Le Carbonifère : Le peuple de la mine (2)
La mine et ses installations de surface : la partie visible de l'iceberg car en dessous ce n'est qu'un dédale de galeries.
Dessin L.V.B.Le charbon dans sa réalité matérielle, objet de toutes les convoitises des 18ème, 19ème et 20ème siècle...
Tant de sueur, de larmes et de sang pour ces quelques cailloux noirs...
Entrée
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Recherches annexes
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Le Carbonifère |
1. Le Carbonifère 1.1. Etymologie et définition 1.2. Caractéristiques du Carbonifère 2. Les paysages du Carbonifère 2.1. Orogénie 3. La Belgique productrice de minerais |
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Le Carbonifère inférieur : Viséen - Tournaisien |
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Le Carbonifère supérieur : Westphalien - Stéphanien |
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L'exploitation minière du Charbon (1)
6. L'exploitation du charbon |
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L'exploitation minière du charbon (2)
7. L'exploitation du charbon L'exploitation minière du charbon (3)
8. Quelques thèmes pour continuer le tableau L'exploitation minière du charbon (4)
9. Les systèmes d'éclairage L'exploitation minière du charbon (5)
10. Les accidents miniers Le Peuple de la Mine (1)
11. Il était une fois le peuple de la mine
12. Quelques semaines, en compagnie d'un mineur
et de sa famille
12.1. Au petit matin
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11. Il était une fois le peuple de la mine
11.1. Introduction
11.2. La découverte du charbon
11.3. Petite histoire de l'exploitation du charbon11.3.2. La houille et la révolution industrielle
11.3.3. Les nouveaux riches
11.3.4. Les nouveaux riches et le pouvoir
11.3.5. La classe ouvrière
11.3.6. La classe ouvrière s'organise11.3.7. Zola et Germinal
11.3.8. Les thèmes de Zola11.3.9. Le Paternalisme
11.3.10. La Déclaration de Quaregnon
11.3.11. Le Syndicalisme11.3.12. Les conflits sociaux de 1886 en Wallonie
11.3.13. Nouvelles lois suite aux grèves11.3.14. La grève de 1906
11.3.15. Les premiers immigrés
11.3.16. Les grèves de 1913
11.3.17. La Première Guerre Mondiale11.3.20. La Deuxième Guerre Mondiale
11.3.21. L'Après Guerre
11.3.22. Les années '50 et suivantes : Le DéclinIntroduction
Les Chorales, Harmonies et Fanfares
Les Géants
Le Jardinage
La Colombophilie
Le Javelot
Le SportLe Football
Le Cyclisme
Le Tir à l'Arc et les Jeux d'IndiensLes Combats de Coqs et les Coqueleux
Les Guinguettes
Les Bouloirs
Les Kermesses, Ducasses, Braderies et autres Fêtes PopulairesL’entrée d’un train dans la gare de la Sciotta est une des premières images filmées du cinéma. Si les frères Lumière qui inventent le cinématographe en cette fin de XIXème siècle ont choisi de filmer un train à vapeur, c’est parce que c’est le symbole le plus bouleversant d’une Europe bouleversée par la Révolution Industrielle. Un basculement violent, définitif, d’une société à 80% rurale, vers une société de la machine et de la vapeur.
La vapeur, c’est ce dont avaient besoin les trains et les navires pour accélérer le temps et effacer les distances. La vapeur, c’est la révolution technique qu’attendait l’industrie pour se transformer et se développer.
Au milieu du 19ème siècle, la Belgique était la deuxième puissance industrielle mondiale. L'industrie charbonnière y occupait une grande place. La Belgique produisait plus de charbon que la France. La province du Hainaut, grâce à ses trois bassins, produisait plus des 3/4 du charbon extrait en Belgique. La province comptait 243 puits d’extraction en 1860 ! Le Borinage était, à cette époque, le plus grand bassin houiller en Europe et le bassin carolo était considéré comme le bassin le plus performant au monde en matière de métallurgie. Le Hainaut bénéficia, tout au long de son exploitation charbonnière, d'un important trafic à l'exportation. Cette prospérité ne se fit pas sans d'importants sacrifices humains. Les richesses engendrées par l’exploitation minière ne profitaient bien sûr pas à la population qui vivait dans la précarité et dans des conditions sanitaires déplorables.
Mais pour produire autant de vapeur, il faut de l’énergie. Cette énergie, c’est la houille, ce charbon de terre qui vient remplacer le charbon de bois traditionnel devenu insuffisant pour accompagner la mutation en cours. L’Europe doit impérativement trouver du charbon de terre dans son sous sol pour produire les millions de tonnes de houilles dont l’industrie a besoin chaque année.
Une chose est certaine, la Révolution française a décapité au sens propre et figuré la noblesse de sang. Les grands propriétaires terriens issus de la féodalité ont été soit massacrés, soit spoliés de toutes leurs possessions. Le peuple se croit libre de toute "corvée", de toute "obligation" envers cette noblesse qu'il a fini par haïr. Cependant, il ignore que dans l'ombre, une autre forme d'esclavage l'attend.
"Hommage au Père"
Sculpture en béton polychrome de Valéry Van Impe (mon oncle)
en hommage à son père (mon grand père) qui passa toute sa vie au fond du trou, comme ils disent.
Photo L.V.B.Valéry au travail
Photo Christian GunsValéry et ses œuvres
Photo Christian GunsA cette époque deux groupes de travailleurs existent : les paysans de la campagne qui cultivent la terre et les ouvriers de la ville qui travaillent dans les manufactures. En effet, les bourgeois, qui ont acquis leur richesse de par leur activité commerciale s'intéressent de près aux progrès de la technique : la machine à vapeur et l'électricité vont révolutionner leurs petites manufactures et les transformer en industries. Le machinisme s'installe aux côtés des ouvriers. Si les "seigneurs" et "nobles" d'avant la révolution française géraient leur patrimoine "en bon père de famille" et que, bien souvent, en province, les rapports entre le tiers-état et la noblesse se passaient assez bien, ici, nous sommes maintenant en face d'un chef d'entreprise qui ne possède pas de fortune héréditaire mais pour qui seul le profit compte car s'il s'enrichit c'est grâce à son entreprise. S'enrichir est son seul et unique but.
Cette révolution du charbon est financée par les capitaux de la bourgeoisie des villes qui investissent massivement dans les mines du Tarn, de Decazeville dans l’Aveyron, de Saint-Etienne dans la Loire, dans les Bouches du Rhône et dans le Gard, mais c’est surtout l’industrie textile et sidérurgique du nord de la France et de Belgique qui va investir un maximum dans les mines du département du Nord, de la région de Mons, Charleroi et Liège.
Des dizaines de milliers de paysans quittent l’exploitation des champs et rejoignent les mines de charbon. Les fosses qui se creusent sur tout le territoire font naître une classe ouvrière qui s’apprête à transformer la vie économique et sociale de l’Europe.
Je n'ai pas envie de faire ici de la politique mais il y a des faits qui ne trompent pas. Si la noblesse héréditaire qui fut éliminée et même décapitée par la révolution populaire faisait partie, avec la royauté, des pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires ("L'Etat c'est Moi!" disait Louis XIV), on peut dire que les nouveaux riches apportent une autre dimension à la politique.
Le pouvoir de l'argent qui agit comme un lobby auprès des politiques de quelque bord qu'ils soient. Socialistes, libéraux, humanistes, populistes, communistes, républicains, travaillistes, conservateurs, écologistes... utilisent maintenant les mêmes dialectiques, les mêmes trucs, et ce sont toujours sur les mêmes ficelles qu'ils tirent.
Le bonheur du peuple, le sacrifice qui grandit l'âme, les lendemains qui chantent, toujours la même rhétorique pour nous endormir... Rappelons-nous après la "guerre du charbon", les paroles de Maurice Thorez, le leader communiste, qui déclarait triomphalement aux ouvriers : " Les houillères, c’est à vous, c’est au pays, à nous. C’est nous, les houillères ! " Caresser la bête dans le sens du poil, lui faire entendre ce qu'il a envie d'entendre, titiller ses bas instincts, jalousie, envie, méchanceté, proposer des solutions simplistes à des problèmes complexes, ("Les étrangers prennent le travail des belges. Chassez les étrangers de chez nous et vous aurez du travail !"), et surtout, ne pas lui dire la vérité surtout si elle est douloureuse, et qu'elle ne fait pas plaisir, ça c'est du populisme, le PP de Mischaël Modrikamen, le FN de Marine Le Pen et le PTB de Raoul Hedebauw en sont le parfait exemple. Au contraire de gens honnêtes, mais les gens honnêtes n'ont pas de succès, hélas, car les électeurs ne veulent pas qu'on les confronte avec la réalité...
La société, l'opinion publique est en permanence manipulée par cette nouvelle élite dirigeante que Jean Ziegler appelle "Les Maîtres du Monde", auxquels les politiques obéissent, et qui ordonnent aux médias de créer un écran de fumée afin de cacher leurs agissements.
Il y a eu la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre Mondiale, des guerres ouvertes. Mais depuis l’avènement du capitalisme, une nouvelle guerre mondiale a commencé. C'est une guerre sociale, une guerre qui se caractérise par l'instauration d'un nouvel esclavage appelé "libéralisme", et simultanément, par l'accroissement de la répression contre le citoyen ordinaire afin d'obtenir sa soumission.
Mais qui sont ces gens avides de pouvoir et quel est leur but final ?
Ces gens ont en commun des valeurs et des principes fondamentaux qui forment le ciment de leur unité et leur dénominateur commun. L'adhésion à ces principes est obligatoire pour être admis dans le cercle fermé des nouveaux décideurs. Ces principes étaient ceux des Nazis comme ils sont ceux de leurs héritiers : les idéologues du nouvel ordre mondial.
Leur but : Programmer à courte ou moyenne échéance la fin de la démocratie et le remplacer par le pouvoir de l’argent. Malheureusement, on ne peut pas dire ouvertement qu’on va supprimer la démocratie, cela provoquerait une révolution populaire. C'est pourquoi les citoyens continuent à voter, mais à bien y regarder, leur vote a été vidé de tout contenu. Ils votent pour des responsables qui malgré leur score se retrouvent dans l’opposition suite aux tractations de dessous la table et suite aux coalitions. Les élus promettent des choses et arrivés au pouvoir, font totalement l’inverse. Ils mentent effrontément et sans vergogne face caméra arborant un large sourire, trahissent leur parole sans sourciller le moins du monde ("Je ne m’allierai JAMAIS avec la NVA des Nationalistes Flamands, a dit Charles Michel du MR" et au lendemain des élections, c’est avec ce parti qu’il a formé une coalition et tente de se dédouaner en affirmant que "lui, au moins, il a pris ses responsabilités !").
Nous pouvons donc constater que les décideurs veulent maintenir une démocratie de façade et désirent déplacer le pouvoir réel vers de nouveaux centres. Les responsables des organisations qui exercent le pouvoir réel ne sont pas élus, et le public n'est pas informé de leurs décisions. La marge d'action des états est de plus en plus réduite par des accords économiques internationaux pour lesquels les citoyens n'ont été ni consultés, ni informés. N’a-t-on pas vu des décrets adoptés par le gouvernement avoir été rédigé dans les grandes lignes par la FEB (Fédération des Entreprises de Belgique) ? Les patrons s’en défendent mais des "brouillons" de textes de loi émanant de la FEB sont arrivés dans les mains de la presse. Et nous voyons chaque jour les droits des travailleurs rabotés inexorablement au profit du capital.
Qui sont-ils ? Les patrons. Non pas le propriétaire de la petite épicerie du coin qui emploie une serveuse et qui se bat pour dégager un petit bénéfice face à un hypermarché qui s’est installé à 500 mètres de son petit commerce de proximité.
Non, je parle des "grands patrons", des actionnaires de multinationales, hauts responsables de sociétés transnationales, opérateurs du commerce mondial, membres de Conseils d’Administration de grandes sociétés . Je parle de ces gens qui, sur leur CV, en regard du mot "Profession :", notent "Gestionnaire de SociétéS ", ces gens, comme le Vicomte Etienne Davignon, Bernard Tapie, Lakshmi Narayan Mittal, Marc Coucke et bien d'autres, qui achètent, vendent des sociétés, les démantèlent, les délocalisent, mettant des milliers de travailleurs au chômage sans que cela les perturbe le moins du monde. Ces gens croient que leur argent leur permet tout et n'importe quoi : acheter des sociétés mais aussi des villes comme Durbuy, le soutien de politiques, et des gens comme vous et moi ou même la présidence des Etats Unis. Des exemples ? la Sabena, Renault Vilvoorde, Caterpillar Gosselies, Arcelor Mittal, Donnay Couvin…
Ces gens gravitent au sein d’un marché globalisé. Ils accumulent l'argent, détruisent l'Etat, dévastent la nature, appauvrissent les êtres humains, et pourrissent par la corruption les agents dont il s'assure les services au sein des peuples qu'ils dominent.
Le bonheur, pour ces gens, réside désormais dans la solitaire jouissance d'une richesse gagnée par l'écrasement d'autrui, par la manipulation boursière, par la fusion d'entreprises toujours plus gigantesques et l'accumulation accélérée de plus-values d'origines les plus diverses. L’homme ne voit plus que le profit et la rationalité marchande lui fait perdre toute conscience. Il n’a plus qu’un but : asservir l’autre pour son profit.
Mais comment se peut-il que la multitude se laisse manipuler par une minorité ? Rappelons-nous l’Empire Romain et "du pain et des jeux"… Rien n’a vraiment changé.
Première étape : Détourner l'attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, empêcher le public de s'intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l'économie, grâce à un déluge continuel de distractions et d'informations insignifiantes.
Deuxième étape : Faire accepter une décision impopulaire en la divisant en une multitudes de mesurettes appliquées progressivement sur une longue durée. Pour aider à l’acceptation des mesurettes, il convient de les présenter comme "douloureuses mais nécessaires", en obtenant l'accord du public dans le présent pour une application dans le futur sans oublier de mettre en exergue l’idée que c’est "pour le bien de leurs enfants" et en laissant la porte ouverte à l’espoir que "tout ira mieux demain".
On a connu les années 80 sous Martens-Gol qui nous promettaient que si on laissait tomber une partie de notre index (6%) cela garantissait l'avenir de nos enfants. Ils ont sortis 200 arrêtés de pouvoirs spéciaux.
Puis, en 1993, on a eu le gouvernement Dehaene (le bulldozer) qui nous a dit que pour garantir l'avenir de nos enfants il fallait accepter le Plan Global.
Puis, en 1996 on a eu la loi sur la norme salariale et après nos enfants vivraient mieux.
Sous Verhofstadt on eu droit au même discours pour nous imposer le pacte des générations.
Si on modifie la fin de carrière pour les anciens, les jeunes auront un avenir meilleur.
On a eu Di Rupo (un homme de gauche !) qui nous dit : "Il faut être responsables ! Si on veut garantir l'avenir de nos enfants il faut que les vieux travaillent plus longtemps."
Aujourd’hui en 2017, Charles Michel avec Maggie Deblock et Daniel Bacquelaine nous disent que grâce aux progrès de la médecine on vit plus vieux et donc qu’il faut accepter de travailler plus longtemps pour financer les pensions.Troisième étape : Les populistes l’ont bien compris. Il faut poser des problèmes et apporter la solution la plus simpliste possible même si elle est totalement irréaliste et absurde, comme si public était un enfant en bas-âge ou un handicapé mental. Cette solution visera l’émotionnel et non le rationnel tout en exacerbant des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements... (L’exacerbation du racisme et de la xénophobie, engendrer la peur et la haine, diaboliser des populations, que celles-ci soient noires, juives, homosexuelles, en sont la meilleure preuve… comme si expulser tous les étrangers, les noirs, les juifs, les homosexuels de notre pays allait régler tous nos problèmes d’emploi. Ce ne sont pas les étrangers qui prennent notre travail, ce sont les actionnaires des multinationales qui délocalisent les entreprises pour faire plus de profit en les implantant dans des pays sous-développés, pouvant ainsi rogner sur les salaires et les conditions de travail et de sécurité.)
Quatrième étape : Faire croire à l'individu qu'il est le seul responsable de son malheur, à cause de l'insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique qui le broie, l'individu s'auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif qui inhibe toute action revendicative. Au contraire : l’individu a honte de lui, honte de sa faiblesse, honte d’être malade, honte de perdre son travail, honte de sa position sociale, honte de sa famille et il tait sa souffrance car la maladie c’est l’effondrement du corps en tant que force capable de produire du travail.
- La première issue à cette anxiété est l’alcoolisme, ou la drogue, situation individuelle qui correspond à une fuite en avant vers une déchéance plus rapide et un destin mental particulièrement grave en raison de l’utilisation rapide de l’argent qui ne permet plus d’assurer une alimentation convenable.
- La deuxième issue est représentée par l’émergence d’actes de violence "antisociale", délinquance, vols… le plus souvent désespérés et individuels.
- La troisième issue c’est la folie, la dépression et la mort.Cinquième étape : Mentir pour obtenir le consentement des travailleurs pour casser des éléments du système qui sont devenus aux yeux des décideurs obsolètes. Pour toute classe dominante il est indispensable de conserver le consentement des dominés. Ainsi on se servira des mensonges de l'idéologie libérale pour transformer des entreprises publiques en entreprises privées, en prétendant que les prix des services fournis par ces entreprises vont baisser, ou que le service sera meilleur, pour faire accepter la baisse du coût de la force de travail. Cela peut aller, comme en Turquie en 2016, à laisser se développer la violence urbaine, organiser des attentats sanglants ou dans le meilleur des cas les laisser s’organiser pour les monter en épingle, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté.
Nous voyons donc que les stratégies et les techniques du "Néo Libéralisme" conduisent à la concentration du pouvoir économique et politique ainsi qu'au développement d'une société contrôlée par les Financiers et les Politiques.
La société ne permet plus à l’individus de se valoriser, de s’épanouir, de s’accomplir et de mener une vie heureuse et créatrice.
Dans cet ordre d'idées, la Belgique est, dans la première moitié du 19ème siècle, le seul pays d'Europe, avec l'Angleterre, où les mines de charbon sont vraiment développées. Malgré un morcellement du capital et un très grand nombre d'entreprises, la Belgique sera l'une des plus enclines à réguler le niveau de l'offre mondiale, pour maintenir des prix de vente permettant aux différentes exploitations de rester rentables.
Se crée alors une "Union des charbonnages" franco-belges, réunissant le Nord-Pas-de-Calais et le Hainaut, chargée d'établir un prix "au-dessous duquel les associés s'interdisaient de vendre sous peine d'une amende de cinquante centimes par hectolitre de charbon", fixée de commun accord tous les six mois. Mais "comme il arrive presque toujours lorsque les gros se mettent en société avec les petits", les premiers se sont taillé la "part du lion", observe en 1865 l'économiste Gustave Molinari.
La deuxième moitié du 19ème siècle est caractérisée par des fusions et des disparitions de mines, entraînant une augmentation de la rentabilité. Les grandes banques, en particulier la Banque de Belgique et la Banque de Bruxelles, vont ensuite s'emparer de ces mines de charbon et plus généralement des sociétés anonymes, qui formaient en 1910 à peine 1,1% du nombre total de sociétés en Belgique, mais représentaient déjà 47% des emplois.
Les houillères servent de base et de rente à la constitution d'empires bancaires, miniers ou industriels : le groupe Cockerill disposait par exemple de mines de charbon.
Jusqu'aux abords des années 1900, les conditions d’existence matérielle des ouvriers étaient épouvantables. La classe ouvrière était très atteinte par les progrès du machinisme, exploitée à l’extrême et misérable. En l’absence de toute protection sociale, ceux que l’on désignait maintenant du nom de "prolétaires" devaient baisser l’échine …
La main d’œuvre de la grande industrie comprenait des hommes, des femmes et des enfants. C'est la machine qui crée la classe ouvrière. Les ouvriers modernes sont donc des usines où, en élargissant l'expression de la classe ouvrière pour y inclure les mineurs et les ouvriers du bâtiment : les ouvriers d'usine forment le gros du prolétariat industriel, élément essentiel de la classe ouvrière. Villerue donne la description suivante : "Il faut les voir arriver chaque matin en ville, et en partir chaque soir. Il y a parmi eux une multitude de femmes pâles, maigres, marchant pieds nus dans la boue....et un nombre considérable de jeunes enfants couverts de haillons tous gras de l'huile tombée sur eux pendant qu'ils travaillaient..."
Les journées de travail étaient généralement de 12 à 14 heures, y compris pour les enfants mis au travail à partir de 7 ans pour accroître les revenus familiaux insuffisants pour survivre sans ces petits salaires d’appoint.
Les ouvriers étaient complètement à la merci de leurs employeurs qui, en raison de l’abondance de la main-d’œuvre, maintenaient les salaires à leur niveau le plus bas.
Une législation sur l’utilisation obligatoire du "livret de travail" permettait le contrôle du comportement social de la masse ouvrière car sa consultation permettait à un employeur d’identifier les individus les plus hostiles au système.
Le patron indiquait dans ce livret :
- Les dates d’entrée et de sortie;
- Le motif du départ;
- La charge de travail que l'ouvrier est capable de supporter;
- Les appréciations portées sur le comportement social de l’ouvrier;
- Les jours d'absences au travail de l'ouvrier et le motif de ces absences;
- L'assiduité de l'ouvrier à assister à l'office religieux du dimanche;
- L'orientation politique de l'ouvrier;
- Ce livret contenait aussi le "carnet de paye" indiquant le statut de l'ouvrier et les salaires qui lui ont été versés
Carnet de paye de l'ouvrier de surface n°268 du Charbonnage du Nord de Gilly à Fleurus.
Carte d'identité de mineur délivrée par la Préfecture du Nord... mais liant son titulaire avec un métier, une entreprise et une adresse... Compliqué de changer de logement, de métier ou même d'employeur. Si ce n'est pas une forme d'esclavage, on n'en est pas loin.
Carte d'identité d'un mineur d'origine étrangère.
Non, ce ne sont pas des repris de justice... seulement des travailleurs, hommes, garçons et fillettes embauchés. La photographie d'embauche dans les compagnies minières de notre région, était de rigueur pour les hommes, les femmes et les enfants. Ces derniers ne pouvaient travailler que sur les installations du carreau du jour, au triage, à la lampisterie... Par souci d'économies perpétuelles, les compagnies prenaient des photos de groupes des nouveaux embauchés. Ils arboraient une ardoise sur laquelle figuraient, leur nom, la date de recrutement et le siège ou la fosse où ils étaient affectés. On peut distinguer sur les ardoises, que chacun des figurants ne travailleront pas dans la même fosse. 5 ouvriers rejoindront la fosse N°3 de Bruay, 1 la fosse N°5 de Divion, 2 la fosse N° 6 d' Haillicourt et la petite Annie, avec son manteau à col de fourrure, sera affectée vraisemblablement en tant que trieuse, à la fosse N° 7 d'Houdain.
Ces photos étaient répertoriées, classées et archivées dans les registres de gestion du personnel des Grands Bureaux des compagnies minières gérantes, ici celle de Bruay en Artois.
Cette photo a été saisie en mars 1930 dans les mines de Bruay en Artois.Si l’employeur refusait de signer le livret de l’ouvrier désireux de le quitter, cet ouvrier n’avait plus aucune chance de se faire embaucher et devenait un vagabond et si l'employeur acceptait de voir partir son ouvrier, ce carnet devait être donné au nouvel employeur qui, d'un coup d'œil, voyait à qui il avait affaire.
Les revenus insuffisants du travail se reflétaient dans la qualité de la vie familiale :
L’alimentation était essentiellement constituée de pain noir et de pommes de terre. L’ouvrier ne pouvait jamais se permettre d’agrémenter son repas de viande, de fruits, de fromage ou de légumes. Le sucre constituait une friandise tout à fait exceptionnelle pour les enfants. En guise de boisson, on ne trouvait sur la table que de l’eau ou du café très léger.
Un tel régime alimentaire, insuffisant à la fois par la quantité et par la qualité des aliments qui le composaient, ne permettait pas de compenser les pertes d’énergie provoquées par un travail long et pénible. L’ouvrier malade ne pouvait que très difficilement retrouver des forces.
L’habillement se limitait strictement à l’indispensable. Il semblerait même qu’il n’existait aucune variété entre vêtements de jour et de nuit. Et le dimanche, on portait ce qu’on avait porté en semaine.
Le logement était très exigu. Bien souvent, des familles de plus de 5 personnes ne disposaient que d’une seule chambre mal éclairée et mal aérée.
Les milieux bourgeois ne restaient pas indifférents à cet état de choses, mais ils n’y voyaient d’autre remède que la vie à bon marché et la pratique de la charité.
La condition ouvrière n’avait cependant pas laissé le gouvernement complètement indifférent : Une enquête réalisée en 1842-1843 attira l’attention des dirigeants sur la nécessité de réglementer le travail des femmes et des enfants. Elle n’eut pas le succès escompté !
Il fallut attendre 1846 et le premier Congrès libéral pour qu’une "réforme en faveur des classes ouvrières et indigentes" soit envisagée. En 1851, une loi sur les sociétés mutualistes fut votée mais la réglementation du travail ainsi que la réglementation instaurant les rapports entre patrons et ouvriers rencontra systématiquement l’opposition des milieux industriels et politiques fermement attachés au principe de non-ingérence en ces matières. Ce ne sera qu’en 1866 que l’on supprima l’interdiction des rassemblements ouvriers.
C'est dans ces conditions que Zola visita les mines du Nord de la France en vue d'écrire son roman "Germinal".
Au 19ème siècle, avec l'avènement du socialisme, des idées sociales nouvelles se répandent, elles ne restent pas théoriques mais des ouvriers les concrétisent par des réalisations diverses, au grand dam du patronat.
1-Les mutuelles pour s'entraider
Pour survivre, dès le début du 19ème siècle, les ouvriers ont l'idée de s'entraider. Ils fondent dans ce but les premières mutuelles. Pour en être membre, il faut payer un droit d'entrée puis une cotisation mensuelle. Cette mise en commun d'une partie de leurs ressources permet de constituer un fond de réserve qui peut être utilisé pour secourir l'un d'eux, malade, accidenté ou au chômage.
L'État les tolère mais il les surveille. Elles peuvent devenir des "sociétés de résistances". L'argent qu'elles possèdent peut servir à aider des travailleurs en grève. Elles ont aussi parfois comme but déclaré d'améliorer les conditions de vie de leurs membres en essayant d'obtenir des salaires plus élevés et de meilleures conditions de travail.
Pourtant, la plupart du temps, les mutuelles pratiquent seulement l'entraide. D'ailleurs le gouvernement y veille. En tant que représentant de l'Etat, le maire ou le commissaire de Police peut assister de droit aux réunions qu'elles organisent entre leurs membres.
Ces mutuelles amorcent quand même un premier éveil du mouvement ouvrier.2-Les coopératives pour mieux acheter ou produire
Les premiers, les Anglais, ont l'idée d'ouvrir des magasins contrôlés par des ouvriers. Ce sont les premières coopératives. Elles apparaissent dès 1815. Une autre forme de coopération se développe à partir de 1848 : il s'agit des coopératives de production. Certaines idées hautement subversives pour le patronat naissent. On peut lire dans le journal "L'atelier", dans son numéro du 12 mars 1848 : "Il faut que dans un proche avenir disparaisse la catégorie des maîtres et celle des ouvriers et qu'on ne voie plus partout que des travailleurs associés".
En France, le mouvement coopératif reste marginal. Pourtant, en cas de grave conflit avec leur employeur, les ouvriers ont parfois recours à la création de coopératives de production.3-Les syndicats pour unir les ouvriers
Au départ, la classe ouvrière est formée surtout d'individus déracinés, illettrés, sans tradition de luttes, habitués à subir les évènements avec résignation. Ce sont donc surtout les artisans et les compagnons qui constituent l'avant garde et jettent les bases du mouvement ouvrier.
En France, la suppression du délit de coalition et la reconnaissance du droit de grève n'ont lieu qu'en 1864.
En 1879, au congrès de Marseille, le mouvement ouvrier définit son idéologie. Des syndicats se constituent alors petit à petit. Le premier est celui des chapeliers en 1871. Ce sont ensuite celui du livre en 1881 et celui des mineurs en 1883.
En 1884, l'existence légale des syndicats est reconnue.4-Les Bourses du travail pour donner du boulot au plus grand nombre
En 1887, la première Bourse du Travail est créée à Paris. D'autres suivent bientôt. Dans leurs locaux, souvent fournis par les municipalités favorables, les ouvriers peuvent se rencontrer et s'entraider. En 1892, les Bourses du Travail se fédèrent. L'influence anarchiste y est grande. La grève générale est proposée comme arme de destruction du capitalisme. Cette idée progresse et gagne peu à peu les syndicats qui en adoptent le principe au congrès de Nantes en 1894. En 1895, la Fédération des Bourses du Travail et celle des syndicats organisent un congrès commun à Limoges. Elles décident de se fondre en une seule organisation, la Confédération Générale du Travail (C.G.T). Par la charte d'Amiens, en 1906, celle-ci se définit un double objectif : améliorer les conditions de vie des travailleurs dans l'immédiat et préparer leur émancipation intégrale par l'avènement d'un monde plus juste.
Suivez la suite de l'histoire du Peuple de la mine sur :
Carbonifère : Le peuple de la mine (3)
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