins qui permettent de mieux appréhender la tenue et les outils de mineurs...
Deux manières de concevoir la tenue vestimentaire traditionnelle du mineur.
Fiche didactique destinée aux élèves de 4ème primaire préparée par un enseignant du Borinage pour le cours d'Histoire traitant du travail dans la mine.
Divers outils...
Les outils du mineur selon le dessin ci-dessus sont le pic, le marteau à pointe, la rivelaine, etc...
Souvent ils sont obligés d'employer la poudre pour entamer la houille et généralement pour traverser le grès et le schiste houiller.
Les moyens d'éclairage de l'époque restent rudimentaires.
On notera toutefois l'usage de lampes à huile à feu nu fixées à la barrette, typologie de lampes se situant entre le picron (bougie fixée sur un manche de bois avec à une pointe d'acier à une extrémité) et la fameuse astiquette provenant de Belgique et qui arrivera en France vers 1850.
La lampe de sécurité Davy conçue par le chimiste anglais Humphrey Davy en 1816, est ici présentée dans une de ses premières versions.
Face à des problèmes d'acheminement de ces lampes depuis l'Angleterre où elles sont construites jusque dans les mines du Nord où les besoins en éclairage sont chaque jour d'avantage conséquents, la Compagnie des mines d'Anzin fabriquera elle même ses propres lampes de sécurité au sein des ses ateliers.
Picron.
Outils traditionnels du mineur.
Marteau piqueur de 14 kg, scie égoïne et hache.
Collection d'outils de mineurs.
En réalisant ce travail, j'ai été amené à rencontrer personnellement ou via Internet, un groupe de collectionneurs d'outils anciens et antiques ainsi que des collectionneurs d'outils spécifiques au métier de mineur et je me suis rendu compte que mes connaissances au sujet des outils des mineurs étaient parcellaires et incomplètes. Mes recherches m'ont amené à découvrir une variété insoupçonnée de types de pics, de haches, de scies... Une incroyable variété de formes d'outils.
Pics et rivelaines.
Pic ACME et rivelaines.
Rivelaine dite "flamande"
Rivelaine dite "flamande"
Une très ancienne rivelaine datant du XIXème siècle.
La rivelaine est un outil qui était surtout destiné au havage (abattage du charbon en
veine) depuis la fin du XIXème siècle et jusqu'en 1914, année qui vit apparaitre
les premiers marteaux piqueurs pneumatiques au fond.
La rivelaine est formée d'un manche en bois de frêne ou d'un bois très dur
d'Amérique appelé "hickory" et d'un fer plat à deux cotés en forme de
pointe triangulaire.
Cet outil était utilisé par le mineur haveur comme un couteau pour couper
la veine de charbon à sa base par des coups solidement appuyés par des
mouvements horizontaux ou verticaux.
C'est la raison pour laquelle le fer possède deux cotés parfaitement
symétriques en forme de triangle que l'on aiguisait périodiquement au
jour sur de grosses meules lapidaires.
Le fer en acier forgé, était fixé sur le manche au moyen de gros rivets
métalliques frappés à chaud.
Chaque outil était estampillé avec un numéro et parfois même le nom de la
Compagnie Minière.
Lors de l'exploitation de la veine houillère, le mineur entaillait cette
dernière à la partie basse pour faire des saignées de plusieurs
centimètres de profondeur, facilitant ensuite l'abattage du charbon
au moyen d'un pic classique ou d'un pic ACME.
La rivelaine fut utilisée dans le dernier quart du XIXème siècle et au
début du XXème, elle puiserait ses origines en Belgique de où
l'appellation rivelaine flamande dans certains modèles utilisés au fond.
Pic ACME.
Pic ACME (détails).
Cet
outil était surtout destiné au havage (abattage du charbon en veine)
depuis la fin du XIXème siècle.
Le pic ACME est formé d'un manche en bois d'Amérique très dur appelé "
hickory" et qui a donné des résultats de solidité et de durée supérieure
au bon bois de frêne.
Le manche porte à sa partie supérieure une douille à étrier fixée par deux
clous solides.
La lame du pic en acier forgé à deux pointes porte au milieu une entaille
de la largeur de l'étrier.
On l'introduit dans ce dernier, de façon à ce que l'entaille se trouve
dans la partie supérieure et saisisse l'étrier entre ses deux rebords.
On fixait solidement la lame au moyen d'une clavette bombée qu'on
enfonçait à force entre la partie inférieure de la lame et la tête du
manche.
Cette clavette ne pouvait sortir, ni être égarée car dans un sens elle
était arrêtée par un élargissement de sa tête, dans l'autre par une
goupille qui glissait dans une rainure de l'étrier; rainure fermée à son
extrémité.
Le pic ACME aurait donné de bons résultats en exploitation houillère par
sa solidité et la fermeté de l'assujettissement de la lame.
Il était léger et se maniait aisément dans tous les sens.
Il était très employé dans le Nord de la France, mais aussi en Allemagne
et en Angleterre.
Le gros avantage de ce type d'outil, était le mode de démontage rapide de
la lame qui pouvait être affutée, voir même changée indépendamment du
manche en bois.
Document technique issu de l'exposition Universelle Internationale de Paris en 1900, montrant le même outil.
De haut en bas :
Pic à lame courbée nommé "haviau" servant à l'enlèvement des blocs de charbon en veines minces, déjà fissurés par le travail d'excavation du mineur mais coincés entre le toit et le mur de la veine.
Marteau en forme de coin appelé "merlin" ou "cougnet" servant à refendre les blocs de roches trop gros. Le mineur pose le côté tranchant sur le bloc à refendre, tient le merlin par le manche et frappe de l'autre main avec un marteau sur la base carrée.De haut en bas :
Pic ACME.
Deux pics de haveur à une pointe se maniant à deux mains à la manière d'une pioche.
Marteau-merlin.
Pic de haveur à une pointe se maniant à une main pour des travaux plus précis, dans des endroits exigus.Pic de haveur à une pointe se maniant à deux mains à la manière d'une pioche.
Travail au pic de haveur à deux mains.
Pioche portant une pointe et un tranchant, d'origine britannique.
Collection de pics de mineurs.
Haches de mineurs.
Voici la hache de mon grand père (hapiette).
Ici, aussi, je croyais, naïvement sans doute, que toutes les haches de mineurs étaient forgées pareilles avec un côté tranchant, légèrement recourbé et avec un côté (tête de frappe) pouvant servir de marteau pour coincer les boisages à serrage. Erreur ! J'ai trouvé un peu partout ici aussi une grande variété de formes.
Hache de boiseur à tête de frappe et lame large.
Hache de boiseur à tête de frappe et lame étroite avec trou pour la pendre.
Trois haches de boiseur, deux à tête plate et une à tête de frappe et lames larges.
Hache de boiseur à tête plate et lame large avec trou pour la pendre.
Haches de boiseur à lame rivetée à la douille.
Scies de boiseur.
La scie égoïne à main du mineur boiseur était nommée en patois "sôliette" ou "soyette" ou encore "sciard".
Les outils du boiseur : scie à main (et son fourreau en bois) et la hache (hapiette).
Scie à main de boiseur.
Outils pneumatiques.
Marteau piqueur de 9 kilos.
Marteau piqueur de 14 kilos photographié à Marcinelle au Bois du Cazier.
Le
Pays Noir et les mineurs qu'ils soient de Belgique, de France ou
d'ailleurs portent en eux un héritage, une longue tradition de
travail et de courage. Le mineur a laissé partout où il a vécu des traces indélébiles.
Je pense à la chaleur humaine, à l'accueil, à la solidarité, aux vertus traditionnelles
des gueules noires qui ont marqué la vie de nos cités et des communes
minières.
Nous qui en sommes issus, ensemble, sachons les garder.
Le mineur savait qu'il était un "ouvrier pas comme les autres". Les rares journalistes et photographes qui ont approché le monde de la mine se sont vite rendus compte que c'était un monde à part, quelque chose d'unique dont il fallait garder une trace car si ce monde venait à disparaître, c'est tout un pan d'une société méconnue qui allait s'évanouir dans l'oubli.
C'est la raison pour laquelle la mine a été représentée d'abord par des gravures, des peintures et ensuite par des photographie.
Pour saisir toute la force et l'âme se dégageant de ce peuple des mines, les photographes ont mis en scène les acteurs au sein même de leur lieu de travail avec leurs outils, leurs lampes, avant de descendre au fond mais aussi dès leur retour à la surface, si bien qu'on peut dresser une évolution des tenues, des outils et des lampes au cours du temps.
Nous allons essayer de classer les documents dont nous disposons de manière chronologique... nous verrons ainsi peut-être une évolution des outils, des vêtements et des moyens d'éclairage...
1890 - 1900
Charleroi 1887.
Nous sommes sur le carreau du charbonnage du Mambourg n°12 et les mineurs ont été invités à poser pour la photo de famille avant leur descente au fond. Rangés et alignés, ils sont là, portant outils, haches à tête de frappe, lampes à tamis nu, musettes de toile et gourde en zinc. En fait de couvre-chef, ils portent un béguin de toile et une barrette de cuir bouilli.
Si dans le Nord de la France, la tenue de travail des mineurs était confectionnée dans un épais drap de lin blanc écru, très résistant qu'on dénommait jupon, en Belgique, c'était le sarreau ou bleu de travail qui était porté par les travailleurs. On ne le voit pas ici à l'image, mais les ouvriers portaient en général de gros godillots aux pieds quand ce n'était pas des sabots de bois.
A l'avant plan, 4 jeunes d'environ 13 à 15 ans entourent la pancarte.Liévin 1890.
Nous sommes ici sur le carreau minier d'une fosse de Liévin et tous les mineurs ont été conviés à poser pour la postérité. Sur le modèle des photos de classe, tous sont rangés et alignés. Ceux qui remontent, le visage noircis par les poussières de charbon et ceux qui vont descendre encore propres. Ils sont là, arborant leurs outils et leurs lampes à tamis nu, de type Clanny, bien que les lampes de sécurité à cuirasse existent déjà, dont la célèbre Marsaut .
Vous remarquerez, que la tenue de travail des mineurs, ici présents, est confectionnée dans un épais drap de lin blanc écru qu'on dénommait jupon.
Tissus peu couteux, mais très résistant et surtout usité au fond de nos mines sombres, pour distinguer plus nettement ces travailleurs de l'ombre à l'ouvrage.
Ils étaient chaussés d'espadrilles en corde, protections, certes inadéquates pour ce dangereux métier, mais d'usage courant à l'époque...
Les galibots, apprentis mineurs, sont eux, souvent à pieds nus.
Certains, en petits nombres, ont la chance de porter des sabots de bois !
En tant qu'instituteur, je mesure la chance qu'ont les enfants d'aujourd'hui, de pouvoir aller à l'école, de pouvoir jouer avec leurs camarades dans la cour de récréation au gendarme et au voleur, au football... d'avoir un mercredi après-midi de congé, un week-end de repos, de participer à des activités extrascolaires, d'avoir deux mois de congés en juillet et août, de recevoir des jouets à la Saint Nicolas... et de participer à tout ce qui fait aujourd'hui une vie d'enfant. C'est avec grande émotion et tristesse que je regarde ces 5 clichés.
Les conditions de travail de ces enfants de la mine, à cette époque, étaient immondes : un esclavage moderne. Des enfants qui auraient pu vivre une douce vie insouciante d'enfant ont été brutalement projetés dans un monde d'adultes. Arrachés à leur doux foyer et à l'amour de leur mère, sans vraiment savoir pourquoi, ils durent, au prix de souffrances innommables, gagner leur pain.
Ils durent faire preuve d'un courage exemplaire, tant au point de vue moral que physique pour accéder un peu plus tard, pour ceux qui avaient résisté à toutes ces contraintes, au métier de mineur...
Telle était leur destinée incontournable pour la plus part....Fosse n°3 de l'Escarpelle à Liévin en 1891.
Groupe de mineurs saisis juste après leur remontée. Une femme est au milieu d'eux. Oui, les femmes ont travaillé au fond pendant une certaine période...
Gravure datant de la fin des années 1880 montrant des femmes travaillant au fond...
Mines de Méricourt, 1893.
Groupe de mineurs, jeunes et plus âgés, les uns prêts à descendre et les autres juste remontés avec lampes, outils et barrettes (à noter que tous n'en portent pas et se contentent d'une coiffe de tissus.)1894. En France ou en Belgique, un groupe de jeunes mineurs saisi juste après leur remontée du fond. Cette photo, plus réaliste que les autres, nous montre un groupe désordonné sur les marches de la recette du jour. On est loin des mineurs fiers qui posent pour la postérité avec leurs outils et leurs lampes. On touche ici la misère d'un peuple qui est obligé pour survivre, d'envoyer ses enfants, filles et garçons, au fond de la mine, travailler dans des conditions inhumaines. A 12 ou 13 ans, les voici déjà, de petits hommes, de petites femmes, obligés de vivre une vie d'adulte alors qu'ils devraient avoir le nez dans des livres scolaires et jouer dans une cour de récréation.
Anzin, fin XIXème siècle.
Voici une équipe de mineurs saisie pour la postérité avant leur descente au fond. Comme nous pourrons le constater, sur ce cliché, certains mineurs viennent de remonter et se sont joints à la photo commémorative, leurs visages noircis de poussière de charbon en atteste... Nous ne sommes pas loin de l'époque de Germinal et la plupart des ouvriers vêtus du fameux costume de lin blanc, sont coiffés de la traditionnelle barrette de cuir bouilli munie d'une astiquette et arborent aussi une lampe cuirassée de sureté de type Mueseler.
Le personnage au centre à la longue barbe et posant fièrement est le porion de l'équipe.
A droite, portant la moustache et une longue jaquette sombre, c'est l'ingénieur.Bruay fin XIXème siècle.
Groupe de mineurs avant la descente saisi sur le carreau de la fosse n°1.
Sans exception, toutes les barrettes de cuir des hommes sont équipées de la fameuse petite lampe à huile et à flamme nue dite "Astiquette".Anzin, fin XIXème siècle.
Groupe de mineurs haveurs.
Plusieurs ouvriers arborent une rivelaine, outil d'époque qui était un pic plat à deux cotés servant à couper la veine de charbon.Mines de Lens, fin du XIXème siècle.
Quelques mineurs à la remontée.Fosse 8 (mais de quel endroit ?), 1899
Groupe de mineurs d'abouts posant atour d'un cuffat. On note sur la paroi du tonneau de fer l'inscription "fosse 8" et l'année "1899", par contre, le nom de la Compagnie Minière est illisible. Comme moyens d'éclairage, les mineurs utilisent des astiquettes fixées sur la barrette de cuir bouilli et des lampes à huile type Marsaut.
Mine de Noeux fin XIXème siècle.
Mineurs avant la descente. Notez l'emploi simultané des astiquettes (lampes à flamme nue au chapeau) et des lampes de sureté à flamme. Une lampiste portant deux lampes pose avec le groupe devant la cage.1900 - 1920
Mines de Lens, 1900.
Groupe de mineurs avant la descente portant des astiquettes à la barrette de cuir et des lampes à flamme de type Marsaut à la main. La tenue de travail qui était portée à l'époque était le jupon de lin écru ou le sarreau.
Le personnage de gauche, portant une sacoche de cuir autour du cou, est vraisemblablement un boutefeu.
On distingue une trieuse sous l'escalier en arrière plan.Liévin, 1900.
Groupe de mineurs autour du porion.Groupe de mineurs, fosse 5 de Divion en 1900.
Liévin, 1900.
Groupe de porions entourant des géomètres, ingénieurs et directeurs avec quelques outils symbolisant leur fonction.Quelque part en Belgique ou dans le Nord de la France vers 1900.
Ingénieur en tenue de travail.Mai 1900, Bruay. Groupe d'ingénieurs et de techniciens du Bureau des Etudes Minières posant avec leurs outils.
Liévin, 1900.
Equipe du triage formées d'enfants, de jeunes filles et de femmes.Valenciennes, début XXème siècle.
Deux mineurs et un galibot vêtus de jupons de lin écru bien propres posent juste avant de descendre. Ils posent ici avec les outils classiques de l'époque : le mineur de gauche porte un pic et celui de droite tient en main une rivelaine pour l'extraction tandis que le galibot porte une masse qui servait au forage manuel avec la bouterolle pour les tirs de mines. Notons que si les mineurs sont chaussés de sabots, le jeune garçon est pieds nus, ce qui est souvent le cas car les familles sont tellement pauvres qu'il leur est impossible de chausser toute la famille.Aux environs de 1900.
Poste d'affutage des haches de boiseurs.
Les boiseurs dont le métier consiste à étayer les galeries des chantiers du fond avec des billes de sapin, procèdent eux mêmes à l'aiguisage de leur outil avant de descendre au fond.Quelque part en France ou en Belgique... dans le Pays Noir au début du XXème siècle.
Sont-ils prêts à descendre ou viennent-ils de remonter ? L'état des vêtements et leur propreté corporelle ne permet pas de le dire. Ils ont l'air tellement sales et malheureux que la misère se lit sur leurs visages même s'ils tentent d'esquisser un sourire forcé. Pauvres hommes, écrasés par le travail !Quelque part en France ou en Belgique... dans le Pays Noir au début du XXème siècle.
Pauvres enfants au regard vide de toute émotion... Et dire que l'esclavagisme a été aboli... sur papier, peut-être, mais dans les faits ???Bruay-les-Mines, début XXème siècle.
Astiquette sur la barette, outils en main, des mineurs posent avant de descendre au fond. Le mineur assis à même le sol, présente un harnais destiné à un des nombreux chevaux employés au fond. On peut distinguer des visages féminins en arrière plan derrière la fenêtre, vraisemblablement des lampistes.1900, entrée de la mine de l'Escarpelle (Compagnie minière ayant exploité la houille sur les territoires de Roost-Warendin, Leforest, Pont-de-la-Deûle, Dorignies, Courcelles-les-Lens et Auby dans le Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, à cheval dans le département du Nord et du Pas-de-Calais.) Mineur en position de pseudo travail, posant avec ses outils et gourde, briquet et lampe...
La Grand Croix (Loire). Puits Gillet en 1900. Un groupe de mineurs juste après le travail. Ils viennent de sortir de la cage et ne sont pas encore passés par la lampisterie déposer leur lampe pour l'entretien.
Lens, vers 1900.
Groupe de mineurs de la Compagnie des Mines de Lens devant l'entrée de la fosse Sainte Elisabeth.Quelque part en Belgique en 1905. Un groupe de mineur après leur journée de travail.
Cagnac-les-Mines en 1905. Le groupe d'ouvriers de jour.
Auchel, fosse n°8, 1906.
Equipe de mineurs affectés au fonçage du puits. Ces ouvriers ne travaillent pas le charbon mais la pierre et creusent les puis et les bouveaux pour atteindre les veines productrices.
Bruay, fosse n° 5 de Divion - Quartier Warembourg - 1908.
Groupe de mineurs.Bruay, fosse n° 5 de Divion - Quartier Ringot - 1908.
Groupe de mineurs.Une fosse du Nord de la France en 1908.
Les ouvriers du jour.Béthune, 1909. Un groupe de mineurs et galibots au retour de la mine.
Administrateur Directeur Général et les chefs de service principaux de la Compagnie des Mines d'Aniche en 1910.
Valenciennes, 1910.
Un groupe de cafus (trieuses de charbon) après leur pause et de galibots (apprentis mineurs) juste après leur remontée.Saint Etienne, 1910. Un groupe de mineurs posant devant des baraquements en planches. Ils portent leurs lampes et les scies de boiseurs avec leurs fourreaux en bois. Si dans le Nord ou en Belgique, ils portent un costume et un équipement caractéristiques, ici, ils ressemblent plus à des fermiers qu'à des mineurs.
Tamarack mine (cuivre), U.S.A. 1910. Mineurs avant la descente. On peut comparer l'équipement de nos mineurs et l'équipement des mineurs américains.
1910. Un mineur de la région du Borinage posant fièrement avec sa lampe sur le pas de sa porte. Il est bizarre qu'un mineur ait pu sortir de l'enceinte de la mine avec sa lampe. De plus, sa tenue propre et ses chaussures "du dimanche" indiquent sans doute qu'il n'allait pas travailler mais se préparait pour une fête quelconque.. La vigne au mur derrière lui, porte des grappes mais sont loin d'être mûres. Nous sommes donc fin du printemps... sans doute pour la fête de 1er mai...?
Auchel, fosse n°3 vers 1910.
Cette photo pleine de réalisme, révèle une force impressionnante : visages typés, regards intenses et pénétrants, pose rigide des groupes en parfaite harmonie.
Cette équipe de mineurs du fond a été photographiée pour la postérité après leur poste de travail sur le carreau minier au tout début du XXème siècle.
Malgré quelques légères imperfections, nous saluons au passage le talent et la compétence de l'artiste photographe qui à saisi ce cliché avec des moyens techniques rudimentaires à l'époque.
On peut identifier sur ce document, les agents de maîtrise confirmés du fond (chefs de taille, porions, chefs porions...) qui sont coiffés d'une casquette ou d'un chapeau posant bien souvent en position assise au centre des photos.
Les galibots, ou jeunes mineurs en cours d'apprentissage sont représentés accroupis ou agenouillés en avant plan. On remarque la grande jeunesse de ces enfants de la mine. Ceux du premier rang ont entre 10 et 12 ans.
Les ouvriers mineurs de fond figurent en arrière plan sur différents niveaux.
Ces derniers sont coiffés d'un béguin en toile protégeant leur tête sous la barrette de cuir bouilli; certains mineurs de fond sont vêtus d'une tenue de travail blanche, nous sommes encore proche de l'époque de Germinal.
La lampe portative à benzine de type Wolf est omniprésente sur cette photo.
Certains ouvriers en arrière plan, arborent un pic ou une rivelaine, outils usités dans les exploitations houillères à l'époque...Denain, 1910. Un groupe de mineurs après le travail. Ils ont rendu leur lampe à la lampisterie et vont rentrer chez eux se laver et se reposer.
Fosse n° 5 de Divion, Compagnie des Mines de Bruay, 1911.
Les enfants jouent aux cow-boys et aux indiens, au gendarmes et aux voleurs et les adultes jouent aux mineurs. 8 hommes et 3 femmes en jupon de lin et sarreau d'ouvrier, portant la barrette de cuir et lampe de sécurité vont descendre pour visiter les chantiers du fond sous la conduite du porion à la moustache fournie (seul personnage à être présent sur tous les clichés).
La photographie étant tout de même assez rare pour l'époque, il faut la rendre aussi esthétique que possible alors, on se donne une contenance, on fait semblant, on prend une pose décontractée comme les nains de Blanche Neige qui vont au boulot, on sourit.
Il était également d'usage que des repères apparents distinguent bien les lieux et l'année de ces clichés saisis pour la postérité. Le photographe a accroché deux pancartes "Mines de Bruay"., la première sur un flanc de la berline et l'autre sur le mur en briques du fond.
Debout contre la berline quelques outils symboliques du mineur.
Première photo, de gauche à droite : pic ACME à clavette, hache de boiseur, masse, pelle et sans doute un pic de haveur derrière la pelle.
Deuxième photo de gauche à droite : pic classique de haveur, pic ACME avec clavette, pelle à côtes, masse, deux autres pics, la fameuse rivelaine flamande et à l'avant-plan, un fleuret
Troisième photo : des fleurets et des pics.Groupe de mineurs parmi le personnel du raval du deuxième puits du siège n°5 d'Auchel.
Denain, 1913.
Groupe de mineurs : deux équipes se croisent au changement de poste, les uns remontent les autres vont descendre.
1913, quelque part en Wallonie, juste avant le début de la "Grande Guerre", celle qui allait être "la der des der"..., jeunes galibots ou "gamins" comme on dit chez nous, ouvriers mineurs et anciens, en habits du dimanche posent pour une photo à l'occasion d'une fête. 1er mai, Sainte Barbe, Noël...? Je ne sais. Ils arborent leurs outils (pics, haviaux, pelles, bouterolles, rivelaines, ...) Tous portent une, voire deux lampes à tamis nu. Les hommes du fond portent leur calotte de cuir et les ouvriers de jour portent la casquette. Les femmes et jeunes filles sont là aussi, de la lampisterie ou du triage. Leur chemise porte un nœud au col tandis que les femmes sont en robe et les jeunes filles en culotte courte. Tous et toutes portent des sabots aux pieds.
Lens, carreau de la fosse n°4, 1916.
Groupe de mineurs prêts à la descente.1916, U.S.A., Pennsylvanie. Galibots de 12, 13 ans américains. Il n'y a pas qu'en Europe que les enfants travaillaient très jeunes à la mine. Ils portaient néanmoins des gants, de gros godillots, des salopettes et de grosses casquettes renforcées. Peut-être étaient-ils mieux équipés, mais la misère était la même...
Charbonnage du Trieu Kaisin de Châtelineau en 1916.
Deux mineurs posent pour un photographe régional. Le mineur de gauche se tient droit comme figé, s'appuyant sur sa rivelaine et portant à la main sa lampe de type Wolf. L'autre mineur, visiblement, se prend au jeu de la photo et adopte une position altière et décontractée portant son pic à l'épaule, sa lampe à la ceinture et la main au côté. Tous deux portent de gros godillots aux pieds, une barrette de cuir bouilli munie d'une astiquette, moyen d'éclairage interdit en France depuis 1906.1920 - 1940
1920. Cette photo représente le groupe de mineurs de la fosse N° 5 de Bruay qui travaille sous la direction du porion Vanbrille.
1920. Cette photo représente le groupe de mineurs de la fosse N° 5 de Divion qui travaille sous la direction du porion Dautriche.
Mine d'Auchel, 1924
Mineurs et galibots prêts à descendre au fond, saisis sur le carreau de la fosse n° 3 d'Auchel.1928. Cette photo représente le groupe de mineurs de la fosse N° 3 de Bruay qui travaille sous la direction du porion Capel.
Dans une mine de charbon, en France ou en Belgique, Sainte Barbe 1929.
A veille de la Sainte Barbe, il est de coutume que les femmes puissent descendre jusqu'à l'envoyage pour accueillir leur mari de retour de leur poste de travail pour ensuite remonter et renter ensemble au foyen familial.
Le jour de la Sainte Barbe est un jour férié. Les mineurs font la fête. C'est le moment que les compagnies minières choisissent pour faire visiter leurs installations à des personnes étrangères au monde de la mine.
Il est évident que c'est le moment d'immortaliser cet évènement.
Voici un groupe de trois visiteurs équipés de lampes électriques portatives s'apprêtant à descendre sous la direction du porion (au centre) et sous la responsabilité de l'ingénieur (à droite).Mineurs de la Compagnie Houillère de Carmaux, avant la descente.
Puits de Grillatié en 1930.Herve, province de Liège, Belgique en 1930. Un groupe de mineurs en tenue de travail, avec lampes, accompagnés par des amis, amies et sympathisants au moment d'une fête. En fonction des tenues printanières des accompagnants, je pense que c'est sans doute à l'occasion du défilé du 1er mai.
1940 - 1960
Voici un précieux document datant de 1945, parfaitement conservé.
Selon François Perez, 86 ans en 2013, l'homme qui pose en caleçon, cette photo a été prise à 180 mètres de profondeur, dans le puits de la mine de Cagnac. On y voit une équipe de 13 mineurs de fond, pendant leur poste de huit heures.
Ce cliché nous offre encore une fois, une plongée dans l'univers des mineurs de fond.
Un des ouvriers pose en caleçon car il faisait une chaleur terrible et cela manquait d'aération, là dessous.
Certains travaillaient en slip ou même à poil. Les mineurs se sont habillés pour la photo, par pudeur.
D'après mes renseignements, à Cagnac, on commençait comme gamin de fosse, puis on devenait boiseur, pour étayer les galeries, hiercheur et enfin, on devenait abatteur de charbon à la taille.
Après 20 ans de fond, un mineur pouvait obtenir des Houillères de remonter, comme conducteur de camion ou ambulancier. En tout, pour obtenir sa retraite, il fallait faire au moins 36 ans au service de la mine.
Lors de la prise de vue, les mineurs étaient encore dans les privations de l'après-guerre. Les biceps étaient marqués, parce que le travail manuel forme les muscles et vu les rations alimentaires, les mineurs ne stockaient pas de graisse.
Peu d'ouvriers avaient de l'instruction, alors, il leur fallait des bras et des jambes.Pendant la guerre, il était interdit de photographier dans la mine... Rien à voir avec l'espionnage industriel... mais il ne fallait pas que les Allemands voient ce qui se passe au fond. La fosse employait tous ceux qui voulaient travailler... Il y avait du travail. Les houillères prenaient ceux qui étaient disponibles et tous ceux qui voulaient se cacher. Elles n'étaient pas regardantes... au contraire, pour autant qu'on travaille, la Compagnie était prête à aider. Beaucoup de juifs étaient planqués à la mine pendant l'Occupation et remontaient une fois par semaine en soirée. On les ravitaillait chaque jour en nourriture, eau, café, lumière... Beaucoup de juifs ont échappé aux rafles comme ça.
Nous sommes dans les mines de Carmaux en 1945. Un groupe de mineurs pose pour une photo souvenir. La guerre est finie et il faut reprendre le travail. Difficile en cette période de restrictions d'obtenir des habits adaptés au travail de la mine. Au centre, un peu à droite, un ouvrier porte encore un calot militaire. Sans doute un prisonnier de guerre français fraichement rentré au pays... et un peu plus à droite un prisonnier de guerre allemand qui n'est pas encore rentré chez lui (portant la veste avec le sigle P.G.). En fait, un peu partout en France, des prisonniers de guerre allemands ne sont pas rentrés chez eux. En effet, enrôlés de force dans l'armée de leur pays, ils n'étaient pas sympathisants des théories politiques du IIIème Reich. Faits prisonniers, ils se sont retrouvés dans les fermes, dans les mines, dans des industries... là où la main d'oeuvre française manquait... et à la libération, plutôt que de rentrer chez eux et retrouver un tas de ruines, certains de ceux qui n'avaient aucune attache en Allemagne sont restés en France.
Photos de mineurs prises par Robert Doisneau en 1945.
L'Europe vient juste d'être libérée de l'emprise nazie... ou est en passe de l'être.
L'Europe est meurtrie et exsangue. L'occupant a pompé, détourné, volé pour son propre profit et pour l'effort de guerre tout ce que nous produisions : matières premières, énergie et nourriture. Cinq années de privations et malgré tout, l'Europe doit se redresser au plus vite car il faut relancer l'économie et tout reconstruire.
Ici, un mineur à la remonte s'apprêtant à déposer sa lampe à la lampisterie, où, en échange de cette dernière, il récupérera son jeton, plus communément appelé "taillette".Les mineurs, maçons, sidérurgistes, verriers, ouvriers des manufactures, carriers... tous vont être sollicités, des plus jeunes aux plus vieux, tous vont se sacrifier pour redonner vie à l'Europe.
Ici, de jeunes galibots poussant une berline vide sortant du moulinage.Toujours en 1945, une fin de poste et remontée de la cage chargée d'ouvriers.
Après la remonte, l'immense plaisir de savourer une cigarette....
Le baromètre en arrière plan sur la droite est indicateur de performance de production, rappelant au passage les objectifs que les mineurs de fond devaient atteindre.Le regard fixé sur l'avenir, le mineur sait qu'il va jouer un rôle important...
Ces hommes courageux ont redressé l'Europe après la guerre...
Dans nos mines, les statuts sociaux, familiaux, religieux, ethniques disparaissent. Tous sont mineurs et gueules noires...
Belges, Français...
Italiens, Polonais,...
Grecs, Espagnols...
Tous se sentent utiles...
Et participent à quelque chose de bien plus grand qu'eux...
L'histoire de l'Europe frappe à leur porte...
Scène d'abattage au piqueur en veine haute.
Autre scène d'exploitation au piqueur, ici en veine commune.
Photo d'un groupe de mineurs saisie pour la postérité.
Le personnage de droite est un porion.
Nous sommes ici en grande profondeur où la température est d'autant et proportionnellement élevée, en atteste la tenue légère de la plus part des ouvriers présents.1960 - Fin de l'exploitation minière
Cliché issu du journal du personnel du Groupe de Bruay " La lampe au chapeau " édition juillet 1958.
Cette inquiétude qui se lit sur les visages, est-elle pour le milieu hostile dans lequel doivent travailler les mineurs ou pour l'inéluctable fin des exploitations minières programmée dès le début des années 1960 ?
De quoi sera fait demain, telle est la question que tout le monde, tant en Belgique qu'en France se pose ?
Oui, ce sera bientôt la fin. La retraite anticipée, la préretraite ou le reclassement... et dans quelles conditions salariales ? Le Premier Ouvrier de France se sent oublié, délaissé.
Et lui, le petit fils d'immigré Polonais, que fera-t-il lorsque les mines fermeront ? A-t-on seulement pensé à la possibilité de reclassement ?
Un italien qui a quitté sa Calabre inondée de soleil pour venir s'enterrer dans le pays au ciel gris et à la terre noire. Quand les mines fermeront, rentrera-t-il chez lui? Etranger ici et devenu étranger chez lui...
"Que vais-je bien pouvoir faire lorsque les mines auront fermé leurs portes, moi qui ne sais qu'arracher le charbon à la terre ?"
Cliché datant de 1962. Lui, il sait, comme tous les autres, que c'est bientôt fini, mais il est jeune et saura retrouver du travail.
Pour lui qui a déjà la cinquantaine, ce sera la préretraite et puis la retraite.
Charbonnage de Wérister, dans la région de Liège. Dernier mineur à la remontée lors de la fermeture définitive en 1969. Pour lui aussi, l'ancien, ce sera la retraite.
Deux photos de mineurs saisie pour la postérité en 1979... la fin est proche et tout le monde le sait.
1980. Voilà, c'est décidé... les mines vont fermer... définitivement.
8.9. Ouvrages décrivant la vie des mineurs au cours du temps.
Jacques Déramaux, fondateur et président du musée de la mine d'Auchel était géologue au siège UP n°6 d'Haillicourt. Chacun d'entre nous connait sa grande passion pour les fossiles miniers dont on peut contempler une grande partie de sa collection au musée de la mine d'Auchel.
Vu l'immense succès remporté lors de la
1ére édition du livre des "12 au charbon", et afin de satisfaire de nombreuses demandes, une réédition à été
programmée et ce livre est de nouveau disponible.
Un cadeau d'un prix modeste, à offrir à la St Barbe, à la Fête des Pères ou
à la Fête du Travail et à tous ceux qui désirent connaître l'histoire charbonnière du Nord - Pas-de-Calais.
Cet ouvrage comporte 120 pages format 21x29,7, 90 photos, dont tous les chevalets des puits de mine de la région de
Bruay à Fléchinelle, 34 planches de fossiles (faune et flore) découverts dans notre
sous sol, de l'ère primaire (300 millions d'années).
Cet ouvrage au prix de 18 euros est disponible au Musée de la Mine d'Auchel pendant les heures d'ouverture.
François Cavanna est un écrivain et
dessinateur humoristique français né le 22 février 1923 à Nogent sur Marne d'un père italien et d'une mère
française.
A travers son ouvrage, publié en 1993, des mineurs racontent la mine.
Ce sont les enfants de "Germinal", le terrible réquisitoire de Zola.
Ces instantanés sont ceux de gens au travail. Ils sont parfois âpres, parfois terribles,
parfois cocasses, souvent gais. Ils respirent la joie de vivre d'être heureux de gagner leur vie, fiers
de leur métier difficile, conscients d'appartenir à une élite ouvrière et à une race à part.
Un livre remarquable tant sur la qualité et l'originalité des textes que
sur celle des photographies, saisies par de grands maîtres de l'objectif
tels que Robert Doisneau.
Je vous recommande vivement la lecture de cet ouvrage passionnant.
Editeur Lionel Hoebeke.
Photographies de Jean-Philippe Charbonnier, Robert Doisneau et Willy Ronis.
Les Mines de Liévin à la fin du XIXème
siècle : Le peuple de la Mine.
Merveilleux ouvrage des éditions Gauhéria, le passé de la Gohelle, n°43 édité en juillet 1999, 79 pages.
Autant de photos en noir et blanc de groupes de mineurs saisies sur les carreaux des fosses de Liévin et commentées
par des historiens miniers et des textes d'une extrême précision liés à l'histoire
des Mines de cette Compagnie.
Les photos dont les originaux ont été puisés à partir de plaques de verre d'époque, sont d'une qualité exceptionnelle.
La mine et les mineurs en 1900 : Le temps
de l'industrie
Ouvrage de 518 pages format A4, du Centre Régional de documentation Pédagogique de Lille édité en 1979 contenant de nombreux
documents, photos et textes retraçant l'activité des mines dans le nord de la France au début du siècle dernier.
Édition épuisée, ouvrage rare à trouver de nos jours excepté, parfois, chez certains bouquinistes spécialisés.
Paroles et mémoires du bassin Houiller du
Nord - Pas de Calais 1914 - 1980
Recueil d'interviews de mineurs et de femmes de mineur établi par Jacques Renard. Format A4 - 363 pages édité en
1981.
Nombreux documents et photos de cette période, illustrent les textes saisissants de réalité, des témoins de cette
fabuleuse épopée minière.
Édition épuisée, ouvrage rare à trouver de nos jours excepté, parfois, chez certains bouquinistes spécialisés.
Mineur de fond d'Augustin Viseux : Terre
humaine. Ouvrage de 608 pages édité en 1991 aux éditions PLON de Paris.
Augustin Viseux, né en 1909, est une de ces gueules noires qui ont contribué, dés l'aube du XIXème siècle, à établir la
France en tant que grande puissance industrielle.
Issu d'une famille de mineurs, du sud de Lille (région de Lens), Augustin Viseux, travaille dés l'âge de 15 ans sur le
carreau de la mine. Galibot poussant la berline de charbon, ou guidant le cheval dans les couloirs de
la mine, manœuvre, bowetteur, hercheur, piqueur de veine, chef de chantier, porion, ce jaurésien de tradition s'élève,
par une étude forcenée, au grade d'ingénieur principal.
Il nous fait vivre les grandes luttes ouvrières qui culminent au front populaire, la Résistance des mineurs durant
l'occupation allemande et, après la Libération, la défense des Charbonnages de France, propriété de
l'État.
Mineur de fond est un livre du peuple qui se voudrait une suite à Germinal et surtout un témoignage de solidarité avec
tous ses camarades. De nombreux documents, textes, cartes, annexes, font de ce témoignage
capital une bible de la mine et de son métier.
Figure emblématique de tout le bassin houiller, Augustin Viseux vient d'être nommé commandeur de la Légion d'Honneur.
Cet ouvrage a été réédité et est disponible à la vente.
Merveilleux
livre de Pierre-Christian Guiollard, photographe et chercheur français, spécialisé en archéologie industrielle
minière, qui a entrepris un travail colossal sur les chevalements des charbonnages français et belges depuis
les années 1970.
A travers cet ouvrage, l'auteur a saisi pour la postérité, durant les années 1980, plusieurs chevalements encore
visibles à l'époque avant leur démolition.
Les molettes des chevalements rappellent, selon Pierre-Christian Guiollard, la corolle d'une fleur dont il s'est
inspiré pour le titre original de ce livre.
L'auteur conclut la préface de cet ouvrage par cette phrase :
"Regardez-les ces belles-fleurs cachées derrière les terrils, regardez-les vite car le chalumeau les guette, elles
disparaissent une à une, lentement mais surement, sans faire de bruit, disparition inéluctable car les
belles-fleurs d'acier, elles ne repoussent jamais..."
Format 21 x 29, 7 cm - 48 pages. Nombreuses photos noir et blanc et un plan de chevalement. Sur la couverture : Puits
du Pêchon à Couillet.
Auteur éditeur : Pierre-Christian Guiollard, Fichous, 64410 Arzacq (France)
Histoires des Mines du Nord et du Pas de
Calais (de 1946 à 1992) par Guy Dubois et Jean Marie Minot
205 pages, édité en 1992, complément du premier volume datant de la même
époque et consacré à la période "des origines à 1945".
Ce volume retrace en textes (de Guy Dubois) et photos noir et blanc
d’excellente qualité (de Jean-Marie Minot), l'inventaire et l'histoire de
toutes les mines du groupe de Valenciennes jusqu'au groupe d'Auchel de
1946 à 1992. Ouvrage de référence pour tous les passionnés du patrimoine
industriel Nordiste.
Ouvrage malheureusement épuisé vingt années après sa parution, et très rare à trouver de nos jours, même sur les
bourses spécialisées.
Mémoires de la Mine, extraits
d'interviews du film de Jacques Renard.
Dans "Mémoires de la Mine", les mineurs nous racontent ce que fut leur vie. Ils n'ont pas produit que
du charbon, ils ont produit aussi de l' histoire.
Une sorte d'album où photos et récits tentent une description de la vie
quotidienne des mineurs du Nord et du Pas de Calais à une époque où l'on
rasait les chevalets de mine.
Ouvrage paru en 1981, les photographies essentiellement saisies dans la
région, sont de Pierre Mercier et de François Ede.
Certaines ont été effectuées dans le cadre d'une commande du Centre d'action culturel de Douai.
8.10. Reconnaissance des travailleurs du passé glorieux des mines.
Oui, les livres décrivant la dure vie de nos mineurs est une reconnaissance en soi. Mais ces livres demandent au lecteur une démarche volontariste. Je m'explique... il faut d'abord que le lecteur potentiel soit intéressé par le sujet, qu'il se rende dans une librairie ou une bibliothèque pour trouver l'ouvrage qui l'intéressera, qu'il le loue (dans une bibliothèque), qu'il l'achète (dans une librairie)... ou qu'il le commande, s'il n'est pas disponible... et comme de nombreux livres dédiés aux mineurs n'ont pas reçu le prix Goncourt... et donc n'ont pas été tirés à des millions d'exemplaires... il se peut qu'ils ne soient plus disponibles, que le tirage soit épuisé... et que seul un bouquiniste spécialisé peut, au fil de ses recherches en trouver l'un ou l'autre.
Il n'est pas toujours simple, pour quelqu'un qui fait la démarche de recherche, de trouver un bon livre sur la mine, les mineurs et leur vie.
A côté de cela, il y a "monsieur-tout-le-monde" (la majorité des personnes), l'être humain lambda qui vit dans la région des anciens charbonnages ou qui vit ailleurs et qui ne fait qu'y passer... et qui ne connait pas cette épopée glorieuse ou qui n'en a que vaguement entendu parler.
Pour toutes ces personnes, il est bon de créer des structures et d'ériger des monuments à la mémoire des mineurs.
Le Bois du Cazier
La catastrophe du 8 août 1956 fit 262 victimes dans le charbonnage du Bois du Cazier de Marcinelle. Les travailleurs qui ont perdu la vie dans ce terrible accident étaient originaires de 12 pays différents, dont une majorité d’Italiens. Cette stèle en petit granit (pierre bleue belge) représente le mineur creusant le sol de Belgique avec l'Italie en cartouche, faisant ici référence aux victimes, majoritairement italiennes.
L’Espace 8 août 1956 est un centre d’interprétation consacré à la tragédie, à la sécurité au travail et aux phénomènes migratoires. Films, photographies, témoignages et explications techniques relatent, heure par heure, jour par jour, la catastrophe et les opérations de sauvetage
Le Mémorial est un lieu de recueillement rendant hommage aux victimes de l’accident. Les portraits accompagnés d’une illustration sonore vous feront ressentir le drame vécu par les familles.
Auchel, le rond-point face à l'Odéon
Si vous êtes de passage sur Auchel, vous pourrez contempler ce splendide mémorial du mineur, trônant au centre du rond-point face à l'Odéon.
Érigé à la mémoire de tous ces hommes, femmes et enfants qui ont œuvré pour l'exploitation du charbon dans notre région pendant deux siècles et demi, cette œuvre artistique est en bronze peint.
Détail du mineur arborant une lampe de sécurité à flamme ainsi qu'un morceau de charbon dans la main et du galibot, toujours représenté humblement vêtu.
L'expression des visages est saisissante de réalité...Les personnages sont représentés grandeur nature dans leur tenue de travail datant du début du siècle dernier..
On y distingue, le mineur de fond, chef de famille, la femme, trieuse au jour et l'enfant apprenti, le galibot.
Les femmes exclues du fond, depuis la parution des textes législatifs de 1860, sont nombreuses sur les carreaux des fosses.
Affectées en majeure partie au triage ou criblage, elles étaient chargées de trier le charbon remonté du fond, en séparant la houille des déchets stériles.
Au criblage, les conditions de travail étaient très difficiles, oeuvrant dans un épais nuage de poussières de charbon, leurs visages étaient aussi noir que ceux des abatteurs au fond.
Les mineurs les surnommaient "les culs à gaillettes", qualificatif peu flatteur en hommage à ces femmes de la mine...
Mémorial de le fosse n°1 de Bruay
Statue en bronze d'un mineur de l'époque Germinal située sur le mémorial de la fosse n° 1 de Bruay.
On distingue le mineur en sabots s'appuyant sur une rivelaine.
Ce mémorial rend hommages aux premiers mineurs (hommes, femmes et enfants) qui sont descendus au fond en 1855.
Cafougnette
Cafougnette est un personnage de fiction inventé par un mineur de fond, poète et conteur de Demain, Jules Mousseron (1er janvier 1868 - 24 novembre 1943). Cafougnette est un peu le Tartarin de Tarascon du Nord de la France. Il apparaît pour le première fois en 1896 sous les traits d'un mineur fainéant, ivrogne et gaffeur et devient le héros d’une soixantaine d’histoires savoureuses, pittoresques et truculentes en patois picard... avec un peu la même verve que "Toine Culot, Maïeur de Trignolles d'Arthur Masson". Cafougnette est l'anti-héros par excellence, un pauvre diable sur qui tous les problèmes du monde vont s’abattre. Aux yeux de tous, c'est l’homme rencontré au marché, à l’estaminet,à la ducasse ou au coin de la rue.
Hôtel de ville de Bruay-la-Buissière
De style renaissance flamande, l'Hôtel de Ville date de 1931 et a une hauteur totale de 47,5 m. Les encadrements des baies et de la corniche sont en pierres d'Euville. Depuis 2009, le bâtiment et les vitraux sont inscrits à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. Ces derniers ont été réalisés en 1929 par le Maître verrier Alfred Labille et évoquent des scènes minières de la fosse n°5 de Divion entre 1920 et 1929.
Paysage du Pays Noir.
Arrivée des mineurs sur le carreau de la fosse.
La fosse n°9 de Bruay en Artois à Divion entre 1920 et 1929.
Haveurs à l'abattage au pic dans une taille haute.
Hiercheur poussant la berline et trieuse.
A noter les détails précis reproduits par l'artiste dont les carreaux cassés des bâtiments de la fosse..Symbole de la mine, du mineur et de sa lampe.
Dans nos cimetières...
Lorsqu'un mineur décède, par accident ou de sa belle mort, il arrive que sa famille désire que sa mémoire ne s'efface pas et qu'aux yeux des passants, visiteurs et autres personnes déambulant dans ce lieu de recueillement, on sache que là, repose un ancien mineur.
Pour cela, sur sa stèle, une effigie de mineur en cuivre ou en bronze y est apposée... comme celles que j'ai pu photographier dans différents cimetières que j'ai visités
Célébrités...
Au cours du temps, les mines ont été visitées par des personnages célèbres. un des premiers, fut évidemment Emile Zola qui s'imprégna de la vie des mineurs pour son livre Germinal.
Hubert Goffin, (1771-1821) est un mineur liégeois qui sauva de nombreux ouvriers mineurs lors d'une inondation du charbonnage de Beaujonc.
Ce fut l'une des catastrophes les plus terribles du genre dont on ait conservé le souvenir. Elle eut lieu le 28 février 1812 dans la mine de Beaujonc, située à quelques kilomètres de Liège. L’invasion subite des eaux, se précipitant avec violence d’une hauteur de 75 mètres, enferma 127 mineurs dans un étroit espace, où, pendant cinq jours et cinq nuits, ils travaillèrent sans relâche à surmonter les obstacles qui s’opposaient à leur délivrance. Hubert Goffin et son fils Mathieu, âgé de 12 ans, avaient, au moment de l’irruption des eaux, refusé de se sauver afin de partager le sort de leurs camarades. Le 4 mars 1812, grâce à son héroïsme et à sa force d’âme, 70 ouvriers furent rendus à leur famille. Goffin et son fils voulurent être délivrés les derniers.
Cet acte de courageux dévouement lui valut d'être fait Chevalier de la Légion d'honneur avec une pension annuelle de six cents francs d’un décret signé le 12 mars 1812 par l’empereur Napoléon Bonaparte. La décoration lui est remise, sous les vivats, le 22 mars 1814 à l'Hôtel de ville.
Le 8 juillet 1821, faisant appel à sa compétence et bien qu'il soit au repos ce jour-là, la famille Colson le pria de descendre dans la galerie de la houillère liégoise du Bois de Saint-Gilles à Sclessin. Un incendie s'y étant déclaré, Hubert Goffin entreprit de déboucher l'obturation de la galerie que les mineurs avaient pratiquée pour priver le feu d'oxygène. À ce moment, une violente explosion de grisou, qui projeta Hubert Goffin contre la voûte de la galerie, lui fracassa le crâne. Après deux heures d'agonie, Hubert Goffin rejoignit son fils Mathieu mort un an plus tôt.
Cent ans plus tard, la commune d'Ans lui a élevé un monument sur la place communale. Une statue commémorant l'évènement se trouve place Nicolaï. Elle est l’œuvre de l'artiste liégeois Oscar Berchmans et a été inaugurée, en 1912, lors d'une cérémonie pour le centième anniversaire de la catastrophe.
Jules Mousseron, né le 1 janvier 1868 à Denain (Nord) où il est mort le 23 novembre 1943, est un poète français de langue picarde et mineur de fond à la Compagnie des mines d'Anzin. Il est particulièrement connu pour avoir créé le personnage de Cafougnette.
1914. La première guerre mondiale vient d'être déclarée. Des contingents de l'armée française sont dépêchés dans les mines pour les protéger. Le président Poincaré, ingénieur de formation, vient voir comment se gère une mine de charbon.
Octobre 1955, le Président René Coty visite une mine à Douai... mais nous n'en avons aucun cliché.
25 septembre 1959. Troisième venue d'un Président de la République française auprès des mineurs : visite du Général de Gaulle à la mine d'Haillicourt.
Venu à Lille en juin 1959, présenter
son dernier film "Le Bossu", Jean Marais avait manifesté le désir de connaître la mine.
C'est au siège n°2 d'Oignies qu'il est descendu.
A sa remontée, en fumant sa première cigarette il déclara "Quand on me
plaignait de tourner toute la journée des scènes périlleuses et le soir de
jouer au théâtre, je faisais allusion à l'ajusteur qui se trouve, huit à
dix heures derrière son établi. Désormais je penserai au mineur... "
Photo dédicacée en janvier 1960 par l'artiste pour tous les mineurs.
Vous l'avez reconnu, ce mineur aux
yeux pétillants, c'est le chanteur compositeur et poète, Jacques Brel.
L'auteur des "Flamandes", flamand lui même, a profité d'une tournée dans
la région du Nord et plus particulièrement à Douai en 1962, pour rendre
visite aux mineurs du siège 10 d'Oignies.
Il était accompagné de journalistes parisiens et régionaux (à droite sur la
photo, Jean Guitton de Nord Matin).
Jacques Brel à recueilli au fond beaucoup de témoignages de sympathie, il
s'est déclaré "bouleversé" par sa visite : "Il faut que je réfléchisse à
tout ce que j'ai vu...."
Pierre Bachelet né le 25 mai 1944 dans le 12ème arrondissement de Paris avait une famille, originaire du département du Nord. très attaché à sa région, le chanteur l'évoquera plusieurs fois dans ses chansons.
Oui, c'est bien François Bayrou en 2001 dans une mine de Moselle juste avant sa fermeture.
27 décembre 2014, commémoration du 40ème anniversaire de la catastrophe de Liévin en présence du Premier ministre, Manuel Valls.
Petits monuments ici et là...
Le long du littoral, on voit partout des représentations de bateaux à voile ou des phares sur les ronds points, dans les carrefours ou sur les places de villages. A Paris, c'est la tour Eifel qui est assaisonnée dans les boules à neige ou les thermomètres... Dans un pays de mines, ce sont des symboles emblématiques de la mine qu'on va trouver un peu partout.
Lampe monumentale à l'entrée de Méricourt. Cette lampe de mineur gigantesque (3,50 mètres de hauteur), est une réplique du modèle Wolf qui fut fabriquée par l'ancienne fabrique régionale de lampes minières ARRAS.
Elle est un des éléments constitutifs du mémorial des mines de Méricourt se situant sur le rond point la route nationale à l'entrée de la zone d'activités du n°3.
Cette pièce de toute beauté, a été conçue et réalisée par les élèves de la section bac professionnel, "structures métalliques" du lycée Henri Darras de Liévin.
Monsieur Alain Choquel, professeur d'enseignement technique de cet établissement scolaire, concepteur de ce projet, a supervisé la fabrication de ce "monument" qui a nécessité plus de 150 heures de travail en atelier de chaudronnerie, sans compter le temps imparti à la réalisation des plans par la classe "bureau d'études" de ce lycée.
L'ouvrage fut inauguré en décembre 2008, en présence des élus de la municipalité, d'anciens mineurs, de sapeurs pompiers qui célébrèrent, en cette occasion, la Sainte Barbe, sans oublier les élèves et professeur à l'origine de ce projet.
Les mineurs des différentes communautés et la municipalité ont ensuite déposé des gerbes de fleurs en hommage à la corporation minière, avant les discours habituels.
Mustapha Nagi fut le premier à rappeler comment, en descendant au fond et en creusant la terre, les mineurs ont participé fortement à construire l'avenir. "De génération en génération, les mineurs ont façonné une solidarité ouvrière...".
Le maire a remercié les lycéens pour cette belle réalisation et les services municipaux chargés de la pose de la lampe. "Le symbole est beau et marque le respect que l'on vous doit à vous, les mineurs et à votre travail. Aujourd'hui nous devons être solidaires dans vos luttes pour le maintien de la gratuité du logement aux ayant droits et dans celles pour vous soigner dignement."
La marche du mineur a clos la cérémonie et tous les participants ont partagé "le briquet" offert par la municipalité.
C'est sur le rond point, limitrophe des communes d'Haillicourt et d'Houdain, que vous pouvez contempler cette ancienne mollette mesurant 6,5 m de diamètre et provenant du chevalement de la fosse n°7 d'Houdain, qui était rattachée à la Compagnie des Mines de Bruay en Artois.
Ce chevalement, unique en son genre dans notre région, possédait 4 mollettes identiques qui se situaient sur le même niveau de plancher, côte à côte, couvertes par un abri de bois.
Fabrication en acier, entièrement rivetée à chaud, aucun procédé de soudage à l'époque sur les mollettes comme sur les chevalements.
La technique usitée sur les ouvrages métalliques est identique à celle qui fut employée pour la construction de la tour Eiffel.
Seul l'alésage du moyeu était usiné avec précision pour être ajusté sur l'axe porteur entre les paliers, assurant la parfaite rotation de l'ensemble.
Plusieurs chevalements encore érigés dans notre région présentent cette spécificité de construction, propre à cette époque.Bruay-la-Buissière. Stèle des mineurs au sommet du château d'eau.
Le mémorial est situé au bas de la rue Gaston Blot au sommet du château d'eau, à mi chemin entre l'ancienne fosse N° 3 de Bruay et celle du N° 5 de Divion, dont un bâtiment vestige est encore parfaitement conservé de nos jours.
Petite statue en bronze représentant un mineur portant sa lampe. Collection privée d'un ami.
Petit buste d'un mineur barrette sur la tête et portant son pic sur l'épaule. Plâtre peint. Collection privée d'un ami.
Groupe de mineurs dans une taille. Reproduction d'un bas relief en bronze de Constantin Meunier. Collection privée d'un ami.
Une berline servant de bac à fleurs dans un parc à Hérin.
Une autre berline servant de bac à fleurs au sommet d'un rond point, dans un village... heu... je ne sais plus lequel...
Lens, ancien parc des Grands Bureaux de la
Compagnie des Mines, parc aujourd’hui géré par la ville qui en a fait un jardin public séparé du bâtiment par une grille. C’est
un lieu de promenade et de détente.
Près de la grille d’entrée du parc, la statue du Mineur y a été installée afin que l’on n’oublie pas ceux qui descendaient à
leur risque et péril dans les entrailles de la terre. Statue en bronze de l'artiste Fernec Nagy, elle représente le mineur,
torse nu, la lampe à la main, la barrette sur la tête et le pic sur l’épaule, prêt à descendre au fond.
Un petit square dans la ville de Wallers-Arenberg. Un monument représentant un mineur, torse nu, casque avec lampe électrique sur la tête, agenouillé et travaillant dans une veine au marteau piqueur honore les travailleurs du fond.
Dans la ville de Raismes un petit square avec un monument en l'honneur de l'arrivée des ouvriers polonais.
Une berline joliment décorée dans un parc à Roeulx.
Berline offerte à la ville d'Hautrage-Etat part la ville de Sierakowice (Pologne) en l'honneur des 90 ans de l'arrivée des Polonais dans les mines de charbon du Borinage.
Au pied de la molette du chevalement du 7 d'Houdain, objet d'un article ci
dessous, ces berlines issues de la même fosse et reconverties en
compositions florales agrémentant parfaitement ces vestiges miniers.
Autres berlines fleuries de capacité plus importante sous d'anciens et
authentiques cadres métalliques de soutènement de galerie.
Castanet-le-Haut (Hérault), hommage aux mineurs.
L'association Mining
L'organisation Mining est une association loi 1901 basée à la Maison des Associations de Bully-les-Mines et ayant pour but de promouvoir l’échange de savoir, de favoriser les rencontres entre tous les acteurs qui ont la même passion, afin de s’enrichir l’esprit, de s’informer, d’apprendre et de comprendre le passé minier par le biais d’expositions, salons, bourses, documentations, expositions et débats.
MINING est donc, au départ, une association organisant une bourse internationale de l’objet minier.
Créé à Grenay dans le Pas de Calais, Mining
organise son premier salon en la salle René Coutteure à Grenay le 11 novembre 2001.
Faute de place, car les visiteurs et exposants du Mining étaient très nombreux, le 22 septembre 2002, la deuxième édition
de l'expo-bourse eu lieu en la Salle Bigotte à Grenay.
Depuis le 19 octobre 2003, cette bourse internationale de l’objet minier "MINING" a élu domicile dans la salle du Stade Corbelle à Bully Les Mines, et se déroule désormais chaque premier dimanche d’octobre. Cette salle se prête bien à ce genre de manifestation grâce à sa clarté, son espace, son accessibilité… Cette manifestation n'est possible que grâce aux concours de la municipalité et aux exposants de toutes nationalités qui ont répondu présents depuis sa création.
La salle Corbelle en 2008.
Philatélie, cartophilie et numismatique
50 et 20 centimes belges de 1955 à 2001.
Timbre français à 0,53 euros pour le centenaire de la catastrophe de Courrières.
Timbre français à 2 francs et 15 centimes rendant hommage aux mineurs.
Timbre français de 2001 à 3 francs français soit 46 centimes d'euro dédié à la publicité de Jean Mineur.
Une carte postale parmi tant d'autres mettant en scène un mineur.
Récupération.
De nombreuses manifestations, n'ayant souvent rien à voir avec le monde de la mine, mais se déroulant dans les régions où des charbonnages ont existé, récupèrent l'image du mineur pour promouvoir leur projet.
Ainsi cette affiche annonçant une foire commerciale à Lens en 1957.
Musée de la mine de Bruay la Buissière.
Le musée de la mine de Bruay est situé cours Kennedy entre la piscine
Grossemy et le carrefour Lemoine prés de la rivière la Lawe.
C'est dans cette ancienne mine image, où l'on formait les apprentis mineurs de la compagnie des mines de Bruay, que vous découvrirez pendant
une heure :
- Les conditions de vie et de travail des mineurs du Pas de Calais.
- L'évolution des techniques de l'outillage, de l'ouverture des mines de Bruay de 1855 à leur fermeture en 1979.
- En tout, et parfaitement reconstituées, 400m de galeries à visiter avec un guide, ancienne gueule noire dans les entrailles de la mine!
- Des films d'époque projetés dans une salle annexe, qui mettent en scène l'âge d'or du bassin minier.
- Des échanges avec votre guide et les autres visiteurs dans une ambiance conviviale.
L'énorme "gaillette" de 3500 kg trônant à l'entrée du musée dans
l'espace culturel Grossemy (ex salle des houillères) attenant au musée.
Ce bloc de charbon démesuré d'un seul tenant, fût extrait de la fosse n°2 de Marles les Mines en 1920.
Il a été remonté sur le carreau du jour, sanglé sous la cage, car, bien entendu, ce dernier n'aurait pu être introduit dans cette dernière, compte
tenu de son étroitesse.
Après une exposition en région parisienne, il fût cédé à la chambre de Commerce et d'Industrie de Béthune, qui le restitua à la ville de Bruay
lors de l'ouverture du musée en 1989.
Posant à coté de cette gaillette pour la postérité, Raymond, un ancien mineur de la fosse n°6 d'Haillicourt. Raymond fait partie des guides du musée de la Mine de Bruay qui vous feront revivre cette fabuleuse épopée des mineurs de la région.
Musée de la mine de Marles les Mines.
Le Chevalement du Vieux 2 à Marles-les-Mines ouvre ses portes aux visiteurs chaque année depuis fin avril.
Ce musée est née de la volonté de la municipalité de valoriser son patrimoine minier. Il est le fruit d’un partenariat entre la ville de Marles-les-Mines et l’Office de tourisme de la région de Béthune-Bruay qui met à disposition un guide pour assurer la médiation.
Le Chevalement du Vieux 2, vestige de la fosse n°2 de la Compagnie de Marles, est le seul chevalement de la région de Béthune-Bruay encore préservé. Il figure parmi les 21 chevalements inclus dans le périmètre Bassin minier Patrimoine mondial.
Le bâtiment abrite la machine d’extraction et expose du matériel lié à l’activité minière. Une exposition permanente consacrée à la Compagnie des Mines de Houilles de Marles. Vingt-six panneaux retracent la vie de la concession avec le premier fonçage infructueux, à Marles, en 1853, à la nationalisation des Houillères en 1946, la fermeture définitive du dernier puits du siège n°2, le 29 mars 1974 et jusqu’à leur dissolution en 1993.
Racheté par la commune en 1979, le site fut rénové en 1989, et l'inauguration du musée a eu lieu le 9 juin 1991.
Contact Mairie de Marles-les-Mines :
Marie-Laure BONNIEZ
Chargée de la valorisation du patrimoine
Tél. 03 91 80 07
Musée de la mine Jacques Déramaux d'Auchel
Musée de la mine de Blegny mine.
Situé entre Liège et Maastricht, Blegny-Mine est une des quatre authentiques mines de charbon d'Europe dont les galeries souterraines sont encore accessibles aux visiteurs via le puits d'origine. Munis d’une veste et de votre casque, descendez par la cage de mine à -30 et -60 mètres sous terre pour comprendre comment était extrait le charbon.
Vous découvrirez les bouveaux, la taille, le bruit des machines, le travail des hommes; vous vivrez, le temps d’une visite, l’univers à la fois dur et passionnant des "Gueules Noires". Après être remonté "au jour", vous suivrez le parcours du charbon dans les installations de triage et de lavage. Culbuteurs, tamis, trémies, système d’encagement et de décagement des berlines, processus d’épuration, de lavage et de stockage : tout le traitement du charbon vous sera montré, depuis l’arrivée du minerai jusqu’à son transport et sa vente.
Musée du site du Bois-du-Luc.
Le site de Bois-du-Luc recouvre l’ensemble des réalisations techniques et sociales de l’une des plus anciennes houillères de Wallonie : la Société des Charbonnages du Bois-du-Luc. Une Société qui se démarque du paysage industriel par sa longue histoire (1685-1973), mais aussi par ce qu’elle nous a laissé comme legs ici même au Bois-du-Luc, là où a été conçu à l’aube de la Révolution industrielle un modèle complet de village industriel : le "all-inclusive charbonnier".
C’est en 1846 que la Société des Charbonnages du Bois-du-Luc ouvre la Fosse Saint-Emmanuel. C’est là que vous découvrirez les rouages du fonctionnement d’un charbonnage, les mutations technologiques, les dangers qui guettent le mineur, les conditions de travail des hommes, des femmes et des enfants. Bois-du-Luc est aussi le récit des travailleurs issus d’horizons proches et lointains qui se relate en ces lieux uniques. Des travailleurs belges, italiens, maghrébins, turcs, grecs, espagnols, polonais, etc., qui forment une communauté, celle des "Gueules noires".
Dans le prolongement de la fosse, les bureaux et ateliers de production complètent le charbonnage dans un modèle de gestion autosuffisant. Halte sous les portes à guillotines, redoutables donjons bâtis à la suite d’une importante grève, qui trouble, en cette fin du 19ème siècle, la "tranquille cité du Bois-du-Luc".
Ainsi, de la cité naît un village, où les ouvriers se logent (cité), se nourrissent (épicerie, boucherie), se soignent (hospice, hôpital), se délassent (salle des fêtes, kiosque, arsenal de loisirs), s’éduquent (écoles, bibliothèque) et prient (église Sainte Barbe) dans un microcosme que vous pourrez explorer encore aujourd’hui. Un site patrimonial exceptionnel, qui vous permet de palper concrètement ce que recouvre l’idée du paternalisme.
Le Grand Hornu.
Installé au cœur de la Province de Hainaut, à quelques kilomètres des villes de Mons et Valenciennes, le Grand-Hornu compte parmi les plus beaux lieux de la Révolution industrielle.
Ancien complexe minier érigé entre 1810 et 1830 par Henri De Gorge, capitaine d'industrie d'origine française, le Grand-Hornu constitue un véritable projet de ville, exemple unique d'urbanisme fonctionnel sur le continent européen au début de la Révolution industrielle.
Construit dans le goût néoclassique, il comprend les ateliers et bureaux du charbonnage, la cité ouvrière de quelque 450 maisons exceptionnellement confortables pour l'époque, dotées chacune d'un jardin privatif, et la résidence des administrateurs, appelée "Château De Gorge
. La cité ouvrière est également dotée d'une école, d'un hôpital, de places publiques, d'une bibliothèque, d'une salle de danse, ...
Pour concrétiser son rêve ambitieux, Henri De Gorge fait appel à l'architecte tournaisien Bruno Renard. Il se référera, pour la construction de l'ensemble, aux principes de l'idéal communautaire défendus par certains théoriciens et utopistes de l'époque. Devenu symbole de l’industrie du charbon dans tout le Hainaut belge et français, le Grand-Hornu fut aussi un fabuleux laboratoire technologique. Henri De Gorge utilise en effet de nouvelles techniques d’extraction et de nouvelles machines à vapeur. De plus, il innove et installe, en 1830, le premier chemin de fer hippomobile du pays pour soutenir le développement économique de l’entreprise.
Le charbonnage du Grand-Hornu continue à œuvrer pour gagner la "Bataille du Charbon" mais ralentit sa cadence dès 1951, date du Traité de la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier) qui rationalise la production des pays producteurs de charbon.
Le Grand-Hornu reste en activité jusqu'en 1954. L’exploitation industrielle s’arrête et le site est abandonné. Lorsqu’à la fin des années soixante une poignée de passionnés de patrimoine se battent pour sauver le site d’une destruction programmée, ce dernier n’est plus que l’ombre de lui-même, dévasté par le temps et le vandalisme. De plus, en 1969, il fera l'objet d'un Arrêté royal de démolition visant son arasement total.
En 1971, l’architecte Henri Guchez assure définitivement son sauvetage en le rachetant. Il démarre une première phase de rénovation et y installe ses bureaux. C’est la Province de Hainaut qui, en 1989, entame la deuxième phase des travaux de rénovation lorsqu'elle rachète le site à l’initiative de Claude Durieux, alors Député permanent.
Dès 1984, l’asbl provinciale Grand-Hornu Images y avait installé ses bureaux et poursuit depuis sa triple mission : patrimoniale, touristique et culturelle. Elle inscrit le Grand-Hornu en bonne place dans les grandes associations internationales du patrimoine et développe sur le site une programmation culturelle afin de lui insuffler une nouvelle vie et le faire redécouvrir au public sous un jour nouveau.
Les expositions présentées par l'association explorent le champs des relations entre l'art et l'industrie ; design, création industrielle et arts appliqués y tiennent une place privilégiée, très proche de l'esprit du lieu et en résonance avec l'histoire de la région.
Le 1er décembre 2014, Grand-Hornu Images est devenu le CID - Centre d'Innovation et de Design au Grand-Hornu. Il a pour ambition de promouvoir le design contemporain à travers une programmation d'expositions et d'activités de médiation mettant en valeur l'innovation, la recherche expérimentale, l’émergence de nouveaux thèmes et horizons de recherches dans les secteurs du design, de l'architecture et des arts appliqués.
Par ailleurs, au début des années 90, la Communauté française décide d’installer son futur Musée des Arts Contemporains à Hornu et scelle ainsi la fin de la rénovation du Grand-Hornu. En 2002, le Musée des Arts Contemporains MAC's ouvre ses portes et donne à voir au public le plus large, l'état de la création contemporaine internationale sous tous ses aspects.
Après avoir été un des fleurons de l’industrie belge, le site du Grand-Hornu est aujourd’hui l’un des premiers lieux culturels de Belgique consacrés à la création actuelle. Il connaît une nouvelle vie et accueille chaque année un large public international.
Centre historique et minier de Lewarde sur le site du charbonnage Delloye.
Musée historique et minier de Lewarde, ancienne fosse Delloye.
La Fosse Delloye ferme en 1971 et c’est en 1982 qu’est créée l’Association du Centre Historique Minier, avec la participation de l’État (Ministère de la Culture), du Conseil Régional du Nord-Pas de Calais, du Conseil Général du Nord et des Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais, pour une ouverture au public en mai 1984. En 2016, le Centre Historique Minier change de statut pour devenir un Établissement Public de Coopération Culturelle, dont les membres fondateurs sont l’État, le Conseil Régional Nord-Pas de Calais, la Communauté d’Agglomération du Douaisis et la Communauté de Communes Cœur d’Ostrevent.
Le domaine conserve les archives des compagnies minières et des Houillères du Bassin Minier du Nord-Pas de Calais .
Avec "À l’origine du charbon, le Carbonifère", le visiteur voyage dans les temps géologiques et appréhende le processus de formation du charbon.
270 ans d’extraction du charbon dans le Nord-Pas de Calais ont entraîné une évolution considérable du paysage industriel et des techniques d’exploitation : c’est ce que retrace l’exposition "Les trois âges de la mine", notamment grâce à ses maquettes de sites miniers. Puis, c’est le quotidien du mineur et de sa famille qui est expliqué grâce à "La vie dans la cité minière".
Enfin, d’autres expositions scientifiques et historiques complètent cette découverte du monde de la mine : "Energies : hier, aujourd’hui, et demain ?", "L’odyssée de la vie sur Terre", "Le cheval et la mine", "l'Histoire de la fosse Delloye".Cette statue a été créée par le sculpteur Janthial sur commande des Charbonnages de France, pour orner l'entrée de l'exposition de l'industrie minérale Française au palais du Trocadéro en 1955.
Elle mesure plus de trois mètres de hauteur et ne passe pas inaperçue dans la galerie des expositions permanentes du Centre Historique Minier de Lewarde, où ce plâtre datant de 1955 est répertorié à l'inventaire du musée sous le N° 73.166.Buste de Jules Marmottan, président de la Compagnie des Mines de Bruay.
Bronze, auteur: A. Becourt, 1895.
Centre Historique Minier de Lewarde.Buste de François Eugène Soyez, directeur fondateur de la Compagnie des Mines de l'Escarpelle.
Bronze, auteur: M. Douay.
Seconde moitié du XIX ème siècle.
Centre Historique Minier de Lewarde.Cette cloche, baptisée Eléonore fut installée en 1789 dans le clocher de l'église d'Anzin, construite par la Compagnie des Mines.
Sa marraine était l'épouse du directeur de la Compagnie.
A la fin de la Première Guerre Mondiale, des tirs l'ont endommagée.
Elle trône désormais au Centre Historique Minier de Lewarde.
Mémorial de la fosse n°6 d'Haillicourt.
Le mémorial de la fosse n°6 d'Haillicourt : un marteau piqueur pneumatique ancré dans une gaillette de plus de 200 kilos sur un pilier en briques.
Mémorial du mineur à Vendin le Vieil.
Mémorial du mineur, à Vendin le Vieil, près de Lens, dans la cité minière qui a connu une activité houillère intense. L'artiste a su parfaitement mettre en évidence la statue en bronze de l'ancien mineur arborant, une lampe à flamme, en incrustant cette dernière aux couleurs sombres dans une roche blanche, couleur anachronique du minerai qu'elle est sensée représenter.
Fait surprenant à travers cette œuvre artistique, le mineur parait surgir de cette roche qui semble l'avoir absorbé..... Toute une symbolique .....
Mémorial du charbonnage du Roton à Farciennes.
Statue du mineur à la mine du Roton au Campinaire à Farciennes.
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